lundi, janvier 15, 2007

De la tête et des idées

Je l'assume désormais, le mois de décembre 2006 ne fut pas une réussite dans ma vie. J'ai vraiment tourné autour du gouffre de ma dépression en me mirant dedans, fascinée par le puit sans fond des idées noires qui s'agitaient, dans son oeil tourbillonnant. Quand on passe autant de temps à se complaire dans la contemplation de nos idées noires, on fini par perdre un peu le cours de sa vie. On oublie des détails, un peu partout autour de soi. Détails qui n'ont soudainement plus d'importance tant qu'on ne les a pas égarés.

Ainsi, dans un délais assez bref, j'ai perdu mon chapeau. Petit bibi bleu que je portais avec coquetterie durant les mois d'un automne aux allures printanières. Évidemment, la perte de l'objet s'est produite lorsque la neige s'est mise à égayer le ciel de ses flocons et que la température commençais à descendre sous la barre du point de congélation. Mes oreilles en on pris pour leur rhume, mon corps aussi. Et le bibi fut retrouvé durant un redoux, dans la salle-à-manger maternelle. Depuis, je vérifie deux fois plutôt qu'une que j'ai la tête bien couverte avant de m'aventurer vers le monde extérieur. J'ai aussi développé une tendance fort régulière à perdre mes paquets de cigarettes. Dans les bars que je fréquente. Par conséquent, je dépense une fortune supplémentaire pour assouvir mon vice.

J'ai refais une partie de ma garde-robe récemment. Je porte fièrement mes nouveaux atours, récoltant au passage les compliments de mes connaissances et amis qui me font remarquer que mes tenues ont été choisies avec justesse. Il faut savoir que m'habiller a toujours été mon calvaire : je déteste cela. Alors je remets toujours cette tâche à plus tard, quitte à me arborer des vêtements tellement usés qu'ils en sont devenus informes. Je ne me maquille pas souvent non plus. Comme si m'occuper de moi était une activité secondaire. Je râle que je ne me trouve pas belle, mais je ne fais pas grand chose pour me mettre en valeur. Et je ne fais surtout pas attention aux choses qui pourraient me mettre en valeur. Alors la première fois que j'ai mis mon tout nouveau chandail brun, celui qui fait briller mes yeux et me caresse l'oval du visage, eh bien, je l'ai perdu. Je ne me suis pas aperçue avant quelque jours, bien entendu. J'ai donc entrepris une quête, presque surréaliste de ce chandail. Ne me souvenant plus du tout ce que j'avais pu en faire. À tout hasard, je demandais à quiconque si on ne l'avait pas vu passer. De cette manière, j'ai posé la question dans un bistro où je vais quelquefois et il était là, tout sage, dans le fond d'une boîte d'objets perdus. À ce moment, je me suis dit que je devais vraiment faire attention à garder mes idées dans ma tête parce que franchement, je commençais à m'éparpiller un peu trop.

Et puis vendredi, je suis allée prendre un verre avec une amie qui m'est très chère. Ensemble nous avons fais le tour de mon gouffre intérieur, pesé les tenants et les aboutissant de mes marasmes. Une fois de plus perchée sur la rive de mon gouffre j'ai observé le spleen s'y vautrer. Et j'ai pleuré un peu. Je suis repartie à la maison avec la tête à côté des épaules cette fois-ci aussi. Assurément. Puisque c'est mon porte-feuille que j'ai oublié sur la table. Oui oui, mon porte-feuille. Ce machin qui contient toute mon identité et mon argent. Chose que je n'ai absolument pas en quantité infinie. Je ne me suis rendue compte de mon étourderie que le lendemain soir. Et j'ai eu la frousse puisque nous sommes rentrés dans un taxi que nous avons hélé sur la rue, donc impossible de retracer la compagnie si d'aventure c'était dans la voiture que j'avais laisser choir l'objet en question. Mais non. La chance sourit aux innocentes de mon acabit et non seulement le porte-feuille était-il en un morceau derrière le bar, mais tout mon argent était encore à l'intérieur. Je suis donc allée le récupéré hier soir. L'attrapant au vol, j'ai couru de l'autre côté de la rue pour m'acheter des cigarettes et voilà que je demande au commis une pinte de rousse, plutôt que les cigarettes sus-mentionnée. N'importe quoi! Vraiment je vous dit j'ai la tête à côté de mes idées.

Cependant, il n'y a pas que du mauvais dans tout cela. Ce matin en m'examinant devant la glace, j'ai oublié que je n'aime pas mon corps et je me suis trouvée jolie, toute nue dans la lumière crue du matin.

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3 Commentaires:

Blogger Jenniko s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Un beau petit texte qui fait rire!
Sacrée Mathilde, étourdie comme jamais! Il est bien que la chance nous sourie quelquefois quand nous faisons des bourdes causées par une inattention certaine!
Ouf... tu peux respirer maintenant. Avoir tout retrouvé est en soit une chance incomparable!
PS. Achète-toi un billet de loto, on ne sait jamais... ;)

4:27 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Pour éclairer l'intérieur à ce point, parfois, la lumière, elle doit séjourner un peu dans les yeux... :-)
(J'aimais bien le lapsus inséré dans la dernière phrase... comme je vois, à cette deuxième lecture, tu l'as corrigé... mais il était mignon ! [...j'ai oublié que je m'aime...] !)

11:38 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Jenniko : Merci pour ce commentaire chaleureux. Je devrais sans doute m'essayer à la loto ;-)

Martyne : T'es en train de me faire une psychanalyse? Faut pas oublié que j'avais écrit [... j'ai oublié que je m'aime pas mon corps...] m'enfin, tu peux bien le lire comme tu le désires.

10:24 a.m.  

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