Amour digital
Voici ma contribution au Coïtus impromptus de cette semaine.
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Tu m’avais demandé de ne pas te poser de question. J’avais acquiescé sans arrière-pensée. Je sentais que le silence des mots serait nécessaire pour aller chercher cette part de toi que tu étais prêt à m’offrir. Dans l’océan de ton regard, j’ai lu toutes les avenues qui s’offraient à toi. Ces immensités que tu ne pouvais affronter tout seul. Je me suis penchée sur toi, papillonnant un baiser sur ton front. Tu as laissé échappé un soupir, tellement soulagé. Comme si ce geste était une reddition muette à ta demande de compréhension. Et je t’ai dit que l’époque au cours de laquelle tout se dire est primordiale était révolue pour moi. Tu m’as demandé si je t’aimais je t’ai répondu que oui. Et c’était vrai, d’une certaine manière.
Tu m’as dit que tu ne savais plus parler de toi. Que c’était mort maintenant. Trop d’abus, de confiance bafouée. Tu m’as dit que tu ne savais même plus discerner le vrai du faux dans ces mots qui sont à la fois tes alliés et tes ennemis. J’ai pris ton visage dans ma main et caressé tes lèvres de mon pouce avant de les mordre doucement. Tu m’as demandé pourquoi j’étais si simple, pourquoi je ne criais pas, pourquoi j’étais tellement maternelle. Je t’ai répondu qu’on ne me changerait pas. Alors, tu t’es écroulé devant moi, fondant de larmes. J’ai léché tes perles jusqu’à la source caressant de ma main les trémolos de ton dos. Tu m’as dit que tu ne savais plus faire l’amour, seulement baiser, et je t’ai répondu : « Dans ce cas, baises-moi ». Tu as crié que tu ne pouvais pas. Pas à moi. Parce que j’étais moi. J’ai rétorqué que je n’avais pas besoin de te l’entendre dire pour le savoir.
J’ai ôté mon chandail pour me mettre à égalité avec ton torse nu. Tu as tendu une des doigts tremblants vers ma poitrine, ému de me voir presque entière. Tu as parcouru mes courbes avec lenteur, fermant les yeux pour mieux voir ce que tu appelais mes splendeurs. Je frissonnais. L’échine secouée par toute cette tendresse qui me disait des amours encore plus profondes que ce que tous les discours auraient pu m’inventer. Je regardais tes yeux se brouiller, quand tu les ouvrais pour une nanoseconde. Je sentais ton souffle se hachurer à chaque pression de mes doigts sur ton frêle esquif. J’entendais les battements affolés de ton cœur à chaque fois que je collais mon oreille sur ton torse, afin de me reposer entre deux assauts de câlins. Sur chaque parcelle de mon épiderme tu semais de tes phalanges, des aveux improbables, impossibles à murmurer.
J’ai regardé tes lèvres devenir rouge cerise, gonflées de désir. Portées vers moi, aimantées par ma seule présence. Tu es resté sobre toute une nuit. Dans les compliments comme dans l’alcool. Pour la première fois, tu ne t’es pas livré à une femme complètement embrumé et j’ai su reconnaître le fleur pour ce qu’elle était. Je me taisais avec toi, savourant la salinité de ta peau, le musc de ta fébrilité. Quand tu glissais tes mains sur mon corps, je me savais belle, plus belle que belle en fait. Je te sentais vrai.
Tu ne savais plus raconter l’amour, tu n’y croyais plus, tu ne te croyais plus. Dans le silence de tes pleurs, nos amours digitales m’auront convaincue que les paroles sont parfois inutiles.
Bravo, bravo, bravissimo. ( à l'italienne ) Superbe chute, surprenante et sincère.
Donkyshot : Merci! J'aime bien cultiver mes chutes.
(T'étais pas nue, hein). Encore, stp.
(mais qu'est-ce que cette demande de détails? Je préfère laisser à chaqu'un le droit d'imaginer si je l'étais et si j'étais ce je surtout). Quoi encore? Des textes qui parlent de sexe ou des textes plus simplement?
Des textes tout simplement. :)
Écran Blanc : *sourire*
(décidément il ne faut pas que je réponde quand je suis trop fatiguée parce que mon orthographe est décidément fantaisiste et que je n'ai aucun moyen de corriger).
Prend le temps qu'il faut.