dimanche, février 24, 2019

Les immortels n'existent pas

Dans mon enfance, les voisins derrière chez-nous étaient des professeurs d'école secondaire. Une prof de français et un prof de maths. Ils avaient une maison bien ordonnée et très tranquille comparativement au bordel quasi constant dans lequel je baignais quotidiennement. Parce que deux enfants qui ont presque 10 d'écart d'âge, ce n'est pas la même réalité que 4 enfants avec le même écart d'âge. Comme l'aînée avait a peu près mon âge, nous sommes vite devenues amie. Ce qui fait que j'allais bien quelquefois dans sa maison, mais nous préférions être chez-moi pour un paquet de raisons, surtout parce qu'il y avait beaucoup moins de règlements.

Son père était un homme sévère. Il me semble qu'il n'était pleinement heureux que dans son jardin qu'il entourait de mille soins. Je le soupçonne d'avoir acheté cette maison pour avoir une grande pièce de plus que celles de l'intérieur dans laquelle il pourrait s'épanouir. Il avait d'ailleurs fini par faire plus d'une pièce dans son extérieur et il fallait faire bien attention aux endroits où l'on mettait les pieds parce que chaque profanation de son gazon était notée et soulignée. C'était un personnage comme cela.

Il m'impressionnait beaucoup parce que les maths ne lui parlaient pas chinois. Il trouvait souvent le moyen de nous expliquer à sa fille et à moi, des concepts qui nous avaient échapper en classe. Même si nous ne fréquentions pas la même école toutes les deux, on était dans la même année scolaire et on voyais les même matières donc, on s'en parlait. Je n'aurais jamais osé demandé à ce monsieur de m'aider dans un devoir, il n'était pas à ce point convivial, mais sa fille elle, ne se gênait pas pour le faire et moi j'écoutais toute oreilles et parfois, je finissais par comprendre enfin un concept qui fuyait devant mes yeux à toutes jambes, depuis des semaines.

Si j'allais au collège où il enseignait, je ne l'ai jamais eu comme professeur. Il était le père de mon ami et un voisin proche. Je l'ai beaucoup regretté parce qu'en secondaire 4 justement, je n'étais plus dans la même classe que ma tutrice des années précédentes et que je n'avais plus personne pour me réexpliquer en termes différents ce qui venait d'être annoncé par le professeur. Et que j'ai fini par échouer mes maths et changer d'école ensuite. Alors bien sur, je me suis complu à croire que s'il m'avait enseigné, je n'aurais pas échoué. Mais en fait, je l'ignore totalement.

J'ai quitté Ahunstic en 1994. Laissant derrière moi un paquet de gens et de souvenirs. Et cet homme en particulier, je l'ai figé dans le temps. Je ne sais pas pourquoi, il m'apparaissait improbable qu'il vieillisse. Pour moi, il avait encore quelque chose comme 45 ou 50 ans. Ce qui est évidemment complètement faux.

J'ai appris cette semaine qu'il est décédé le 20 février. Ça m'a causé un énorme choc parce qu'il faisait partie de mes immortels, un genre de personnage plus grand que nature qui ne pouvait pas passer l'arme à gauche.

Il va sans toute que je me fasse à l'idée que les immortels n'existent pas.

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dimanche, octobre 07, 2018

Mariage d'automne

Il y a quelques années déjà, il y avait ce grand jeune homme qui traînait ses savates à la librairie. Il venait souvent chercher une personne, mais on commençait à se dire qu'il s'attardait toujours un peu longtemps auprès d'une des nôtres. Celle-ci en tout cas, le trouvait séduisant et ne s'en cachait presque pas. À l'époque, elle était, je dirais fragile, en perpétuel déséquilibre sur sa propre ligne de vie. Si, la plupart du temps, elle était joyeuse, il lui arrivait de se lever au beau milieu du pays des zombies et ces jours-là, qui s'étiraient parfois en semaines, elle peinait sincèrement à mettre un pied devant l'autre. C'est avec beaucoup de courage elle continuait à avancer, malgré tout.

Alors quand ce grand jeune homme s'est mis à la visiter pas tout à fait subtilement et que nous, ses amies, l'avons vue s'illuminer de l'intérieur, nous étions heureuses de voir qu'elle se portait bien en sa compagnie et surtout qu'elle semblait croire qu'il pourrait peut-être y avoir pour elle un brin d'amour ou d'affection sans qu'il lui faille s'émietter le cœur dans d'atroces douleurs pour que le sentiment existe. Elle disait, et dit toujours, que cette homme était pour elle un ancrage dans ses tempêtes, alors après l'avoir attrapé, elle ne l'a plus lâché. En moins de temps qu'il n'en faut pour dire : « lapin » il a été intégré au groupe de filles du boulot qui allait prendre une bière le jeudi.

