mercredi, mai 24, 2006

Une tasse de café bouillant

Voici ma contribution au Coïtus impromptus. Cette semaine le texte devait commencer et se terminer par «une tasse de café bouillant».

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Une tasse de café bouillant dans les mains, je repense aux dernières heures.

Il y a des gens qui me sont transparents comme de l’eau de source. Que je comprends à demi mots, à grands coups de silences. Certaines autres personnes me sont plus difficiles à découvrir. J’ai été la femme requin, le prédateur qui harponnait les regards, sûre de moi. Je suis une dualité entre ce que je ressens et ce que je dégage. Je sais qu’on me perçoit comme une battante qui dégage une belle confiance, mais dans mon fort intérieur, je me dis souvent qu’un homme tomberait certainement amoureux de moi si j’étais plus mince. Et puis je me suis retrouvée dans une situation complexe que j’arrivais à peine à comprendre. Entre un bien être qui me faisait vivre et un manque d’envie de poser les gestes qui scellent une relation.

La première fois que je l’ai vu, je n’ai pas eu de humph. Mais plus la soirée avançait, plus il me plaisait. Il est passé de « ben ordinaire » à cet autre chose assez indéfinissable. Pendant quelques mois, nous nous sommes vus, en tête-à-tête. Jamais de ma vie, je n’avais daté quelqu’un aussi longuement. Je n’arrivais pas à cerner ses motivations. J’ai rarement été confrontée à autant de messages opposés. Entre une complicité palpable qui se déployait autour de nous et les non-dits qui nous laissaient toujours au même endroit. Il y a une Sauterelle qui me disait : « Ben-là, Mathilde, franchement, il faudrait un french » tandis que je riais, un peu jaune. En réalité : je ne sais pas. Encore aujourd’hui, je ne sais pas. Bizarrement, je n’ai jamais été dévorée d’envie me lancer à sa tête. J’ignore pourquoi.

Malgré le fait que je ne sois plus la femme requin, il reste encore du bulldozer en moi. Il m’a traitée en princesse d’une manière plus jolie que dans tous mes rêves éveillés. Il m’a tendu des messages contradictoires, souvent. Entre cette affection que je sentais sincère à mon endroit et ces petites lignes qui me parlaient de son besoin d’intimité. Intimité de laquelle je ne faisais pas partie, de manière assez limpide, en réalité. Je ne savais pas ce que je représentais à ses yeux parce que je n’arrivais pas à comprendre la ligne de fond des messages qu’il me faisait parvenir. Alors j’ai brisé les barrières et je lui ai écrit « tu me plais beaucoup ». Il fallait que je comprenne. Il fallait que je sache. Je n’aime pas marcher dans le brouillard alors, je provoque. Il m’a dit qu’il se torturait l’esprit à savoir pourquoi il ne ressentait pas les mêmes choses que moi. Et puis, j’ai pleuré. Un peu.

Actuellement, je ne sais toujours pas exactement où se situe ma peine, parce que je ne sais pas davantage si j’aurais jamais eu cette envie renversante de l’embrasser. Ça me met dans une drôle de situation. Je ne sais pas si c’est mon orgueil qui est touché, ou autre chose que je ne veux pas réellement voir. Je sais bien que, malgré tout, je le touche beaucoup. Je sais qu’il s’en veut de me faire de la peine, qu’il n’aime pas que qui que ce soit m’en fasse. Je sais qu’il ne se consume pas pour moi aussi. J’ai compris. De toute manière, ce ne sera pas ma première flamme à sens unique. Mais je ne sais pas s’il sait à quel point il me lançait des messages contradictoires. Je ne sais pas, s’il sait à quel point je ne me sens aucune obligation d’être plus forte que mes forteresses avec lui. Je ne sais pas. Je n’ai pas su. Je ne saurai sans doute jamais.

Il croit que je suis courageuse. Parce que j’ai osé dire. Moi je doute. Je doute en séchant ces larmes qui glissent sur les rondeurs de mes joues et je me demande s’il ne serait pas préférable, la prochaine fois où je vais rencontrer un gars bien, d’enfiler le costume de la femme requin pour l’embrasser en premier lieu, juste pour voir. J’ai encore le sentiment de ne pas trop comprendre. C’est donc pour ces raisons que ce matin, je repense à tout cela, avec dans les mains, une tasse de café bouillant.

7 Commentaires:

Blogger igby s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Les protocoles... à croire que chaque fois que l'on opte pour l'un d'eux, on se rend compte que c'est un autre qui aurait fallu prendre... à moins que non. Il n'a pas de peine sans amours. Ni d'amour sans peines..
Doute de lui, pas de toi.

...pis met du gin dans ta tasse de café ;)

2:15 p.m.  
Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) s'est arrêté(e) pour réfléchir...

...du Bailey's. C'est meilleur pis ça console bien.

9:24 p.m.  
Blogger igby s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blogue.

10:27 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Igby : t'as bien raison, il n'y a pas de peine sans amour ni d'amour sans peine.

Souris : Moi aussi je préfère le Bailey's. Et merci pour le courriel.

Igby : ? À quoi tu joues sinon à aiguiser ma curiosité?

11:11 a.m.  
Blogger Sauterelle s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Oui je voulais un french, un peu de juicy, hein mmmh! Mais moi j'étais au 4e balcon du spectacle. Toi qui étais sur la scène, en voulais-tu un? Je posais aussi cette question, et tu riais jaune orange.

"Actuellement, je ne sais toujours pas exactement où se situe ma peine, parce que je ne sais pas davantage si j’aurais jamais eu cette envie renversante de l’embrasser."

Faut chercher ta peine ailleurs alors...

12:36 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Oui, les amours à sens unique, dur, dur. Eh encore, là, les tiens n'ont pas été piétinés délibérement. M'enfin, c'est triste tout de même. Et cela laisse toujours aussi déboussolé(e).

10:01 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Sauterelle : Honnêtement, je ne sais toujours pas. Mais aujourd'hui, je crois que la réponse n'a plus tellement d'importance.

Dda : Je ne parlerais pas d'amours à sens unique. Je n'étais pas amoureuse. Il me plaisait et la différence entre les deux est immense.

1:29 p.m.  

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