Vie de comète
La première chose qu’il m’avait dit c’était qu’il refuserait de se faire attacher à une relation une fois de plus. Il voulait bien être mon amoureux, à condition que je lui laisse une certaine forme de liberté. Celle de choisir ses sorties, celle de ne pas l’attendre trop. J’étais jeune, indépendante et fière. Je ne savais pas. Avec le temps, j’ai compris que sa liberté entachait la mienne. Parce que pour le voir, ne serait-ce qu’un minimum, je devais être disponible en tout temps. Il avait ce don de toujours aboutir quand j’avais fini par me botter le derrière pour me concocter une activité. Je voulais tellement qu’il m’aime que je laissais tout tomber, dans la minute, pour profiter de sa présence à lui. J’étais son yoyo. Je ne le savais pas. Je me suis retrouvée, huit mois plus tard, isolée de toute part. J’avais repoussé ma vie dans ses derniers retranchements et je me tenais dans l’antichambre de la sienne. Quand je prévoyais une soirée avec lui, il y avait toujours un impondérable pour venir ternir mes plans. Je restais donc seule. Je n’avais plus d’amis. Et ma famille était loin.
J’ai passé des années ainsi, à attendre qu’il m’abandonne. Ce qu’il ne faisait évidemment pas puisque j’étais si pratique : toujours là pour combler les trous de son horaire, jamais questionneuse. J’étais la risée de son cercle d’amis, je le savais bien. J’étais sa chiffe molle. Je l’aimais et j’étais certaine qu’il m’aimait aussi, ou du moins qu’il finirait par m’aimer si j’étais cette femme de tous ses désirs. Un jour, j’ai craqué. Je lui ai hurlé de ramasser ses choses avant que je ne sois revenue du travail. Je lui ai dit que ma chambre n’était pas son hôtel et que je n’avais plus rien à foutre de sa présence dans ma vie. Ce soir-là, je me suis assise toute seule dans un bar, pour la première fois de ma vie, et j’ai rencontré de nouveaux amis. J’avais l’impression de vivre d’un nouveau souffle. Je n’étais plus seule quoique célibataire pour la première fois depuis longtemps. C’est à ce moment-là que j’ai décidé qu’aucune autre liberté ne viendrait ternir la mienne.
On s’est revus quelquefois. Il me disait qu’il m’avait aimée. Je savais qu’il me disait la vérité, je reconnaissais cet intérêt qui était le sien, avant. Je le regardais se débattre dans ses promesses, raconter n’importe quoi aux hommes qui m’abordaient, pour les garder à distance. Je m’étais guérie, j’étais indifférente. Il a finit par rencontrer une fille qui ne l’a pas écouté, qui ne lui a pas préservé sa liberté. Quand, je les voyais ensemble, j’avais toujours envie de rire parce qu’elle lui disait tout le temps quoi faire et comment le faire. Il ne semblait pas s’en porter plus mal. De mon côté, je me suis aperçue que j’avais tellement peur d’être abandonnée par les hommes que je provoquais l’abandon dans les premières mesures des rencontres. Je ne voulais plus perdre ma liberté. Je ne voulais plus me mettre en danger. Je fuyais à la vitesse des comètes.
Un beau jour, je me suis retrouvée assise dans mon lit avec un gars qui me chatouillait les émotions. J’avais oublié d’avoir peur de lui et de le pousser le plus loin possible. Il me disait : « t’es belle quand tu lèves » tandis que je lui faisais la grimace. Je le croyais. Cet homme-là, n’était mon danger, mais mon réconfort.
La seule chose qui me vient à l'esprit c'est: le petit oiseau s'est enfui de sa cage et s'est envolé dans le ciel, non sans craintes, mais avec des gouttes d'espérance à peine perceptibles glissant sur ses ailes, dans le silence calme d'un petit matin...
J'ai plus de mots pour te dire combien j'aime tes écrits. Tu fais mouche à chaque fois.
Un bon parti que celui choisi : ne plus perdre son temps, sa vie à attendre, vivre Sa vie, n'être plus un jouet. Un jour le déclic se produit et on fait le ménage de se qui nous aliène, même par amour. Exercice pas évident, douloureux certes, mais vital.
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Mais tu écris ma vie ou quoi?? rire!! C'est fou comme peu importe ce que tu peux écrire, on s'y reconnait!! Je t'aime!!
Jen : Je crois qu'on commence à aimer quand on cesse d'avoir peur de perdre.
Dda : C'est encore du n'importe quoi hein? C'est-dire que ce n'est pas ma vie.
Harakiri : Ah bon, je harakiri du monde moi? Flattée, je suis.
Juli : Ah non, je ne pensais pas à toi en écrivant celui-ci. Heureuse que tu t'y reconnaisses, si ça te fait du bien. Je t'aime aussi. :)