Au départ, je dirais que je n'étais pas certaine que cette histoire allait durer, tout en sachant qu'ils s'aimaient très fort. Mais eux y croyaient, et c'est là, je crois, l'essentiel. Ensemble ils ont construit des ponts entre toutes sortes de sujets les faisant se rapprocher de telle manière que ceux-ci ont fini par se toucher. Ils ont franchi leurs étapes dans l'ordre, pour eux. L'achat d'une maison, pour commencer, un fils pour continuer et un autre quelques années plus tard. Et au bout de douze ans, ils se sont dit qu'il était plus que temps de passer à autre chose, c'est-à-dire de se marier. C'est ainsi que, un an plus tard, par une journée grise d'octobre, égayée par une flambée des couleurs particulièrement réussie, ils ont convié parents et amis à être témoins de leur union.

Comme on pouvait s'y attendre connaissant les principaux intéressés, ce n'était pas tout à fait traditionnel, à commencer par une mariée en pantalons et un marié en espadrilles. Ce qui ne les empêchait absolument pas de briller d'une élégance tout à fait dans leur genre. Et le décor était lui aussi à leur image, chaleureux et bon enfant.

Ils se sont échangés leurs vœux en toute simplicité avec un clin d’œil de leurs enfants qui participaient fièrement à la fête. C'était un magnifique moment, tout en douceur et en complicité. Je leur souhaite encore un grand bout de chemin côte-à-côte parce qu'ils se complètent et s'équilibrent particulièrement bien.

Grâce à eux, hier soir, personne n'aurait pu croire que pour certains, l'automne est une saison triste.

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dimanche, septembre 30, 2018

Couch surfing

Si je suis toujours ravie d'avoir déménagée, je commence à comprendre que si les nuits sont bien moins souvent agitées par ici, lorsqu'elles le sont, cela a un impact beaucoup plus fort. Comme si le fait d'entendre des bruits qui ont pourtant « bercés » mes nuits durant près d'une dizaine d'années en dehors du contexte dont j'avais l'habitude les rendaient encore plus tonitruants.

Il y a deux nuits j'ai été réveillée par un homme audiblement soûl qui hurlait des insultes colorées à plein poumons. J'ignore où il était exactement, ne résidant plus exactement sur la rue. Mon logement étant situé à l'arrière de l'édifice il m'est difficile, au cœur de la nuit de savoir d'où viennent les bruits. Et non, je ne traverserai pas l'édifice à cinq heures du matin mue par la curiosité pour identifier l'origine des sons. Toujours est-il que la personne après qui il criait le suivait en voiture et klaxonnait de manière quasi continue. Je ne sais pas combien de personnes ont été réveillées par ce vacarme nocturne, mais pour ma part, ça m'a pris un temps fou pour me rendormir.

Étrangement, dans l'ancien appartement, les bruits étaient beaucoup plus forts parce que beaucoup plus près de moi, mais généralement, je ne me réveillais pas tout à fait, après avoir identifié la source du vacarme : cela faisait partie des bruits normaux. Ici, c'est le calme plat. Je n'entends même pas les autobus qui roulent sur la rue Fleury, J'entends à peine mes voisins du dessus de temps en temps quand ils se disputent ce qui n'arrive pas assez souvent pour que je leur en tienne rigueur. Et j'ai l'habitude des pas sur ma tête que j'entends depuis tellement longtemps que je ne les remarque même plus.

C'est ainsi qu'après avoir fini par comprendre ce qui me tirait hors des bras de Morphée, j'étais beaucoup trop réveillée pour me rendormir. Je n'avais pas envie de me sortir du lit, mais je sais d'expérience que de traîner au lit en jouant à « pis tourne » est la pire manière d'essayer de retrouver le sommeil. Ce qui ne m'empêche en rien, à tous les coups de rester au lit, les yeux grands ouverts à regarder passer le temps qui raccourci indubitablement ma nuit de sommeil.

J'ai tout de même fini par me tanner. Je suis allée travailler sur le casse-tête qui était en route. J'ai vu le le ciel s'éclaircir tranquillement pendant que le soleil se levait. Par chance, je ne travaillais pas de jour, j'avais donc le loisir de faire une sieste. C'est donc dans cet état d'esprit que je me suis installée sur le divan avec un livre et une grosse couverture bien chaude. Je n'ai pas dû lire beaucoup plus que 10 lignes avant de m'endormir pour de bon et de terminer ma nuit.

Je me suis réveillée deux heures plus tard, bien reposée et même pas courbaturée. Alors j'ai pensé, encore une fois que j'avais donc bien fait de déménager..

