lundi, décembre 11, 2006

Si je savais où il est !

Voici ma contribution de la semaine pour le Coitus impromptus.
***********************************

« Hey Julie, t'as manqué quelque chose à la radio tout à l'heure, il y avait Patrick Watson en direct à Christiane Charette! »

« Ben c'est pas grave, y'a un code 6 dessus! »

Je regarde Louis interloquée, évidemment, nous n'avons absolument pas compris de quoi il est question. Mais c'est normal, c'est chez-nous. On a droit à une explication aussi farfelue que difficile à saisir dans laquelle il est question de croire ou ne pas croire ce que l'autre dit au sujet d'un artiste. Le tout dit d'un ton très convaincu. Alors nous nous devons d'acquiescer. Marie-Hélène se lève au mileu d'éclats de rire, pas tout à fait débarbouillée de sommeil encore, confuse des dodos qui embrument son regard et Louis l'appelle Sexisness tandis qu'elle m'envoie un signe de totale confusion. Moi je me marre devant mon ordinateur. Julie est dans ma chambre, puisque « c'est plate dans ma chambre ce matin, il n'y a personne alors je vais squatter la tienne » comme elle me l'a expliqué en se levant ,une heure plus tôt. Dans la cuisine on entend Louis entreprendre une attaque de bisous sur sa Marie.

C'est ainsi, à l'appartement le matin, quand tout le monde est là. C'est une maison de fous où il faut habiter pour suivre le fil des discussions. Dès qu'une personne se pointe à la maison et que nous sommes tous les quatre, on sent bien que le pauvre invité est perdu dans nos phrases incomplètes qui évoquent plusieurs sujets tout à la fois. On peut parler une minute de musique et enchaîner sur la dernière version de Final Fantasy sans transition. Mais on se comprend.

Franchement, lorsque nous avons pris la décision d'habiter tous ensemble, au printemps dernier, tout le monde nous regardait bizarrement. Deux filles célibataires et un couple. Il y avait peu de chances de survie. Cinq mois plus tard, non seulement nous y survivons très bien, mais nous nous entendons certainement mieux maintenant qu'à nos débuts en colocation. On se connaît mieux, on s'apprécie mieux. La maison est le théâtre quotidien d'une vie qui semble tout droit tirée d'une comédie de situation mal dégrossie. Tous les éléments sont en place pour qu'on se tire des assiettes en pleine face. Sauf que ce n'est pas du tout l'ambiance. En réalité, on rit. On se raconte n'importe quoi. Si par inadvertance on ne se voit pas pendant plusieurs jours, on s'ennuie. On s'écrit des courriels ou on se laisse des messages sur le répondeur. Nous défions l'improbable. Et l'absurdité.

Il y a des matins où je me lève dans la solitude. Trop tôt pour les habitudes de la maison. J'en profite pour lire et écrire un peu. Mais dès qu'un comparse se lève, fini la trêve d'écriture, ma chambre est envahie par les bruits, les rires et les commentaires de la vie des autres. Alors j'écris beaucoup moins souvent qu'avant. Je suis moins seule, moins triste aussi. Et le soir, je n'arrive jamais à me coucher. J'ai beaucoup trop de plaisir à parler avec mes colocs, à aider Louis à passer à travers un tableau de jeu vidéo ou encore à parler confidences avec Marie ou Julie.

Et quand mes émotions tournent au vinaigre, que l'angoisse me ronge et que la panique est sur le point de faire virer mes nuit en cauchemars, je me lève en sachant que je pourrai en parler avec la première personne à se lever après moi. On ne rira pas. On ne me jugera pas. On écoutera le mal-être, la douleur, les complexes. On me dira qu'on me comprend et ce sera vrai. Alors les monstres qui me taraudent s'enfuiront, pour quelques semaines ou quelques mois. Et je sais qu'ils seront repousser avec autant de verve si d'aventure ils se représentaient.

Depuis que j'habite ici, j'ai perdu le temps d'écrire tous les jours. Si je savais où il est, je ne suis pas certaine que je choisirais de le cultiver. Je crois, que je préfère vivre et rire avec des gens qui m'aiment et que j'aime en retour.

Libellés :

9 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Votre appart respire la vie. Et, quoiqu'on en dise, l'écriture est un peu la vie par procuration. C'est bien normal de vouloir délaisser l'écriture un brin. ;-)

1:42 p.m.  
Blogger tchendoh s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Bon ben je suis content de savoir que Juli est pas morte! :P

Et aussi j'en profite pour me vanter d'avoir été présent le jour de cet union au Boudoir.

5:44 p.m.  
Blogger Juli s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Rock on!!!!!!!!!!!!

Moi je veux déménager là!





Ahhhh..... Ouin, c'est vrai.....



Rire!

8:48 p.m.  
Blogger François s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Oui, je suis heureux pour toi et tout, mais... je me suis accroché les pieds au début : "Je veux savoir ce qu'est un code 6!"
Tu sais, ça ressemble beaucoup à une description du bonheur, ce texte...

12:27 p.m.  
Blogger Joss s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Cet harmonie chaotique n'est possible que lorsqu'il y a tout un groupe d'amis, un peu fous, avouons-le, qui décide de partager ensemble. Ça prend des gens gentils. Tu vois, ça ressemblait à ça avant mon Apocalypse... Mais maintenant à seulement deux dans le grand appart, je m'y perd un peu... Je ris un peu moins... J'écris plus...
;)
Mais les rires et le bonheur ne saurait tarder...
XXX

4:41 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Benoît : J'ai certainement décidé de respirer l'air ambiant au lieu de simplement théoriser ma vie en l'écrivant.

Tchndoh : Oui et ta face était signifiante quand tu l'as compris. Tu faisais clairement partie des sceptiques ;-)

Juli : j'étais certaine que tu m'écrirais MA-LA-DE!

François : Ah ben, c'est que je ne suis pas certaine de comprendre exactement ce qu'est un code 6. Mais Patrick Watson en avait clairement un. C'est ce que j'ai compris.

11:31 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Joss : Je me suis permis de supprimer tes deux doublons, sans rancune j'espère...

Mais je me demande si les ourangans qui traversent ta vie actuellement ne seraient pas un peu responsable de ton silence...

11:35 a.m.  
Blogger Joss s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Oui, sûrement que ems silences sont dû à ça... J'admire les vagues sans trop partager les moins belles...
Je dois bien avouer que j'aime moins me montrer quand j'ai le mal de mer!
Excuse-moi, en passant pour les billets doublés. Hier, mon ordinateur "fuckait" (en bon français) et je pensais que mon commentaire ne s'enregistrait jamais... Hi! Hi! Il a y du monde qui ont eu 15 fois le même!

2:36 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je voulais juste de dire que ton billet est superbe. :)

7:59 a.m.  

Publier un commentaire

<< Retour sur le sentier