Des hommes et moi
Il y a des mains qui traînent en toute innocence sur ma hanche et je constate que les frissons sont surprenants. Un commentaire salé qui s’échappe dans l’atmosphère intellectuelle d’une librairie, laissant monter les rougeurs sur mes joues tandis que m’efforce de garder une certaine contenance. Des yeux profonds qui m’annoncent qu’entre les autres et moi, il y a la différence qu’on recherche parfois ma présence. Pendant que je me dandine sur place sans trop savoir où me mettre. Et quand on me pose une question personnelle, je suis capable d’y lire tous les sous-entendus.
Il y a des arrêts à ma caisse précédés de salutations que je n’ai pas vues venir. Et on me regarde intensément pendant que de l’autre côté du comptoir on se paie ma gueule. Il y a des gens qui se penchent vers moi pour me laisser entendre, pas trop fort que j’ai une belle voix. Et moi je patine et j’affirme n’importe quoi pour ne pas donner l’air d’être désarçonnée, quand au fond je le suis totalement. Je sens les plaques fourmiller sous ma peau pendant que je tente, tant bien que mal de rester impassible et qu’on ajoute, l’air de me confier un grand secret : « As-tu déjà fais de la radio? Parce que tu as une très belle voix de radio. Quand je t’ai entendue faire le message hier, je me suis liquéfié sur place ».
Il y a des doigts qui accrochent mon poignet pour emprisonner mon regard dans un autre. Et me dire. Il y a des hommes qui laissent courir leur appréciation sur moi parce que j’ai la gueule que j’ai et le charme qui l’accompagne. Il y a des hommes à qui j’ai fait le coup de la femme requin et qui en redemandent pendant que je me sens coupable à souhait. Eux m’affirment en me mordant le cou que tout va bien et moi je reste coite, abasourdie par ces gestes que je ne comprends plus. Il y a des hommes que j’ai charmé sans le vouloir tout au long de l’année écoulée. J’ai cueilli chaque pétale des compliments qu’on m’offrait et je les placé bien au chaud sur mes manques de confiance.
Il y a des hommes qui me susurrent des mots doux au passage pendant que je me laisse porter par le vent.
Il y eut des hommes et il y en aura encore... que ferions-nous sans eux? ;-)
C'est une maginifique façon de conclure l'année!
alors là, oui d'accord, c'est très beau et très juste ça, et puis alex aussi c'est vrai ce que tu dis. Ce texte, j'en bercerai les dernières heures de 2005.
Merci pour tout Mathilde...
Alex : On les inventerais voyons!
Caustique lunaire : Heu... Bien merci. Mais pourquoi tu me remercies?
Utopiaque, je dois t'avouer que je triche un peu, souvent. C'est-à-dire que je fais des collages de plusieurs hommes en un seul personnage. Dans ce texte, il y a au moins trois hommes dont je peux imaginer le visage, mais des dizaines d'autres en filigrane.