Le septième jour
Je n'ai pas beaucoup écrit la semaine dernière et je me suis retrouvée un peu embêtée aujourd'hui à me demander sur quel sujet je pourrais bien écrire. Heureusement, le Coïtus impromptus est venu à ma rescousse une fois de plus avec le thème Le septième jour. Voici donc ma contribution.
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C’était une nuit de canicule. Les robes des filles se collaient sur leur peau moite, épousant les formes des corps comme des bains révélateurs. Dans le bar, l’ai était climatisé, ce qui laissait un répit aux pores assoiffées. Dehors, l’air était si lourd qu’on aurait pu penser que le ciel avait chu sur la ville. L’opacité de la brume était telle qu’on ne voyait pas de l’autre côté de la rue. Sur le zinc du comptoir, les verres suaient tandis que je me dessinais un avenir dans leurs rigoles. À côté de moi, traînait un cahier ouvert dans lequel j’essayais tant bien que mal de poser des mots. Le mon silence intérieur se disputait l’espace avec toutes les culpabilités et les regrets que j’étais lasse d’écrire en boucle depuis des années. La lune était pleine, on entendait hurler les loups-garous.
De temps à autre, j’allais sur la piste de danse en tentant vainement d’exorciser mes démons. Mais quand je revenais m’asseoir, le pont entre ma tête et les mots ne se faisait toujours pas. J’avais l’impression désagréable d’avoir perdu mes ancrages. De ma vie, les mots ne m’avaient jamais laissé tombée. Cependant, depuis que j’avais mis les pieds dans cette nuit étouffante, ils ne m’appartenaient plus. Je sentais peser sur moi les lames d’aciers d’un regard omniprésent qui me chatouillait les épaules et la concentration. Je ne savais pas ce qu’il me voulait, lui que je voyais comme le plus pédant de tous les hommes que j’eusse rencontrés dans ma vie. Ses yeux sur ma peau étaient comme autant de mouches dérangeantes qui se collaient à ma sueur.
Quand je suis passée à côté de la table où il jouait au billard, son partenaire m’a accrochée pour me dire que l’autre trouvait que je dansais bien. Je l’ai regardé froidement en répliquant que c’était tant mieux pour lui. Il m’a laissé filer, hébété par ma réponse brusque. Il ne pouvait pas savoir que je portais encore les chaînes de tous les mensonges et malentendus dont je m’étais largement abreuvée au cours des dernières années. Je m’étais convaincue que je n’avais plus besoin de personne, sinon d’un peu de chair de temps en temps pour assouvir l’essentiel. Pour me venger; j’ai dansé sous leurs yeux durant les deux dernières heures de la soirée.
Lorsque je me suis effondrée sur une chaise pendant que l’éclairage nous faisait comprendre qu’il était maintenant temps de partir, l’homme pédant a mis sa main fraîche sur ma nuque. Sans rien dire il m’a aidée à me levée et m’as emmener avec lui. Dans la rue il a pris ma main, comme si on se connaissait de longue date, comme si on s’était déjà entendus sur quelque chose de précis. J’ai laissé aller. C’est à ce moment que l’orage nous a surpris. Au matin, sa peau était lacérée de mes griffes et son cou portait les traces de mes dents. Il avait posé la main sur mon cœur et le regardait battre entre ses doigts.
Le septième jour il m’a murmuré : « je t’aime. » Je lui ai crié après qu’il était con et qu’il n’avait pas le droit de me faire cela. Ensuite je me suis sauvée. Depuis, je coure toujours.
Je pensais que la chaleur et l'humidité allaient me tuer aujourd'hui. Je me suis trompé, c'est ton texte qui m'a achevé! ^__~
L'attente à valu la peine.
La chute de ce texte me rappelle un autre que tu as écris il y a un bout de temps... même inspiration?
Lew : Dis, faudrait qu'on achète une pateaugeuse pour mettre sur le balcon, sinon, on ne survivra pas à l'été.
La souris : Oui, j'imagine. Il y a des histoires comme cela qu'on porte et qu'on n'aura de cesse d'écrire qu'elles trouvent leur place dans ce monde.
Ça me ferait vraiment plaisir que tu m'ajoutes à ta liste de liens! J'avais ton site dans les miens, mais pour une raison x le lien ne fonctionnait plus.. Alors je te lis par le biais d'autres blogues..
Continues d'écrire, j'aime beaucoup te lire!
Il y a des mots que l'on ne veut/peut plus entendre tant ils ont été galvaudé.
Le temps de la course sera bientôt révolu.