Un trottoir qui te remonte dans la face
Il y a quelques mois, tu t’en foutais complètement. Rien n’avait d’importance, si ce n’est l’immédiat. Et cette impression, fausse évidemment, de pouvoir, de supériorité. Tu les laissais s’asseoir à tes côtés, te dire qu’ils te trouvaient jolie, charmante, intéressante ou attirante. Et tu souriais.
Sûre de toi, prédateur jusqu’au bout des doigts, tu demandais : « T’as envie de passer la nuit avec moi? » Eux te regardaient, sidérés, balbutiant un semblant de réponse, trop soufflés pour que ce soit clair. Et t’en rajoutais : « Non mais, regardes; on peut se le dire tout de suite, régler la question maintenant et après parler d’autre chose. Parce que je ne suis pas rendue à partir immédiatement. »
Puis t’es rentrée de plein fouet dans un mur de tendresse. T’as perdu un max d’indifférence parce que tu t’es souvenue que t’étais pas au-dessus des autres. De toute manière, t’avais le cœur écrabouillé dans cette histoire qui n’allait nulle part, mais que tu choisissais de vivre pour enfin additionner les baisers et la tendresse. T’avais triché, tu t’étais présentée en femme-requin, mais t’as livré la femme-tendresse. Alors il a pleuré quand il a vu que tu t’étais blessée. T’as tout arrêté.
Ça fait une dizaine de semaines que tu te tiens tranquille, que t’as plus envie et que tu sais plus comment « pêcher » les mecs. Eux se souviennent de toi. Ils viennent te voir et t’invitent à leur table, te disent : « Ah! Ça fait longtemps. Je suis content de te voir, Mathilde. » Et toi tu te rappelles des détails stupides : celui-ci avait perdu ses lunettes, celui-là n’aimait pas les chats; lui ronflait bruyamment; l’autre avait cette tache de vin. T’as oublié un détail cependant : leur nom.
Y’a une main qui te tape sur l’épaule. Il te demande de te joindre à son groupe. Et tu te rappelles qu’il t’avait dit que cette tache de vin le complexait et que t’avais répondu que tu le trouvais beau pareil. T’es pas allée le voir. Il t’a attendue, espérée toute la soirée. Il te regardait de loin, tout le temps Tu le percevais et tu te sentais mal. T’as pas su lui dire : « Je suis désolée. » Parce que qu’il y a un trottoir qui t’a remonté dans la face quand t’as compris que de lui annoncer que tu le trouvais beau, pour lui, ça voulait tout dire.
J'ai vu le regard en question. Je ne t'ai rien dit parce que je savais que tu l'avais déjà remarqué...
Ce que je préfère de ce texte, c'est: «Parce que qu’il y a un trottoir qui t’a remonté dans la face quand t’as compris que de lui annoncer que tu le trouvais beau, pour lui, ça voulait tout dire.»
Ça met peut-être un «spotlight» à savoir pourquoi certaines personnes s'accrochent après un one night stand. Se faire dire les mots qu'on a besoin d'entendre depuis des années, ça change tout... quant à savoir s'ils sont sincères, c'est une autre histoire.
Paroles d'une fille qui a cru à beaucoup de mots qui sont disparus avec le lever du soleil.
Beau texte, vraiment!!
La Souris
La Souris : ...
L'HDM : «... l'honnêteté nous oblige à être malhonnête». C'est exactement cela. Partout dans tout.
Et puis l'honnêteté d'un moment peut être un mensonge la fois suivante.
C'est tout simplement dégoutant.
Y a tellement de "choses" dans ce texte. Des "choses" dites. Des "choses" pas dites.
T'as encore réussi à me donner les frissons toi!
Encore une fois, quelle sensibilité et quelle profondeur!
Je pense que Marco a un problème avec les femmes libérées...
Non la souris, les femmes seulement.
Avoir des problèmes avec les femmes, c'est avoir un problème avec la femme en nous.