Trimbaleurs de charme
Elles promènent leur cul dans les rues de Montréal, le téléphone collé à l’oreille, dans des trucs trop ajustés, au bout de leurs talons aiguilles. Elles se maquillent avec art, passent des heures devant le miroir avant de quitter leur demeure pour ajuster les moindres détails de leur apparence. Elles sont jeunes et se baladent généralement par deux, parce que sortir seule, ça ne se fait pas : ce n’est pas in. Elles sont tellement collées sur ce qu’elles voient qu’elles jugent tout comportement, habillement sortant de leurs critères encore plus serrés que leurs vêtements. Elles se déhanchent langoureusement, posant attentivement leurs pieds sur le bitume, avec une lenteur étudiée, pour faire leur effet. Les regards se retournent sur leur passage tandis qu’elles notent tous les beaux qui se sont laisser prendre à leur jeu, méprisent tous les laids et ne voient pas les ordinaires. Lorsqu’une maman gênée par la poussette les accroche sur une rue encombrée d’une journée de novembre qui commence à sentir Noël, elles lui jettent un regard assassin.
Elles entrent dans un bar bondé, en conquérantes. Sûres d’elles et de leur droit à avoir une place de choix. Elles lancent leurs sacs à main à côté de moi commencent à dénouer leur foulard jusqu’à ce que je leur dise que la place est prise. C’est alors qu’elles me regardent de haut, comme si je venais de les insulter. Parce que j’ai osé leur adresser la parole, moi qui ne suis pas un modèle de mode féminine, moi qui ne réponds pas aussi bien qu’elles aux critères de beauté en vigueur. Et puis, n’étant pas aussi décoratives qu’elles, c’est moi qui devrais céder ma place au bar, n’est-ce pas? Elles partent avant la fin du spectacle. Passant entre les tables et les chaises pour se faire remarquer, ce qu’elles réussissent très bien. Lorsqu’elles franchissent la porte, toutes les femmes dans la salle poussent un soupir, muet, de soulagement.
Je déteste les belles qui se savent belles. Je suis sans doute jalouse, mal dans ma peau et encombrée de je ne sais combien d’autres complexes tout aussi ridicules. Je déteste les gens qui me regardent insolemment, comme si ma seule présence les dérangeait puisque je ne suis que moi. Je déteste ce droit qu’ils et elles s’octroient de se placer au-dessus des autres pour cause de physique parfait. Je déteste ces hommes qui viennent m’aborder en laissant entendre qu’ils me font une fleur, parce qu’ils sont si beaux. Je déteste les gens qui me disent, dans leur attitude : « tu n’es pas assez belle pour moi ».
Je préfère ceux qui trimbalent leur charme en toute innocence, et qui sourient devant la vie. Ceux-là sont mes amis.
Je lm ce texte! Et je suis completement daccord avec toi!
Malgré toute l'irritation que ces gens provoquent (avec raison d'ailleurs), j'ai tendance à croire qu'ils trimbalent leur beauté comme un boulet.
Être reconnu pour quelque chose dont on n'est pas ou peu responsable, quant à moi, est étouffant.
Böo: Héhé!
Benoît : Sans doute. Ce qui m'irrite c'est avant tout cet air de supériorité qu'ils abordent. M'enfin que certains d'entre eux abordent : tous les beaux ne sont pas caves!
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Benoît, je crois plutôt que le type de personnes dont Mathilde parle sont over-conscient de l'effet qu'ils font (ou tentent de jeter de la poudre aux yeux)...
Selon moi, les plus beaux sont ceux qui ne savent pas qu'ils sont beaux. Je pourrais nommer quelques noms, mais je m'abstiendrai! ;)
Le pire c'est que ce type de personne aura probablement toujours un public pour l'acclamer, se tasser sur le trottoir lorsqu'elle passe et céder sa place dans le line up parce que miss est pressée.
Moi quand j'en vois, je me retiens de leur faire une jambette.
J'aime bien votre colère.
Il y a celles qui savent qu'elles sont belles et en jouent et celles qui jouent à être belles, pour voir.
Wahoo! Il y a bien du monde qui commente en largeur ce texte! Youppi!
Marco : Elles ont sans doute parlé oui, sauf que je n'étais pas assez loin pour entendre et puis je ne voulais pas leur porter tant attention que cela.
La Souris : Ben c'est ça. La beauté qui s'ignore c'est totalement charmant.
Magenta : il y a des jambettes et des claques qui se perdent dans le monde...
Annie-Sandra : Ce n'est pas que je leur porte une attention si grande. Mais t'aurais dû les voir lundi soir, me regarder de haut. J'ai pris des notes dans mon cahier et je me suis dit que je pouvais blogguer cela. En général, je m'en sacre pas mal.
Cali Rise : Jouer à être belle pour voir... Sciée je suis par ce bout de phrase qui vient chercher quelque chose en moi.
Je me réconforte en me disant que ce genre de ''beauté'' est un travail à temps plein! Quel quantité de temps perdu dans la contemplation d'elles-mêmes. Et puis en plus, trop de ces belles fleurs (comme elles veulent être perçues) se faneront beaucoup trop vite. Et quand viendra le temps de ''dealer'' avec leur sagesse (ces quelques petites ridules qui nous embellissent tant, selon moi) elles seront mûres pour un voyage au pays des zombies... Quelle triste vie...
eheheh :) J'ai vraiment apprécié ce texte-là.
WOW J'ai adoré ce texte ! Je voulais ajouté autre chose mais en lisant les commentaires des autres, j'en ai oublié le mien. oups.... Je voulais seulement que tu saches que j'avais aimé au fond et que je partage ton opinion.
Moi : Alors tu préfères travailler à la librairie avec moi?
tchendoh : Bienvenue! Et merci.
Jacynthe : :)