mercredi, novembre 29, 2006

Me languir de toi

T'as posé ta main sur ma hanche, pour m'écarter de ton passage. Et moi, j'ai figé. Rivée sur le plancher qui s'est mis à danser sous mes pas. On ne se connaissait pas avant cette seconde. Deux inconnus sur les sols trop froids des nuits de novembre. Ma chair a gardé en mémoire les trace de ce geste innocent pendant que je retournais m'asseoir, secouée. Le tremblement dans ma voix et les étoiles qui scintillaient mon regard étaient éloquents. Tu es repassé, deux fois, tout près de moi. Surpris par la force de l'attraction. Comme si entre tes doigts et ma peau, un moule parfait s'était formé. Moi qui ne suis pourtant pas le type de fille que tu regarde d'ordinaire. Trop ordinaire et ronde pour tes critères de sélection. Mais la chimie se fout pas mal de telles considérations.

Tu m'as entendue rire. Un rire de gorge chaud, tributaire des octaves trop bas qui sont les miens. Mon rire s'est logé dans ton oreille comme un appel. Tu savais que c'était moi. Sans avoir besoin de me regarder. Sans avoir besoin de demander mon nom aux Quidams qui me connaissaient peut-être, autour de toi. La nuit s'est étirée entre les contacts que nous ne cherchions pas mais qui nous rapprochaient comme des aimants. Tu as pris ton temps pour poser ta paume dans mon dos pour dévier ma propre trajectoire, plus tard. Ma vie toute entière marquée dans les battements affolés de mes sens aux aguets. Tu m'as souris, timide. J'ai rougi en retour. Je te savais où que tu sois. Tu me savais où que j'aille. Sans mots. Sans promesses. Un néant entre nous qui comblait le vide. Un pont solide tissés de surprises impromptues.

T'as attrapée mon poignet pour me faire un baise-main romantique et me demander mon identité. Mes amies se sont mises à rire parce que c'était un petit peu trop formel, un petit peu trop romantique pour l'occasion. Les chamades de mes sens s'en allaient dans toutes les directions. Je m'enfonçais dans la vase du béton en balbutiant des phrases incomplètes. Chavirée par les vagues d'électricité qui coulait entre nos identités.

Tard dans la nuit, nous avons arpenté les rues froides sans sentir à quel point nos membres étaient gourds. Sans directions ni sens, nous nous sommes éparpillés sur les trottoirs tristes des nuits qui s'éteignent. Je t'ai demandé si je pouvais prendre ta main dans la mienne et ta voix s'est cassée sous l'émotion quand tu as tenté de me répondre que oui. Une demande d'enfant dans un corps de femme. Une demande d'enfant avec des intentions de femmes. Tu m'as prise dans ta chaleur. Tu m'as fait entrer dans ta bulle de tendresse. Des milliers de parcelles de bonheur ont tangué sous mes yeux éblouis.

Au matin, tu m'as dit qu'il n'y avait pas un millimètre de mon corps qui n'était une merveille. Tout surpris. Et je t'ai quitté sur un sourire. L'angoisse grandissante. Et je t'ai quitté sans promesse en sachant qu'à la première minute suivant mon départ, je me languirais de toi.

Libellés :

12 Commentaires:

Blogger Pitounsky s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Magnifique. Plein d'émotions. J'en ai eu les frissons...

5:58 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ça permet de rêver. :)

8:22 p.m.  
Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Tes textes sont toujours bons, mais ça faisait longtemps que mes genoux ne m'avaient pas lâchés en lisant un de tes textes...

...et c'est arrivé il y a 20 secondes! ;)

8:34 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Vraiment magnifique Mathilde... En espérant qu'il y ait un peu de vrai dans tout ça ;)

12:46 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Eh bien... je serai encore plus naïf que Valérie. Qui est-ce? Je veux des détails! ;-)

9:50 a.m.  
Blogger Vertige s'est arrêté(e) pour réfléchir...

C'est tellement beau. Ça m'inspire des images plein les yeux. Merci!

11:37 a.m.  
Blogger tchendoh s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Oh you naughty girl!

5:22 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Pitounsky : Je ne te sais plus vraiment, ça fait longtemps que je ne suis pas allée te visiter, tu étais trop silencieuse pour moi. Mais te toucher me fait toujours autant sourire.

Benoit : Ça permet d'espérer6

Souris : Au moins, ça ne dure pas trop longtemps pour que tu reprennes possession de tes pas.

Valérie : Merci. Contente de te voir ici; je ne savais pas si tu continuais à orbiter sur ma blogosphère.

Alex : T'es trop curieux!

Vertige : Merci, c'est tout un compliment ça.

Tchendoh : Naughty? Faudrait pas que je me mette à l'écriture de textes érotiques... Qu'est-ce que tu en penserais :s

7:39 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

C'est superbe de sensualité...

11:05 a.m.  
Blogger Miss Patata s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Wow Mathilde!
J'ai arrêtée de respirer un moment :)

9:52 a.m.  
Blogger Vianney s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Salut Mamathilde,
je viens de retrouver ton blog. Et j'y reviendrai.

2:30 p.m.  
Blogger Celle qui va s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Époustouflant... et tellement vrai.

9:05 a.m.  

Publier un commentaire

<< Retour sur le sentier