Je vous écris comme je vous aime
J'ai écrit ce texte parce que j'ai placé une nouveauté en libraire qui porte le même titre que ce billet, une inspiration volée à un auteur dont j'ai oublié le nom.
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J’avais la calligraphie hésitante et l’orthographe fantaisiste lorsque je me suis mise à tracer mes histoires de cœur sur les lignes de mes journaux violentés. J’ai coloré à, ce jour, des tonnes de feuilles qui exprimaient, mes doutes et mes colères et parsemaient mes itinéraires de cette quête sans âge que je poursuis. J’aurais voulu qu’on me choisisse, qu’on me déclame, qu’on me vénère. J’aurais voulu ne pas avoir à faire d’efforts pour être aimée, profondément. J’aurais préféré éviter les récifs de mes abandons et de mes solitudes. Mais je ne suis qu’une femme, pas une déesse ni un ange. Je ne suis qu’une femme pétrie de peurs et de contradictions.
Pour m’attacher à vous, je vous écris comme je vous aime. Une entrave dans vos gestes que je tisse doucement. J’ouvre mon cœur comme d’autres ouvrent les portes des demeures dont ils sont les gardiens. Je vous laisse toucher les palpitations qui frémissent mes organes et la chaleur qui s’en dégage. Je vous écris comme je vous aime, mais je reste féline et ne me laisse caresser qu’à mes heures et à mes conditions, comme si vos sentiments n’avaient que peu à voir avec les exigences que je porte telles des écharpes de soies, fragiles et ostentatoires. Je vous écris comme je vous aime dans un mouvement de défense qui traverse vos murailles formant des brèches qui s'érodent avec le temps.
Il y a des amours qui fleurissent les pavés des villes à venir. Il y a des histoires qui se cisèlent au gré des intempéries, comme un rocher creusé par les ressacs des mers. J’ai traité mes propres histoires comme des places fortes à envahir tapant du pied et de l’impatience lorsque les murs d’enceinte me résistaient. Certaine qu’en ayant à me battre comme une forcenée pour atteindre mes objectifs, qu’en souffrant des famines qui en découlent, je pourrais atteindre la plénitude des amours que chantaient les troubadours de la cours d’Aliénor d’Aquitaine. Et lorsqu’on m’assiégeait, je repoussais inlassablement les assauts semant les pièges et les accrocs dans tous les passages de mon royaume, provoquant, de ce fait, mille trahisons que je pouvais, par la suite, montrer du doigt.
Je vous écris comme je vous aime pour me montrer indispensable sans jamais croire vos paroles lorsque vous me dites que vous m’aimez de retour. Comme si cette faculté ne vous était pas acquise. Comme si, moins que tout autre sur cette planète, je méritais d’être aimée. Vous me direz que vous me trouvez belle que je n’entendrai pas ces paroles, mais me concentrerai sur le venin d’un reproche à peine formulé qui, à vos yeux, n’aura pas d’importance. Vous me direz que je suis suffisante en moi-même et je crierai à l’inconfort devant cette situation que je ne connais pas. Je vous repousserai de la paume de la main tout en vous écrivant que je vous aime, pour vous lier à moi.
Je te lis parce que je t’aime… ou est-ce que je t’aime parce que je te lis? S’il est certain que j’aime ce que je lis, je ne lis que ce que j’aime. De la prose aux hanches, du verbe au regard, je t’aime, tout simplement.
Magnifique texte.
Comme Alex, j'aime ce que je lis. Ce texte n'est qu'un autre noeud qui nous lie.
Une réponse, sur mon blog;)
Alex : Ça faisait longtemps qu'on ne m'avait pas fait une si jolie déclaration d'amour.
Obni : Tes compliments sont des fleurs dont je conserve le parfum précieusement.
Dda : Merci :)
Andy : Une réponse? J'y voyais plutôt un éventail de plus.
Je me suis servie de l'adresse courriel proposée sur ton profil pour te répondre...
;-)
T'es ben donc fine La Matou!