Rituel d'écriture
Texte écrit pour le Coïtus impromptus .
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Quand j’ouvre les yeux, il fait frais dans la chambre, la fenêtre laisse passer la bise de l’hiver et le bout de mon nez est gelé. Je n’ai pas envie de me sortir de mes couvertes, pas envie d’aller voir le monde. Pas envie d’être sortie des bras qui m’enserrent. Il ouvre à peine les yeux, et il me lorgne de ce demi sourire qui attendrit mon cœur depuis cette soirée trop fraîche qui a croisé nos regards. Il me demande combien de temps il lui reste et je calcule. Je finis toujours par me rouler sur moi-même, entraînant un peu la douillette avec moi, ce qui le fait ronchonner sur son oreiller. Alors je ris et je plante un baiser sur le bout de peau qu’il me présente avant de lui donner son minutage. Chaque fois, il regarde vaguement le cadran et retourne dans le sommeil. J’attrape mes vêtements du jour et m’enferme dans la salle de bain. Au passage, dans la cuisine, je mets l’eau du café à bouillir.
Je démarre l’ordinateur, puis j’ouvre les persiennes et j’observe la ville qui s’éveille, les deux mains calées sur la tasse de café pendant que la chaleur du calorifère remonte à mon visage et me caresse la peau. Quand je parviens à m’extirper des lunes où mon esprit vagabonde, j’ouvre mes fenêtres de discussion et mon navigateur. Ensuite, je fais ma tournée quotidienne de blogues. Je les lis avec intérêt et attention. Tous les jours de la semaine. Je puise des idées un peu partout. Que j’utilise rarement la journée même puisque j’établis, en début de semaine, les sujets que j’aborderai dans mon écriture. Je fais un tour dans mes fichiers, là où sont conservées mes histoires plus longues, celles qui veulent devenir un projet hors du web.
Je lis ma correspondance et réponds à la plupart des messages. Quelquefois, je me perds dans les méandres des phrases à construire, des idées à dire. Je m’épivarde dans toutes les directions et je dois m’arrêter, faire un plan et tout recommencer. Pendant tout ce temps, les structures créatrices se sont mises en place dans mon esprit. Alors je pars la musique, et je me lance dans la page blanche. Certains matins, je recommence ma phrase d’entrée une dizaine de fois avant de trouver la tournure qui me convienne. La plupart du temps, je laisse mes doigts courir sur le clavier une première fois. Quand j’ai noirci deux paragraphes, je relis. Souvent, je biffe, je rature, mais je n’efface pas à cette étape. Parfois je me dis que ça ne vaut vraiment pas la peine, que le texte est mauvais et je sais que mon censeur intérieur est en train de crier victoire. Ces matins-là, je fais une nouvelle introduction, je ponds encore deux paragraphes et lorsqu’ils sont terminés, je les mêle à la première mouture.
J’aborde ma seconde tasse de café en observant le texte que j’ai fait naître. Je ne suis satisfaite que lorsqu’une ou deux images me parlent et que j’ai bien mêlé la fiction à la réalité. Généralement, l’Homme s’est levé pendant que j’écrivais. Je l’entends se mouvoir dans les autres pièces. Je sens aussi sa présence dans mon dos à quelques reprises. Il se taira. Car, il a compris depuis longtemps que je ne pourrais pas l’aimer s’il ne m’accordait pas tous les matins du monde.
Bouuhh, je ne sais plus quoi dire tant j'aime ce que tu écris.
"Car, il a compris depuis longtemps que je ne pourrais pas l’aimer s’il ne m’accordait pas tous les matins du monde." : cette phrase est à tomber raide.
Bravo.
ouais c'est vrai qu'elle kick cette phrase!
Joli texte, tu nous livres un peu de ton intimité, c'est frais et c'est naturel.
Dda : J'étais particulièrement satisfaite de ma chute je dois dire.
Tchendoh : T'as pas trop mal?
Matthieu M. : Mon intimité? Pas trop certaine. C'est pas entièrement vrai cette histoire. C'est une fois de plus juché sur la ligne entre la fiction et la réalité.