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dimanche, août 12, 2018

Le 12 août, j'achète un livre québécois

Il y a cinq ans naissait, à l'initiative de deux auteurs québécois que je ne connaissais pas, la journée, j'achète un livre québécois. Déjà, à la première occasion, on en entendait parler en librairie et les clients étaient tout étonnés que nous n'ayons pas fait de mise en place pour l'occasion. Il faut savoir que c'était alors une première et que ça partait d'une page Facebook qui incitait les Québécois à collectivement penser à acheter des livres d'ici de tout acabit, mais ce n'était rien de plus qu'une bouteille lancée à la mer de l'internet. Alors, les libraires ont été surpris par la demande soudaine. L'année suivante, prévenues, la plupart des librairies avaient au moins fait une mise en place.

L'an dernier, nous avions des auteurs en séances de signatures. Plusieurs par succursale, ce qui a occasionné certaines anicroches dans les ballets entre deux auteurs et au final, trop d'événements en même temps c'est comme pas assez, on fini par s'y perdre et le succès est moyennement au rendez-vous, sauf pour l'achat des livres, parce que ça, année après année, c'est un succès qui ne se dément pas.

Cette année, nous avions une auteur de littérature jeunesse, éditée dans une maison d'édition dont j'ignorais l'existence il y a deux semaines. Il va sans dire que je ne connaissais pas davantage cette auteur pourtant prolifique. Elle s'est installée à l'entrée du magasin en début d'après-midi et elle a animé la boutique de très belle manière. D'abord, elle accueillait tous les clients avec un large sourire et expliquait la journée. Bien entendu, elle vendait d'abord ses livres, c'est le jeu, sauf que sa joyeuse bonhomie a fait des miracles pour les ventes d'autres auteurs québécois. Elle disait à tout le monde : « Si mes livres ne sont pas dans votre créneau, au moins faites fièrement votre 12 août ».

Par conséquent, tous les employés ont largement été pris à contribution dans la valse des suggestions de livres d'auteurs d'ici. Sans discrimination; romans, albums, BD, biographies, livres de sport, de cuisine, de croissance personnelle et tutti quanti. Et le personnel a fait sa part, moi incluse avant de quitter la succursale. J'avais appris, vendredi, qu'il y avait eu une augmentation de 323% des ventes de livres québécois le 12 août l'an dernier et ça m'avait réchauffé le cœur, pour tous ces auteurs qui sont trop largement inconnus.

Et en fin de journée, alors que l'auteur avait quitté depuis deux bonnes heures un homme est entré avec ses filles alors que je me battais avec le recyclage. Je l'ai immédiatement reconnu. Il était venu en magasin au début de l'hiver pour me parler de sa petite qui avait des difficultés en lecture et il trouvait ça terriblement triste parce qu'elle se détournait des livres, elle qui les avait tant aimé jusqu'à ce que la lecture devienne un devoir. Je lui avait alors suggéré de prendre un livre qui l'intéresserait lui, pour partager, avec sa fille, la lecture. Et évidemment, de commencer avec des choses faciles pour que la lecture devienne une réussite et un plaisir et non un devoir.

Alors, il m'a présentée à sa fille en lui disant que j'étais celle qui lui avait fait acheter : « Chloé et sa copine de lecture » qui avait permit à la fillette de débloquer de trouver le plaisir de lire, avec son papa. Je dois dire que j'ai vécu une vraie grosse émotion, les larmes me sont littéralement montées au yeux, mais c'étaient des larmes de joie. La petite est partie avec deux beaux livres québécois, fière comme une princesse qu'elle était d'avoir un livre avec presque pas d'images à lire avec son papa. Et lui est parti en me serrant la main et en me disant : « merci, merci, merci », comme si j'avais fait une vraie différence dans sa vie.

Aujourd'hui, c'était une journée de fête qui ne pouvait pas vraiment mieux se terminer.

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jeudi, juin 07, 2018

Le roi de la montagne

Il y a environ deux semaines, j'écrivais sur ce nouveau voisin qui avait installé des hauts-parleurs à l'extérieur de son domicile, afin de faire partager ses goûts musicaux au voisinage, dans un large élan de générosité (!?). Dans ma très grande innocence, je m'imaginais être la seule à en vivre les désagréments étant donné que sa musique ne joue pas si fort. À preuve, mon colocataire dont la fenêtre est de l'autre côté de la porte d'entrée, ne l'entendant absolument pas.

J'ai récemment été détrompée parce que ledit voisin a été harangué vertement par ma voisine du dessus

Au moment des événements, mon colocataire et moi étions en train de terminer la vaisselle dans la cuisine lorsque notre activité vespérale a été perturbée par des hauts cris provenant de l'avant de l'édifice. Mus par une espèce de curiosité malsaine, lui et moi nous sommes installés sur le bord de mon lit pour écouter, discrètement la joute.

La jeune fille était furieuse, pour une raison que nous ignorons toujours. En substance, cependant, elle disait au voisin qu'il était un personnage désagréable qui s'était déjà chicané avec tout le monde en un très court laps de temps et qu'il était certainement temps pour lui de finir par se mettre dans la tête que ses habitudes ne convenaient pas à l'environnement immédiat. Elle affirmait rester dans le secteur depuis sa naissance et avoir de bonne relation avec l'ensemble du voisinage et que beaucoup de gens lui avaient partager leur irritation généralisée.

