vendredi, juin 02, 2006

Le parapluie

Je m’étais réveillée avec un mal de tête à tout casser. J’avais passé la nuit à tourner dans tous les sens, incommodée par la chaleur étouffante de cette canicule précoce. Je me sentais plus épuisée au réveil qu’avant de m’endormir. Je me suis installée devant l’ordinateur pour faire ma tournée quotidienne. Et je me suis dit qu’un café ne me nuirait pas. Mais voilà que la boîte était vide et que le lait avait tourné. Grommeleuse, je me suis rapidement habillée. Le plus légèrement possible parce que toute forme de vêtements collant à mon corps était une source d’irritation. L’air était lourd, tellement lourd qu’il donnait l’impression d’être un poids pour les épaules. J’ai enfilé rapidement une camisole blanche et une jupe indienne, d’un bleu très pâle.

C’était un dimanche matin, les rues étaient désertes et l’épicerie aussi. J’aimais bien me décider à aller faire mes courses à ce genre de moment puisque les lieux étaient calmes et pratiquement vidés de la population. Ainsi je pouvais prendre tout mon temps sans me faire pousser par mes concitoyens pressés. Comme souvent, en pratiquant une activité que je n’aime pas, je me racontais des histoires que je pourrais par la suite vous faire connaître. Ce matin-là il était question de ces personnages célèbres qui me font battre le cœur et les hormones. Simplement parce qu’ils sont. Je m’amusais bien à trouver des qualificatifs et des tournures pour amuser mon public, qui était alors très restreint. Comme je déteste faire les courses, je m’organise généralement pour ne pas avoir à y retourner trop souvent. Je suis donc revenue sur mes pas avec les mains pleines de sacs plus lourds les uns que les autres et je pestais comme une déchaînée en gravissant les collines de la ville où j’avais élu domicile.

J’attendais tranquillement que le feu de circulation, des seules artères dignes de ce nom, change quand l’orage s’est abattu sur moi. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, j’étais complètement détrempée. Mes cheveux emmêlés se collaient à mon visage tandis que mes vêtements épousaient les formes de mon corps. Je ne sais pas si vous avez déjà remarqué, mais une camisole blanche imbibée d’eau c’est plutôt transparent. Et ça devient particulièrement embarrassant quand la porteuse de ladite camisole n’a pas jugé opportun de mettre un soutien-gorge. Mais là où ça devenait franchement catastrophique c’est que la jupe aussi était entrée dans le concours de transparence. Et moi j’étais-là transie par la pluie chaude de l’été, sur le seul coin de rue vraiment achalandée de la petite ville que j’habitais. Je ne pouvais pas vraiment me cacher puisque j’étais un vrai petit mulet sous mes sacs. Une voiture a ralenti près de moi, pour mieux m’éclabousser tandis que le chauffeur, un jeune con, me disait « t’es belle quand t’es toute nue ».

Je me serais passée du compliment. Je me serais passée de ce public. Cependant, je n’ai pas vraiment appris ma leçon. Il y a quelques jours, je revenais du travail quand le ciel a crevé sur ma tête. J’avais un chandail vert pâle qui s’est révélé transparent à l’usage (mais j’avais un soutien-gorge).

Pour mon anniversaire, ma coloc m’a offert un parapluie. Heureusement que j’ai des amies pour me sauver la mise.

6 Commentaires:

Blogger Juli s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Mouhahaha!! Le pire, c'est que quand je t'ai vu quitter le boulot, j'y ai pensé!!

5:52 p.m.  
Blogger Miss Patata s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je me disais justement qu'avec les mains pleines...

C'est difficile d'apprendre la leçon, on ne sait jamais quand un nuage nous attend dans le détour...

Quel peu de classe ce jeune homme...

9:27 a.m.  
Blogger Arto Joe s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Eh ! Oui ! Des situations que l'on subit, la vie est parfois malicieuse...

9:39 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je comprends encore mieux pourquoi tu n'aimes pas les orages !! Hihi.
L'eau de pluie, il n'y a rien de tel pour les belles plantes. C'est reconnu !!

5:09 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Juli : mais maintenant, j'ai un parapluie!

Zhantar : Désormais, j'ai des sacs d'épicerie à porter à l'épaule donc, je peux faire mes courses avec mon parapluie!

Miss Patata : Il faut pas le dire, mais ce bout là est une invention de ma part ; j'aime bien tordre la réalité.

Arto Joe : Je suis persuadée que la loi de Murphy me guette.

Dda : Je n'aime pas les orages pour des raisons tout à fait irrationnelles ; un mélange entre le bruit et l'électricité. Cependant, il ne faut pas oublier que j'ai surtout peur des pannes d'électricité que ceux-ci provoquent.

11:35 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

J'aime beaucoup ta maniere de decrire les situations. Bravo !

2:44 a.m.  

Publier un commentaire

<< Retour sur le sentier