Les sauts en langueur
Mélancolie douce et rêveuse, vague tristesse ou indolence, je m’étire en langueur dans l’infini de mes complaintes. Je me mire dans des séductions sans attraits, solitaire au cœur de mes chimères. J’ai l’immobilisme envoûtant tandis que vous me parez de grâces que je ne reconnais pas. Je m’imagine palpant la pulpe de vos lèvres des gestes maladroits qui montrent les crescendo des absolus trop souvent tus. Vous étirez des sourires à d’autres destinés, pendant que je m’enfonce à langueur de temps, envoûtée de mes songes muets.
J’ai les ensorcellements aisés, je me ploie au rythme des accrocs qui jalonnent mon parcours. Si vous m’ouvrez la porte, mon cœur au galop hurlera les douleurs de mes délices. Je vous susurrerai à l’oreille les voyelles qui s’allongent sur les lignes de nos heures. Je remonterai vos veines jusqu’à vos tripes pour vous convaincre de ma tangibilité. Je laisserai courir mon souffle sur la peau de vos heurts pour voler une parcelle de la moelle que je vois luire dans le creux de vos silences. Et je me torturerai de questions impromptues au rythme des raz-de-marée des doutes qui m’enseveliront. J’aurai une langueur d’avance sur vous.
Je vis dans un monde qui se pavane sur la mince frontière entre la réalité et ces ailleurs que j’ai toujours rêvé d’explorer. Je souhaite des incantations qui rendraient les printemps fleurissants et les hivers moins abrupts. Certaines de mes espérances traînent leurs lambeaux sur les souches des sentiers que je n’ai pas osé défricher. Alors je me vautre dans la nostalgie de ces histoires que je n’ai pas vécues, en me faisant croire que de toute manière, je ne les méritais pas. Alors je me tords sur les routes de mes manquements en me condamnant plus sévèrement que vous ne sauriez le faire. Et je m’aperçois qu’il est tellement plus facile de me dire non avant que d’autres ne me l’assènent. De temps à autre, je regarde par-dessus mon épaule pour voir quelle est la langueur parcourue.
Je suis hantée d’envie de mordre jusqu’au sang les gouttes de vos meurtrissures, pour les faire miennes le temps de vous observer vous déployer dans votre propre langueur et que je puisse me raconter que j’en suis un peu responsable. Et que je puisse me faire croire que je suis, peut-être, un bout d’étincelle dans vos feux assoupis. Patience et langueur de temps me direz-vous. Mais les espaces filent et je ne reconnais plus les toiles de mes illusions passées.
Vous m’avez dit que j’étais cruelle et je vous ai proposé quelques sauts dans mes langueurs. Un petit voyage, dans les courbes de mon âme.
Très beau texte et quel titre !!
Tes ondulations d'esprit sont un régal à lire Mathilde ;))
Wow. Je suis à terre. Les mots, les mots employés qui servent autant la forme que le contenu. La beauté de ces mots étalés qui veulent tous, sans exception, dire quelque chose.
J'aime vraiment, vraiment beaucoup ce texte Mathilde. C'est évident aussi que c'est parce que je m'y reconnais. Mais ça ne lui enlève pas sa qualité.
E-xplore : Je te déconseille fortement de tenter de me lire en entier. Je n'ai sans doute qu'une année d'archives, mais c'est très fourni!
Obni : C'est de la faute de quelqu'un qui cherchait dans google " information sur les sauts en langueur" j'ai trouvé le lapsus intéressant.
Igby : Oh ! Alors repais-toi.
Andy : Je dirais que le fait que tu te reconnaisse est davantage un ajout à ses qualité qu'une entrave.
quoi, je t'ai lu au complet, mathilde, et ca ne m'a pas pris un an... je ne pourrais pas jurer que je me souviens de tout ce que j'ai lu par exemple...
Keep on rockin' girl, you KICK ASS!
Très bon exercice...
Que dis-je ?
Très belle réussite...
Un irrésistible texte.
e-xplore : Bonne lecture alors. :)
Cartouche : Vraiment, tu m'as lue au complet? Touchée je suis.
Quant à continuer, j'aurais bien de la peine à faire taire les mots.
Arto Joe : Bonjour à toi. Et merci beaucoup.
Encore un texe à nous remuer les tripes, le coeur, les émotions. C'est.... et plus encore.
Encore un texte qui va m'habiter un bon moment.