Dans ma chambre, coloc et moi retenions nos fou-rires en nous étonnant de la proximité de la voisine avec le reste de la faune. L'homme lui répondait qu'elle ne se mêlait pas de ses affaires et qu'il avait bien le droit de vivre sa vie comme il l'entendait. Elle lui avait rétorqué que c'était vrai tant que le reste de l'univers n'en était pas dérangé. C'est à ce moment que j'avais compris que son système de son était étendu à la cours arrière, là où donnent la plupart des fenêtres des chambres des locataires de notre rue et de celle d'en arrière. Il n'y a pas de ruelle derrière chez-moi, ce faisant la proximité des résidences forme une espèce de caisse de résonance faisant en sorte que beaucoup de gens bénéficiaient, contre leur gré, des goûts musicaux du nouveau voisin.

Bref, la jeune femme l'a entretenu de respect, d'art de vivre et tutti quanti, à ma grande hilarité parce qu'elle n'est pas la personne la moins bruyante à ma connaissance, loin s'en faut. Elle a finit par quitter la scène en montant bruyamment ses marches, toujours furieuse, tandis que pour se venger, le voisin mettait sa musique à plein volume comme pour prouver son point. Sauf que la police est débarquée dans les minutes qui ont suivi et que tout le tintamarre s'est brusquement arrêté.

Depuis, il ne met la musique à l'extérieur que lorsqu'il y est, et pas très longtemps. Je soupçonne fortement le reste du voisinage de le gracier de regards noirs à toutes les fois où il s'y essaie.

Je n'ai jamais vraiment eu l'impression de faire partie de le même espèce que la plupart des gens qui habite autour d'ici, tandis que cet homme bruyant semble partager beaucoup de codes avec cette faune. Visiblement, il vient d'apprendre à ses dépends que s'intégrer au voisinage ne veut pas nécessairement dire de s'imposer en roi de la montagne...

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jeudi, mai 24, 2018

Mission de sauvetage

J'étais installée devant mon ordinateur à triturer un texte qui n'aboutissait à rien. L'idée était bonne, mais il me manquait un petit quelque chose pour pouvoir dire que c'était un texte, en tout cas un texte publiable. Comme souvent, j'écoutais sans écouter la radio, une émission que j'avais entendue le matin et par conséquent qui ne m'intéressait que vaguement. N'arrivant à rien avec ma prose, j'avais décidé de fermer la radio histoire de mieux canaliser ma concentration.

J'ai aussitôt été happée par un autre bruit de fond beaucoup plus dérangeant.

Depuis quelques semaines, j'ai un nouveau voisin. Il s'est mêler au voisinage existant comme s'il faisait partie du tout de départ, autant dans sa manière d'être que dans ses goûts en décoration, en musique et tutti quanti. Et il a eu l'heureuse idée de mettre un haut-parleur sur son balcon dont le son donne directement sur la fenêtre de ma chambre, c'est dirigé sur elle et il y a genre un mètre qui les sépare. Alors j'entends sa radio commerciale quasi 24/7.

Oh, ce n'est pas très fort, le problème, ce sont évidemment les publicités tonitruantes qui changent le volume régulièrement et m'éveillent constamment. Et ce, même si le voisin en question est enfermé à l'intérieur. Comme s'il avait pris sur lui d'animer quiconque aurait la chance de passer sous ses fenêtres. En réalité, il est très rarement dehors, ce qui fait que la seule personne qui bénéficie de sa largesse d'esprit, c'est moi. Et disons que je m'en passerais volontiers. Je me couche donc la fenêtre fermée, des bouchons dans les oreilles, que j'ôte autour de 3 heures du matin quand je me rend compte que la radio est enfin éteinte.

Depuis un certain temps, je tergiverse avec l'idée d'appeler la police, parce que c'est une forme de pollution pour moi. Ce qui me retenait, c'est que je n'avais pas adressé mes doléances à la personne concernée.

J'ai résolu ce point ce soir en rentrant du travail. Ça ne me tentait pas d'aller le trouver, surtout qu'un homme lui parlait à partir du trottoir et juste à passer derrière lui, j'avais senti tout l'alcool dont il était imbibé. Je suis presque rentrée dans la maison sans rien dire, puis j'ai tourné les talons et je suis allée le voir pour lui expliquer que sa radio me dérangeait. Il m'a répondu que ce n'était même pas fort. J'ai dit que c'était vrai mais que ma fenêtre était presque sous son haut parleur. Il m'a regardée comme si je débarquait de la planète mars en disant : « tu tiens ta fenêtre ouverte? » J'ai répondu que sans climatisation, ça s'imposait. Il a opiné. Il m'a dit qu'il accepterait de couper sa musique à 23 heures la semaine seulement.

