Heure avancée de l'Est
Depuis quelques mois, je me réveille à 8h30 tous les matins. Mon emploi du temps me permettant de n’avoir pas à me lever à l’heure des poules, j’en profite pour laisser les éclats du jour me tirer du sommeil. J’ai toujours, enfin presque, été une personne matinale. Je récupère mieux en me couchant tôt qu’en me levant tard. Je le sais depuis très longtemps. Il y a sans doute une question d’habitude dans mon truc. Une décision prise à l’université de me lever tôt plutôt que de passer la nuit debout pour faire mes travaux. J’aimais bien le silence qui régnait dans l’appartement quand tout le monde, sauf moi, dormait jusqu’à midi. Les matins sont devenus mes havres, mes solitudes dans les pièces en commun. Depuis lors, les matins sont mes territoires.
Je suis une drôle de femme. Il y a des choses qui me stressent de manière extrême. Je n’aime pas les pannes d’électricité en ville. Il n’y a rien à faire, je panique. Je sais bien que c’est absurde, mais je déteste cela. Je me sens isolée, démunie. Ça fait si longtemps que je n’ai pas été avec quelqu’un lors d’une panne que j’imagine que c’est devenu pour moi un ermitage que je ne choisi pas. Quand il n’y a pas un son, pas une lueur, quand il n’y a pas la possibilité d’être en contact avec le monde extérieur, j’ai le cœur qui fait mille tours et je ne sais plus comment être moi, tout simplement. C’est irrationnel. Des fois, je me demande si je le supporterais mieux, si je pouvais me réfugier dans des bras aimants, mais j’en doute étant donné que je n’aime pas particulièrement me coller. Une contradiction de plus à mon tableau.
Je suis une drôle de femme; depuis des mois je me réveille à 8h30. Cette nuit, on changeait l’heure. Autre source de stress. J’ai peur de ne pas être à l’heure. Je suis donc arrivée chez moi, et j’ai changé l’heure sur tous les cadrans de la maison, y compris ma montre, dès mon retour du travail. Au cas où. Quoique particulièrement fatiguée, je ne me suis pas endormie avant le creux de la nuit. Et ce matin je me suis réveillée à 8h00, heure avancée, avec l’impression angoissante que je m’étais trompée dans mon changement d’heure puisque le soleil taquinait allègrement mes persiennes, comme s’il était plus tard qu’à l’accoutumée. J’avais le cœur qui voulait sortir de ma poitrine tellement j’étais convaincue d’avoir commis l’erreur courante d’avoir bougé mes aiguilles dans le mauvais sens.
Il n’en était cependant rien. Je me suis simplement mise à l’heure d’été. Toute seule. Il fait une température de printemps. Pas tout à fait chaud, mais pas si frais non plus. Je suis allée fumer une cigarette dehors et pour la première fois de l’année, j’ai entendu des voisins mettre du beurre sur le pain grillé pour leur petit déjeuner. Incursion auditive dans leur intimité. Ailleurs, il y avait cet homme qui passait le balai devant son garage. Les bruits de la saison estivale me caressent les conduits auditifs.
Dans une ville qui voit la majorité de ces habitants encore bouffis de ce décalage, j’étais debout en avance sur mon temps. La vie s’étalait devant moi, et je n’avais que l’envie de mordre dedans.
Comme le dirait très justement une amie, ce matin là, tu "étais très en avance sur ton retard".
Me too, je suis une lève-tôt et surtout pas une veille-tard. Ce que j'adore savourer c'est le concert des merles aux premières lueurs !
Si tu détestes les pannes en ville, imagine en campagne; c'est encore plus calme et plus vide. Mais moi j'aime les pannes car on peut alors y entendre le vrai silence.
Dda : Mais je ne suis pas particulièrement couche-tôt en plus. En fait, je n'ai pas besoin de beaucoup de sommeil.
Alex : À la campagne, ça ne me dérange pas de ne pas avoir d'électricité. En ville c'est paniquant. Cherche-moi pourquoi.
et les uns qui se mettent au jardinage,pendant que les autres laissent traîner des effluves végétales sur les balcons.
retour de la sacrosainte heure ed l'apéro terrasse.
yeah!