jeudi, novembre 13, 2008

Pôle Nord

J’étais encore toute petite, au sens propre du terme, lorsque mon école a déménagé assez loin de la maison pour que je sois tenue de m’y rendre en voiture ou en autobus. Mais assez vielle pour ne pas avoir envie d’arriver dans la voiture familiale tous les jours. Un besoin d’indépendance très tôt développé faisait en sorte que je préférais, de loin, me débrouiller toute seule. Par conséquent, je fréquente les autobus de ville depuis fort longtemps. À cette époque, je n’avais pas atteint ma pleine grandeur et il me tardait d’être assez grande (en hauteur) pour qu’enfin mes pieds touchent le plancher lorsque je prendrais place dans un de ces bancs. J’apprendrais à mes dépends que cette grande aspiration ne verrait jamais le jour : encore aujourd’hui, mes pieds balancent dans le vide.

Mais cela n’est valable que lorsque je peux m’asseoir ; à l’heure de pointe je suis généralement coincée entre deux sacs-à-dos et autres géants qui prennent toute la place dans l’allée et tous les points que je puisse atteindre de ma main sur les poteaux qui me permettraient d’atteindre un certain équilibre. Pourquoi diantre, les grandes personnes, en hauteur toujours, ne tiennent-elles pas compte de la hauteur des petites personnes lorsqu’ils s’engouffrent dans l’autobus?

N’empêche j’aime beaucoup prendre le transport en commun, malgré tous les inconvénients qui y sont reliés. C’est un endroit qui nourri grandement mon inspiration. Zone par excellence d’observation du genre humain, je me repais des petits travers de mes concitoyens. Surtout de ceux que j’y croise régulièrement. Ils deviennent des personnages en éclosion des pages que je laisse traîner ici. J’apprécie particulièrement les trajets que je fais le soir, après 21 heures. Lors de ces voyages, la clientèle est, disons, intéressante. De plus, l’espace disponible me permet une large observation des voyageurs. Je peux même surprendre des bouts de conversation que je m’empresserai de noter une fois arriver à destination.

Hier soir, un petit bout d’homme est rentré dans l’autobus un arrêt après moi. Il avait les bras surchargés d’objets indéfinissables et encombrants. Plein de trucs en plastiques aux couleurs criardes. L’homme était tout petit, bedonnant de ce que je pouvais voir puisqu’il me tournait le dos. Étrangement, les passagers déjà présents qui lui faisaient face lui adressaient tous la parole. Comme s’il était un réel habitué de ce trajet et qu’en fait j’étais dans SON autobus. Il a fini par prendre place et me faire face. Ses petits pieds potelés touchaient encore moins le sol que les miens et se balançaient étrangement au bout de ses jambes. Et puis, j’ai vu qu’il avait une grosse barbe blanche et qu’il abordait fièrement une pancarte lumineuse indiquant « Pôle Nord » qui pointait sur lui.

Moi qui ai toujours cru que le Père Noël était un grand homme, hier soir j’ai compris qu’il était plus petit que moi.

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4 Commentaires:

Blogger Michèlelamamande s'est arrêté(e) pour réfléchir...

ha, ha, ha, pour ne pas dire ho, ho, ho.

12:47 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Mamamanàmoi : je te répondrai hi hi hi!

5:57 a.m.  
Blogger Alexe-Sandra s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ca me rassure de savoir que les plus grands hommes peuvent aussi être les plus petits! Le Père Noël et Napoléon sont désormais mes idoles!

10:29 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Alexe : Bah moi Napoléon, je le trouve un peu sanguinaire (indirectement). Mais le Père Noël, il est vraiment dans une classe à part!

9:30 a.m.  

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