vendredi, juillet 08, 2005

Une quantité néglieable

J’ai fait une rencontre étrange hier soir.

J’ai un nouveau voisin depuis le début juillet. Il s’appelle Jason. J’étais tranquillement assise à regarder passer le temps tout en fumant une cigarette lorsqu’il est passé à travers sa cuisine. Faisant deux pas de côté, il s’est retrouvé sur sa galerie pour les présentations officielles de bon voisinage.

C’est un Anglais. Un vrai Anglais. D’Angleterre, de Londres même (qui soit dit en passant, se foutait éperdument de ce qui était arrivé dans sa ville natale). Il ne parle pas un traître mot de français. Avec son thé et son accent, il y avait quelque chose de charmant dans cette constatation. Mais le charme s’est arrêté lorsqu’il m’a expliqué qu’il s’est retrouvé ébahi en arrivant à l’aéroport et de voir que tout était en français, parce qu’il n’avait aucune idée qu’il y avait des francophones au Canada.

Je lui ai suggéré de ne pas répéter cela souvent. Et aussi d’apprendre à parler minimalement le français, que savoir dire des mots simples et usuels comme svp et merci ne lui nuirait pas. Et je lui ai expliqué la situation des francophones ici. Raconté l’histoire de la présence anglaise ici ; la Conquête, les Patriotes, Durham, la Constitution, Laurier, Duplessis, Octobre 1970, les deux référendums. Il me regardait complètement fasciné en hochant la tête. Il ne savait pas.

Je pourrais en conclure : ah ces Anglais! Mais ce ne serait pas juste. L’automne dernier, quand je guidais des Français en vacances ici, il y avait toujours une personne pour me demander : «Comment se fait-il que des gens parlent français au Québec?» Oui, oui.

On apprend notre histoire, celle de nos ancêtres. L’histoire de la France et celle de l’Angleterre sont intimement liées à la nôtre, nous en connaissons au moins les grandes lignes. Pour eux, nous ne sommes qu’une série de dates dans un cours plate.

Si nous partagions la même Récrée, elles et nous, nous serions les ti-culs qui entrent dans la grande cours en regardant admirativement ses aînées sur le point de la quitter; une quantité négligeable au fond.

3 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Mouais, au fond, qui de nous, Québécois, connaissons l'histoire de ces Amérindiens à qui notre histoire est pourtant TRÈS liée (probablement plus qu'avec celle, même des Anglais et des Français)!

Peut-on, alors, leur reprocher d'ignorer notre histoire alors qu'on fait la même chose avec les amérindiens?

11:01 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Mmmm je suis française et je sais qu'au Québec on parle français, hein ! Faut pas généraliser :)

8:30 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Attention Solveig, j'ai pas dit que les Français ne savent pas qu'on parle français ici, mais bien que certain d'entre eux ne savent pas comment cela se fait... Totalment différent!!!

10:54 a.m.  

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