Un chevalier et des dragons
C’est étrange comme il y a des gens qui comprennent ce qu’ils veulent bien comprendre. Quand on leur dit : « je n’aime pas quand tu me cries dans les oreilles parce que ça me stresse inutilement » ils vont répéter à tout venant qu’on n’aime pas leur voix. C’est un mini accroc dans la vérité qui fait toute la différence de sens. Ils se déresponsabilisent, l’air de rien. Ce faisant, toute la responsabilité incombe à la personne devant eux, du moins dans ce discours. Le problème c’est que plusieurs personnes acceptent ce discours tordu sans broncher, sans se rendre compte de ce qu’il a de néfaste. Et de prendre le discours comme si c’était en fait une vérité. Et de le projeter comme tel. Et ces gens, qui ne comprennent ce qu’ils veulent bien entendre, passent le relais de l’information avec leur perception biaisée autour d’eux, déformant ainsi l’image des personnes qui les entourent. Je n’ai plus de patience avec les enfants gâtés qui se déresponsabilisent de tout.
Les quelques fois ou je me suis tenue droite on m’a assommée. Si fort que je ne pensais jamais me relever. C’était des KO avec gants de boxe et moi je n’avais aucune protection. J’ai passé des heures à saigner dans mes larmes. J’ai regardé mes lèvres écrabouillées et mes yeux bleuis en me demandant ce qu’on pouvait faire pour soigner ces plaies. Je me suis recroquevillée sur moi-même, je me suis terrée très loin, je me suis cachée de la face du monde. Il y a bien fallut que j’affronte ma vie et que j’aille au devant du soleil. Mais j’ai décidé de ne plus sortir sans protection. Depuis je me promène dans une armure digne de celles des chevaliers de contes de fées. Ce faisant, il devenait plutôt complexe de me faire un câlin ou de me donner un bec sur la joue.
Et puis, je suis devenue pleutre. Je n’allais pas affronter les dragons. Je faisais des larges détours pour éviter même de respirer le souffre qu’ils dégagent. Et puis, je me sentais coupable parce que j’avais cette armure. Et que j’aurais dû, n’est-ce pas, me lancer aux trousses des dragons ainsi équipée. Sauf que je n’y arrivais pas. Je perdais toute forme de courage quand venait le temps de m’avancer. Je mettais les pieds dans le premier ruisseau en m’y vautrant de tout mon long pour me justifier de ne pas partir à la chasse, mon armure toute rouillée n’était pas très fonctionnelle. Et je me suis dissimulée un petit peu derrière un nom qui n’est pas vraiment le mien mais qui ne me cache pas beaucoup. Me donnant ainsi l’impression que je n’étais pas un imposteur dans mon armure.
Il y a quelque temps, j’ai regardé un troupeau de dragons dans les yeux en disant : « je n’ai plus peur ». Je me suis retrouvée dans une armure complètement calcinée, qui avait su me protéger. Bon d’accord, va falloir que j’investisse dans une nouvelle amure. Mais je ne suis plus terrorisée. Les dragons sont en fait plutôt ridicules. Ils crachent loin et sont très gros mais c’est à peu près tout ce qu’ils savent faire. Les dragons ne sont jamais responsables des dégâts qu’ils sèment, du moins dans leur perception. Selon leur discours, c’est toujours le monde qui est n’est pas adapté à leur réalité. J’en connais un qui pense que j’ai peur de lui parce qu’on joue dans les mêmes platebandes… Sauf que c’est impossible, nous ne sommes pas de la même nature : il est un dragon et je suis un humain. Par conséquent, il n’y a pas de comparaison possible.
J'aime beaucoup l'image que tu donnes Mathilde. Très beau!!
Ce texte est admirable.
Une cotte de maille tricotée main est-ce que ça fera l'affaire?
Et un dragon à terre, un. Au suivant !
Plus sérieusement, c'est magnifique.
Les dragons sont des êtres certes fabuleux, mais au sens féérique du terme. Ils impressionnent, fascinent, attisent le combat ou l'adoration, mais ne sont en aucun adaptés à notre monde. Ils n'ont rien d'humains, et c'est pour cela qu'ils font bien de rester amorphes sur leur tas d'or, bien caché au fond d'une caverne profonde.
Ton texte est très chouette!
Laurie : Je me doutais bien que tu aimerais cela. Je sais que j'aurai pu faire dans le Jedi, mais j'avais envie de dragons!
Obni : Merci!
Miche : Avec plein de reflets dedans? Je veux bien!
Dda : C'était le plus gros de la colonie. Je vais me reposer un peu avant de repartir à l'attaque!
Tubuai : Exactement. Quand on connapit leurs points faibles, il n'y a pas de raison de ne pas les terrasser.
"Fairy tales are more than true: not because they tell us that dragons exist, but because they tell us that dragons can be beaten."
G.K. Chesterton, un homme qui savait des choses...