samedi, octobre 29, 2005

Te bousculer

Tu m’aimes et j’ai peur. Il y a un mur de silence qui se dresse entre nous, quelque chose qui te travaille. Je ne sais pas ce que c’est, je ne veux pas te poser la question parce que si tu me disais que c’est à cause de moi, j’en perdrais le Nord. Je m’enfonce dans le plancher, je me fais discrète. Je veux tellement te plaire, je ne veux pas te brusquer. Je veux que tu me trouves parfaite, belle et parfaite. Je rentre la tête dans mes épaules comme une enfant qu’on chicane. Je souris pour deux, mais je ne demande pas. Et tu ne parles pas, bien entendu.

Il y quelque chose qui te dérange sauf que tu me dis que tout vas bien. Tu me fais l’amour, mais je sais bien que quelque chose a cassé dans le courrant. Tu es là, sans être là. Tu me regardes dans les yeux et j’ai l’impression que tu vois à travers moi. Un mica en chair et en os. Tu m’embrasses pendant que je cherche l’apaisement sur tes lèvres. L’apaisement que je ne trouve pas. Je questionne chacun de des gestes, chacun de tes mots tandis que le silence pèse et que je n’arrive pas à le crever. J’ai tellement peur que tu me dises ce que je veux à toute force éviter d’entendre. Tout ce que je veux c’est que tu m’aimes. Encore. Je me tais. Tu te tais. L’incommunication est parfaite.

Je suis capable pourtant de les poser ces questions. Je l’ai fait par le passé. Avec des amis aussi silencieux que toi. Ils ne m’ont pas laissée tomber. Au contraire, ils ne m’en ont que davantage appréciée. Ils m’ont trouvée forte, courageuse et capable d’assumer la vie. J’ai su le faire aussi avec les amants de passage. Ceux qui font vibrer mon corps en laissant mon cœur froid. Mais, c’est de la triche tout cela. Parce qu’ils ne m’aiment pas. M’enfin, pas comme tu m’aimes, toi. Ils ne me prennent pas dans leurs bras la nuit. Ils ne me murmurent pas des mots doux au creux de l’oreille pour bercer mon sommeil. Ils ne me disent pas à quel point je suis belle de la surface de leurs doigts. Et s’ils me quittent, ils ne précipiteront pas dans le vide de toi.

Tu m’aimes et j’ai peur. Il y a un mur de silence qui pousse entre nous. Je te regarde, les yeux meurtris, une petite fille engoncée dans le doute. Je n’ai pas de courage. J’essaie de lire ton silence : il y a trop d’avenues possibles pour que je sois certaine de la cause. Parmi les raisons il y a la possibilité que tu me m’aimes plus. Ou moins. J’ose pas te demander.

Pourtant, je sais au fond de moi que tu m’aimerais mieux, pas plus simplement mieux, si je te bousculais un peu.

6 Commentaires:

Blogger Jay s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ah ! cette impossibilité de se retrouver derrière les yeux de l'Autre, qui rend l'amour si incertain, la relation si instable, le désir si éphémère.
Certains diront qu'ils préfèrent bousculer, d'autres qu'il est mieux de laisser porter. Moi, je préfère rêver, naïvement, d'un amour où ni l'un ni l'autre ne sera nécessaire.

2:47 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

c'est bien écrit et ça donne a réfléchir... mais je suis plutot de l'avis de Jay.

3:34 p.m.  
Blogger Magenta s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Très touchant.. selon moi le doute est beaucoup plus douloureux que la vérité.

3:35 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Jay : Oui, bon c'est l'idéal. Mais j'ai tendance à faire exactement ce que je décris lorsque je suis amoureuse. Je sais bien que ce n'est pas sain. Mais bon...

Adrienne : merci et bienvenue sur mes chemins et dans la blogosphère.

Magenta : j'ai l'impression que nous sommes pas mal sur la même longueur d'ondes toi et moi.

4:48 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Superbe texte... encore une fois je me reconnait dans tes mots... Et oui, l'attente ou le doute est souvent pire que la vérité.
Je suis daccord avec Jay moi aussi!

8:47 a.m.  
Blogger Pitounsky s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Non seulement ta plume est prolifique dans les derniers jours, mais tes textes me touchent tous plus les uns que les autres.

Non mais vraiment... y a personne d'autres que toi pour mettre en mots ce que tant de gens ressentent au fond d'eux-mêmes.

Je ne cesserai jamais de vanter ta sensibilité et ta profondeur!

Toujours un plaisir de revenir sur ton blogue!

5:05 p.m.  

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