J'ai rétorqué que s'il était dehors, après cette heure, je pouvais comprendre qu'il laisse la musique, mais que je ne voyais pas pourquoi il la laisserait jouer quand il est à l'intérieur. Il a considéré ma demande et m'a dit oui, à reculons.

Pendant ce temps l'autre homme tentait de m'expliquer où il habitait et de me dire que lui ne faisait pas de bruit. Sérieusement, je n'en avais rien à faire : je n'étais pas en mission sociale mais en mission de sauvetage de ma santé mentale.

J'espère vraiment pouvoir dormir sur mes deux oreilles la nuit prochaine. Disons que j'en ai grandement besoin...

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jeudi, mai 03, 2018

Fillette étincelle

Je crois que j'ai été témoin de son tout premier voyage en autobus de ville vers son école. C'était il y a longtemps, quelque chose comme 7 ans. C'était une toute petite filles aux vêtures colorées. Elle portait souvent une multitude de rubans dans sa chevelure crépue et la plupart du temps elle était en robe. Elle me faisait un peu penser à la petite Mathilde qui n'aimait donc pas porter des pantalons durant l'enfance parce qu'elle rêvait d'être princesse et devait systématiquement faire tourner ses robes pour s'y sentir à l'aise. Combien de fois aie-je vu cette petite fille effectuer cette manœuvre que je connaissais si bien?

Les premières fois, sa maman l'accompagnait jusqu'à l'école, je présume. Je descends de l'autobus avant, je ne peux donc pas confirmer mon impression. Mais je sais que graduellement, la maman s'est contenté de conduire la fillette à l'arrêt d'autobus et un beau jour, elle est venue toute seule, et très fière sous le poids de son sac à dos surdimensionné. Avec les années, il nous est arrivé d'échanger quelques mots. Généralement c'était elle qui me demandait l'heure, histoire de s'assurer qu'elle n'avait pas manquer l'autobus (il lui arrive parfois de se présenter à l'arrêt presque en même temps que ledit autobus). Elle est toujours très polie et déférente avec moi, parce que je suis son aînée, je suppose.

Pendant quelques années, elle restait vers l'avant du bus jusqu'à un certain arrêt où une de ses amies montait à son tour. Alors la fête commençait et elles s'enfonçaient dans le ventre de la bête, le plus loin possible, pour se blottir sur un banc trop haut pour elles afin de se partager leurs messes basses bien dissimulées sous les contours de leurs gigantesques cartables.

Il y a deux ans environ, le rituel s'est arrêté. L'autre jeune fille n'y était plus. Peut-être avait-elle changé d'école ou encore déménagé, toujours est-il que je ne l'ai plus jamais revue à cet heure, sur cette ligne de bus. Cet automne-là, ma petite compagne de trajet qui se muait tranquillement en adolescente, avait un peu l'air triste. Jusqu'à ce quelle décide de prendre en charge des enfants de son écoles qui montent au même arrêt que nous. Elle a généreusement offert aux parents de mener les enfants à bon port, de transmettre son savoir de l'itinéraire pour que les enfants soient à leur tour capables de cette indépendance.

Pendant une bonne partie des mois d'automne, elle arrivait avec sa petite marmaille qu'elle était allée cueillir à leur porte. Elle assumait avec beaucoup de dignité et de responsabilité la tâche qu'elle s'était donnée. Et quand les enfants avaient voulu voler de leurs propres ailes, elles les avait regarder monter dans l'autobus sans son aide avec une fierté toute fraternelle.

J'ai hâte de déménager, je suis plus que tannée de mon quartier, mais cette jeune demoiselle va me manquer. En fait, ce que je regrette vraiment c'est de ne pas avoir l'occasion de voir qu'elle femme elle va devenir.

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jeudi, avril 26, 2018

Réfugiés climatiques

J'ai l'habitude de poser un certain regard sur les excentriques que je croise. Je ne fais pas tout à fait exprès, je les vois, voilà tout. De ce fait, j'ai remarqué une certaine forme de migration de la vaste majorité d'entre-eux en fonction des saisons. Nous sommes actuellement à une charnière saisonnière, justement, par conséquent j'ai constaté plusieurs abonnés absents dans les rangs des visages que je croise quotidiennement depuis des mois. Par exemple, l'homme qui a tenu la porte du métro Jean-Talon tout l'hiver s'est fait la belle depuis la fin de semaine. Il s'était aussi évaporé au printemps dernier, pour mieux se matérialiser à son poste quelque part en novembre.

À mon passage à Berri aujourd'hui, le ciel crevé déversait des trombes d'eau. Ce qui a bien entendu amené un bon nombre d'individus à se réfugier dans les longs corridors qui mènent aux différentes portes extérieures, en faisant en quelque sorte, des réfugiés climatiques. À cause d'un détour sur les rues du dessus, mon propre itinéraire à l'intérieur de ces murs a été modifié en faisant en sorte que j'ai parcouru, sous terre, un beaucoup plus long chemin qu'à l'ordinaire.

