Coupe-gorge intimes
Ils me font miroiter la lune, ils me promettent tous les bonheurs du monde pour que je m’approche assez afin qu’ils puissent m’enchaîner après le calorifère. Ils me disent : «je t’aime» pour en faire une prison. Ils me demandent un amour que je ne pourrai jamais offrir, jamais réaliser. Ils me demandent de faire d’eux le centre de l’univers, de mon univers.
Je me sens vile parce que je n’y arrive pas.
Ils m’écrivent des courriels que je ne lis même pas. J’ai des coups au cœur, une peur au ventre, une nausée de l’esprit. Une grosse panique qui remonte à la vitesse des restes d’ouragans qui frappent le Québec. Je ne suis pas capable. Trop de pression. Rien que de lire le message. J’ai le sentiment de revenir en arrière dans les pays des zombies que je croyais avoir quitté.
Je me réveille au cœur de la nuit, marrie d’avoir failli, de ne pas avoir lu.
Je les quitte. Toujours. Ils ne me laissent pas partir. Ils ont mon adresse intime. Je les quittent : ils ne me quittent pas. Je sens dans mon cou leur haleine avide. Ils écoutent mes mots sans comprendre mes maux, sans comprendre ce que je dis. Ils m’épient. Terrés dans l’obscurité de la lumière d’automne. Ils sont toujours autour de moi. Quoique je fasse, où que j’aille.
Je sens leurs lèvres sur ma peau, comme des brûlures permanentes qui me souillent toute entière. J’essaie d’en nettoyer les impuretés alors qu’ils passent leur langue sur le dos de mes mains pour me montrer que je leur appartiens. Ils m’invitent à passer la journée en leur compagnie, me promettant qu’on ne parlera pas de mon départ imminent. Cependant, je sais que j’aurai à faire face à un regard lourd de reproches. Ils me demandent une dernière fois qui n’est jamais la dernière.
Ils me disent : « Je ferais tout pour toi » tout en appuyant sur ma gorge jusqu’à ce que j’en perde le souffle. Ils sont les gardiens de mes peurs, mes manipulateurs.
Je voudrais simplement un cœur, pour un peu respirer.
J'tai deja dit que j'adore ton écriture?! ;)
Encore une maîtrise parfaite...
Tu as un coeur, vas-y, respire...
Beau texte, plein de vérité.. :)
Myrrha