Laissés pressés
Ils arrivent préoccupés, pressés, sur le qui-vive. Ils sont bien mis, parlent fort et gesticulent beaucoup. Ils viennent voir des gens, dans l’atmosphère embuée du bar, mais ne sont jamais vraiment là. Ils sont en attente, en expectative. Ils sursautent au moindre son aigu. Ils sont à peine arrivés qu’ils se lèvent, portent leur main à l’oreille et se mettent à parler encore plus fort, au téléphone.
Pour se faire entendre, ils écrasent toute forme de conversation à leurs côtés. Ils mettent le cap vers la sortie ou les toilettes et continuent leur conversation. Dans les toilettes des filles, les cabines sont souvent occupées par ces demoiselles en grande discussion avec leur cellulaire. Et les autres attendent, faute de mieux que les cabines se libèrent, ce qui peut parfois être très long. Et je les entends dire : « Attends, je vais sortir, là il y a du monde qui joue avec la chasse d’eau ». À chaque fois j’ai le goût de leur demander : « C’est quoi? Tu voudrais que je te laisse une cuvette avec un tampon plein de sang pour que tu puisses terminer ta conversation? »
Qu’ils soient hommes ou femmes, ils retournent dans le bar, vissés à leur téléphone. Ignorant la conversation qui se tient sous leurs yeux comme si ce qui se passait au bout du fil était hautement plus important. Ça me sidère. J’ai eu un téléavertisseur pendant un certain temps, implication oblige, et j’avais l’impression d’avoir une laisse. Quand je ne suis pas chez moi, je n’y suis pas. Quand je décide de ne pas répondre au téléphone, je ne réponds pas. Et quand je suis dans un bar avec des copains, je suis dans un bar avec des copains. Je ne suis pas au téléphone avec quelqu’un d’autre. Je profite de l’intimité du moment pour sonder le fond de leurs yeux et écouter les textures de leurs silences. Il paraît que je suis assez douée là-dedans.
Au fond, j’ai peut-être rien compris. Peut-être que c’est comme pour le permis de conduire : ça ne me manque pas parce que je ne l’ai jamais eu. Je préfère encore m’en tenir loin pour profiter pleinement des instants que je vis. Au présent s’il vous plaît.
Un fois, j'étais à un feu rouge, dans ma voiture, l'été, la fenêtre ouverte. Un gars à côté de moi, dans sa propre voiture, parlait au téléphone. Pris d'un élan de folie, mais tout de même après avoir constaté qu'il était moins gros que moi, je lui ai envoyé quelque chose du genre: "C'est ça, hostie de con, parle de ta petite vie sans intérêt au téléphone pis tue quelqu'un, criss de cave!"
Non, les cellulaires et les cigarettes, ça passe pas.
C,est épouventable...un cell, ça peut être pratique, mais y'en a beaucoup qui pousse ça un peu loin!
Hier soir, je tournais le coin sanguinet/maisonneuve quand SOUDAIN!!! je me fais couper par un monsieur en VÉLO qui parlait au cellulaire en même temps...
Non mais faut tu être accro?? o_o
(Ne parlez pas au cell quand vous êtes à la caisse d'un magasin. C'est pas tellement poli ¬_¬)
Excellent texte Mathilde! ^-^;;; ça fait sortir toutes mes frustrations sur les cellulaires ohohohoho!
Jay : Je crois que t'es un peu plus intransigeant que moi même avec les cellulaires. Quant à la cigarette... J'ai le défaut de fumer. Tu m'aimes-tu pareil?
Laurie : Ah oui, les cellulaires à la caisse! J'ai des images mentales qui me dressent les cheveux sur la tête! Le pire, c'est quand les gens attendent d'être devant toi pour composer un numéro et commencer leur appel. Ça pis nous faire sentir qu'on est des robots, c'est du pareil au même.
ça s'appelle le conditionnement.
Il faudra une génération pour reprendre la maitrise sur l'objet.
Mais à propos d'ambiance de café, et sans me faire de pub,je viens de publier un texte d'un autre bloggeur sympa très différent sur ce thème. Interessant à comparer.
Ahhh! Comme je te comprends aussi!! Dans mon cas, c'est le cell qui sonne pendant un cours qui me fait le plus me dresser les poils...pathétique je trouve oui. Ou sinon, au resto avec une amie, la conversation coupée à tout moment et la moitié du lunch à parler à son cell...Assez pour me faire rager!! (et ne plus avoir envie d'aller manger avec cette amie)
Des situations qui me conforte dans mon choix d'irréductible de refuser envers et contre tous cet objet de malheur! (J'exagère à peine) ;-)
Pierrot : je suis allée voir. Différent, effectivement.
Pascale : Comme je ne suis pas surprise que ça t'horripile... Il y a aussi, au cinéma, au théâtre et tout plein d'autres endroits comme cela.