J'ai revu plein de personnes que je n'avais pas vues depuis fort longtemps. Non, je ne suis pas altruiste au point de m'en être aperçue sur le coup, mais à les revoir tous, massés dans des corridors en échos, un peu plus maganés que l'an dernier, beaucoup plus usés, m'a fait réaliser leur récente absence. Je me suis d'ailleurs trouvé juste assez égoïste de ce fait, pour avoir l'impression de faire encore partie de la masse plus ou moins indifférente qui les entoure.

Ces gens, je les croise d'ordinaire à l'extérieur sur des coins de rues précis le long du trajet que j'aime faire à pied entre chez-moi et Berri. En me rendant à l'évidence qu'ils animent ce secteur de la ville durant les belles saisons, même lorsque celles-ci ne le sont pas vraiment. Les habitués de l'hiver se sont pour la plupart évanoui de mon champ de vison. J'ignore où il passent ces mois-là. Et je sais d'expérience que je vais m'habituer à ce nouveau paysage humain en laissant ces visages s'étioler dans ma mémoire sans trop m'en apercevoir. D'autant que je ne verrai pas leur automne au quotidien, puisque je déménage dans deux mois.

Néanmoins, les itinérants et autres personnages étranges ne sont pas les seuls réfugiés climatiques que j'ai croisé en masse aujourd'hui. Partout autour de moi, d'autres mains se tendaient pour que je cotise à une cause ou une autre, comme si toutes les équipes sollicitation des organismes à but non lucratif s'étaient aussi rabattues dans les même corridors impersonnels. Et si j'ai beaucoup de tolérance envers les étranges, je le suis beaucoup moins avec ceux qui me lancent des petits commentaires désobligeants quand je leur dit que je ne suis pas intéressée à m'arrêter pour écouter leur laïus sur les causes qu'ils défendent, aussi juste soit-elle.

Et pour couronner le tout, il y avait des distributeurs de bibles et autres représentants religieux à tous les trois pas. Tout ce beau monde voulait mon bien, à leur mesure, à condition que j'endosse, j'appuie, je collabore financièrement ou par d'autres moyens à leur réalité faisant en sorte que j'ai franchement eu l'impression de devenir une proie un peu trop facile pour tous ces réfugiés du climat.

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dimanche, avril 08, 2018

Zone d'inconfort

J'ai une amie qui a pris la décision de déménager en dehors de sa zone de confort. Elle et moi, on se connaît depuis longtemps. Plus de quinze ans. On en a déménagé, ensemble, ou séparément, des meubles. Mais depuis une douzaine d'années, on s'était plus ou moins établies dans des secteurs que nous connaissions par cœur toutes les deux. Notre zone s'étendait autour de l'axe de la station Berri avec un jeu de 7 sept stations en direction nord et est.

Quand l'immeuble ou elle vivait depuis plusieurs années avait été vendu, elle s'était aussitôt mise en quête d'un nouveau nid. Elle avait déjà en tête Verdun comme prochain lieu de vie. Je ne connais pas cette partie de la ville, c'est très au sud et très à l'ouest, pour une fille qui a grandi dans Ahuntsic. Pour ma première visite officielle dans son nouveau logis, je m'étais perdue en m'y rendant. J'avais pris sa rue dans le mauvais sens et m'étais retrouvée une station de métro en aval. J'avais un peu honte quand je lui avais annoncé que je m'étais perdue, mais je ne pouvais pas faire autrement que de rebrousser chemin jusqu'à ma destination finale.

Il y a une autre station de métro dans son secteur, mais après ma mésaventure, je n'avais pas envie de tenter un nouvel itinéraire, dans le noir. Je suis donc retournée à la station De L'Église qui m'est totalement étrangère. C'est, à mon avis, un étrange endroit. De part sa structure, entre autres, étant donné que les rames sont superposées plutôt que face à face. Ça donne une profondeur hors norme. Et le dimanche soir, les métros en général, et cette station en particulier, ne sont pas des lieux très fréquentés. Comme pour faire exprès, j'ai manqué le train d'une vingtaine de secondes alors je m'étais engagée sur un quai vide qui me semblait glauque malgré sa propreté, simplement parce que je n'en connaissais pas les marques.

J'avais à peine posé mes fesses sur un banc pour attendre patiemment l'écoulement des neuf prochaines minutes quand un homme s'est mis à hurler. Je n'avais aucune idée de l'endroit où il était, mais sa voix portait. On aurait dit un rugissement immense dans les voûtes de la station. Il criait à une femme de le laisser tranquille en émaillant son « discours » de noms d'oiseaux aussi violents que dérangeants. Malgré l'armure du livre que j'avais dans les mains, je n'arrivais pas à me concentrer. L'homme me semblait loin, mais je me trouvais bien seule dans cet antre de la Terre. Dans les stations que je fréquente d'ordinaire, je vois constamment des agents circuler. Là, j'étais seule. Complètement seule avec un rugissement venu de je ne savais où.

