Le miel de la vie
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Il y a des hommes qu’on croise et que, pour des raisons qui nous échappent, on a envie d’embrasser comme ça, sans les connaître. Comme si une étrange phéromone s’agitait autour d’eux poussant nos propres hormones vers des sommets inégalés, mais qu’on oublie aussitôt le prochain coin de rue passé. Il y a des hommes auxquels on a le goût de chanter la pomme le temps d’une soirée, pour les voir rougir un peu. Ces hommes qui ne sont pas pour soi, pris ailleurs ou simplement de passage dans la région et qu’on sait qu’on ne reverra plus. Il y a des hommes à qui on a soif de dire : « je voudrais que tu me prennes dans tes bras pour faire taire les tempêtes qui hurlent dans ma tête » quand on n’aime pas particulièrement les contacts physiques de prime abord.
Il y a des hommes pour qui on décrocherait la lune, si on avait le droit à un sourire qui veuille dire quelque chose. Il y a des hommes qui viennent voir, juste pour savoir si on est aussi maternelle qu’ils se l’imaginent. Alors on prend toute la douceur possible à bras le corps et on les enveloppe doucement dedans. Ensuite, ensuite ils nous jettent des étoiles dans les yeux... Il y a des hommes qui s’agenouillent devant soi au premier regard, en nous racontant la beauté que l’on dégage tandis qu’on s’enlise dans l’embarras. Et on s’en veut tellement de créer cette réaction, parce qu’on ne la partage pas. On voudrait tellement être ailleurs, quelqu’un d’autre, le temps que ce troubadour retrouve ses esprits et trouve une autre dame à admirer.
Il y a des hommes avec qui on partage des rires et des complicités à la minute où ils sont entrés dans notre champ de vision. Ceux-là se sont assis dans le centre de notre tour intérieure, les pieds sur la table basse, confortablement installés pour nous observer. Ils nous donnent espoir de retrouver la foi en l’humanité, cet appétit de vivre qui fait en sorte qu’au lieu de s’enterrer dans les hésitations, on recommence à se dire que ça se pourrait. Il y a des hommes qui nous démangent la sensualité; ils nous donnent faim de séduction, de tentation, ils nous donnent envie de nous pousser un peu plus loin qu’à l’habitude, histoire de les marquer un peu. Dans ces moments, on touche un peu de ciel. Je crois.
Il y a des hommes qui nous blessent parce qu’ils ne nous aiment pas comme on le voudrait. Dès lors, on se retrouve dans le rôle confortable qu’on connaît trop bien, celui de l’admiratrice énamourée et ça nous rassure d’avoir les deux pieds dans ce costume-là; la tête en chimères et le cœur en foutaises. Il y a des hommes qui nous jettent comme une vieille chaussette sale avant même qu’on ait été portées. Ces hommes-là, on ne les aimera plus jamais, on ne les respectera plus jamais. Et on verse des larmes amères sur ces déceptions prévisibles tout en dressant un mur de plus entre soi et les autres, et une maille de plus dans notre armure.
Tôt ou tard, cependant on laisse de nouveau porter notre regard, puis on s’aperçoit qu’il y a des cous dans lesquels on a envie de mordre, de se pourlécher de leur sève, afin de vérifier qu’ils portent bien le miel de la vie.
C'est joli, je cherchais le lien avec le thème et la chute tombe à point, bien pensée. Et puis c'est un texte universel :)
Bon, je ne sais pas si mon premier post est passé alors dans le doute, je reviens.
Je disais que c'est un vrai délice de te lire. Tes mots sont toujours très justes et touche chaque émotion possible.
Et puis, je vais finir par croire que nous avons rencontré les mêmes hommes !!
Continue Mamathilde, ta plume est superbe.
Matthieu : Je construit souvent mes textes à partir de la chute. En voici un bon exemple.
Dda : Oui ton premier post est passé ;).
je trouve cela très jolie bravo....