Jusqu'au moment ou une ado aux yeux et à la chevelure d'un noir de geais s'était arrêtée devant moi en me disant quelque chose en arabe, ce que je n'ai évidemment pas compris. Je l'avais regardée surprise en lui rétorquant : « Quoi? » Elle s'était assise tout à côté de moi, même si tous les autres bancs étaient disponibles et m'avait répondu dans un québécois parfait : «  Oh! Désolée, j'ai juste eu peur. Je suis passée à côté de cet homme et s'est mis à m'insulter, comme si tous ses malheurs étaient de ma faute ».

J'avais eu peur de loin, je comprenais donc un peu. Je n'avais rien à dire, alors je lui avais serré la main très fort, sur mon cœur.

Et c'est ainsi que j'avais attendu le prochain vers ma zone de confort, coincée entre un peu de chaleur humaine et beaucoup d'inconfort.

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jeudi, mars 08, 2018

Refuser

Ça fait longtemps que j'ai décidé de ne pas donner l'aumône à toutes les personnes qui me tendent la main entre le travail et la maison et vice-versa. J'en ai souvent parlé ici, elles sont simplement trop nombreuses pour que je puisse me le permettre et j'ai appris que plusieurs d'entre-elles ont leurs habitudes et deviennent insistantes, si on leur a déjà donné quoique ce soit.

Alors bien entendu, je mens. Non, je n'ai pas d'argent, de cigarette, de barre tendre à distribuer. C'est ma réponse, et généralement, ça passe comme une lettre à la poste. Mais pas toujours. Et je dois à ces moments m'armer de courage et de patience pour affronter les situations.

J'arrivais à la station Jean-Talon par la rue du même nom, quand un jeune homme échevelé et puant s'est planté devant moi, m'empêchant de faire un pas dans quelque direction que ce soit en me demandant : « J'peux-tu t'acheter une cigarette? » Lui, je le connais, il est souvent posté dans le secteur. Son truc c'est de demander d'acheter une cigarette et de partir en courant sans payer son dû une fois que quelqu'un la lui aura tendue.

Je lui ai donc répondu que c'était la seule que j'avais. Il m'a alors dit : « Tu mens, je préfère que les gens me disent la vérité plutôt que de me mentir tu sais ». Son ton était abrupt et désagréable tandis que mes pensées le concernant étaient au diapason de son attitude. J'ai continué mon chemin, bravement, pendant qu'il me suivait de vraiment trop près pour que je me sente en sécurité. À l'entrée de la station de métro, il y avait deux travailleurs de rues que je connais aussi de vue et deux policiers, tous les quatre en grande discussion.

Voyant le manège du jeune homme à mes côtés, une des femmes a dit : « Allez Stéphane, laisse la dame tranquille. Pis va donc voir ailleurs si tu y es ». Lui, ne l'écoutait pas, il me disait presque à l'oreille « tu vas me donner ta cigarette quand tu vas entrer dans le métro hein? Tu vas me la donner? » Je dois dire que je ne me sentais pas très bien, mais que paradoxalement, j'étais rassurée par la présence des policiers et des travailleurs de rue, tout en espérant qu'ils n'interviennent pas, je voulais régler la situation toute seule parce que je sais que je vais revoir ce jeune homme, inévitablement.

Alors, je m'étais tournée vers lui et lui avais répondu : « Non. J'ai l'intention de la terminer ». Alors il m'avait dit : « Ben non, tu vas la jeter avant de l'avoir finie alors t'es aussi bien de me la donner ». Il y avait comme une menace dans sa voix. J'avais l'impression de rétrécir à vue d’œil. Me drapant dans tout ce que j'avais de volonté, je m'étais plantée sur le trottoir et l'avais regardé droit dans les yeux en lui demandant : « Qu'est-ce que tu comprends pas dans le mot –non– , dis-moi? » Il était resté interloqué et avait tourné les talon sous les rires des travailleurs de sociaux qui m'ont dit que j'avais très bien fait tandis que les agents de police s'assuraient que j'allais bien.

Ce n'est qu'une petite anecdote, un rien du tout dans le quotidien d'une femme qui dit non et qui n'est pas crue. Qui dit non et qui devient harcelée juste parce qu'elle croise la mauvaise personne au mauvais moment.

Et au bout du compte, ça été une grande victoire pour le respect de moi.

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dimanche, février 25, 2018

Maman

Maman,

J'ai été la première à te donner ce nom. Ce qui crée, je crois, un lien unique entre nous. Tu étais pour moi, la plus belle, la plus forte, la plus sage, la plus formidable aussi. Je te voyais de mes yeux neufs avec tout l'amour que je pouvais te porter. Nous étions quatre dans ce cas, et si parfois les jalousies inhérentes à la fratrie nous ont un peu bousculés, j'ai toujours su que l'amour restait fermement planté dans les racines de tous les êtres que nous étions.

J'étais tellement convaincue d'avoir la meilleure maman du monde que je t'amenais mes amies tristes ou écorchées pour que tu les consoles et les soignes comme tu savais si bien le faire pour moi.

Je te vois, encore aujourd'hui, comme une femme généreuse de son amour, de son temps, de sa patience et de ses valeurs. Il me semble que ces caractéristiques ont toujours été au cœur de ta vie, même dans ta vie professionnelle, tu t'étais choisi un métier qui mettait l'humanité au cœur de ton existence, et même si ton nom ne figure pas en tête de celles qui ont construit le Québec; les femmes de la génération d'Éléonore peuvent te remercier d'avoir abattu des barrières afin de leur permettre d'avoir plus d'option dans la manière dont elles peuvent donner naissance.

Ce n'est pas rien.

Et même lorsque tu n'allais pas très bien toi même, quand ton bébé était à l'autre bout de l'univers et que le pays des zombies te faisait les yeux doux, tu t'es dressée pour moi comme un roc dans la tempête parce que ma propre faiblesse te faisais assez de peine pour que tu en oublie la tienne. Si ce n'est pas du courage, de l'amour et du partage, je ne sais pas comment on peut appeler cela...

Je crois que je reconnaîtrais ta maison n'importe où, même si tu déménageais ou changeais complètement le décor simplement parce que tu as le chic d'inclure chaleur et simplicité à ton quotidien et que pour une fille, même grande, ce genre de repère ne se perd jamais.

Cette année, tu étais prête à passer ton anniversaire sous silence pour laisser toute la place à Coccinelle. Mais tes filles, elles, trouvaient que tu méritais au moins un beau salut pour souligner ce passage symbolique.

Je te souhaite beaucoup de bonheur et de santé pour les années à venir en osant même ici étendre mes ailes d'aînée pour joindre les voix de mes frères et de ma sœur aux miens.

Joyeux anniversaire, on t'aime tous très fort.

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dimanche, janvier 21, 2018

Je suis damnée

Des fois, j'aimerais ça avoir des outils face à la maladie mentale. Pas la mienne, celle-là, ça va. Elle existe certes, sauf que je sais quoi faire pour ne pas qu'elle prenne toute la place dans ma vie. Je voulais dire, celle que je peux sentir chez d'autres sans savoir exactement de quoi elle retourne.

Il y a quelques temps, un jeune homme est entré dans le magasin. Vêtu d'une culotte d'habit de neige et d'une veste en polar. Il portait des bottes calfeutrées par des sacs d'épicerie. Ses cheveux était gras et il sentait très fortement l'urine. Il s'est installé au poste d'écoute et a entrepris d'écouter un cd. Je crois qu'il réécoutait continuellement la même trame en fixant l'appareil d'un œil hagard. Il est resté près de deux heures à écouter le même disque en soliloquant dans son coin. Quelques fois, il a éclaté d'un rire épeurant et jetant autour de lui des regards fous comme toutes les personnes présentes étaient censées avoir compris ce qui le faisait rire.

Il n'était pas tant dérangeant, sauf par l'odeur et l'espace qu'il prenait dans un passage très utilisé par le personnel du magasin. Les employés m'en ont tous parlé, ils trouvaient que ça faisait longtemps qu'il était-là et ils étaient de plus en plus mal à l'aise à toutes les fois où ils devaient le tasser pour pouvoir passer. J'ai fini par aller le voir pour lui demander de terminer son écoute rapidement. Comme il avait des écouteurs sur les oreilles, il ne m'a pas entendue quand je l'ai interpellé la première fois. J'ai donc levé le ton en disant : « Monsieur? Il faudrait que vous cédiez le lecteur aux prochains clients qui désirent écouter un disque ». Il m'a fait oui de la tête et presque immédiatement, il a décaché une de ses oreilles pour me dire : « Tu aurais pu me parler sur un ton plus adéquat, être plus respectueuse en t'adressant à moi ». Je n'ai pas répondu en songeant que de discuter avec lui de respect serait une tâche ardue et je suis retournée à mes affaires tout en l'observant de loin.

Quand, cinq minutes plus tard il était toujours planté au même endroit je suis retournée lui parler en faisant très attention au ton que j'employais. Aussitôt, il s'est mis à me singer en me disant que cette fois-ci j'étais trop mielleuse et que je lui parlait comme à un demeuré. Je lui ai répondu que j'étais désolée mais que je ne savais pas comment m'adresser à lui puisque si je lui parlais normalement, il me trouvait bête et que si j'essayais d'être plus douce, il trouvait que je l'infantilisais.

Il a agité les bras au-dessus de sa tête en faisant de grands mouvements circulaires en disant : « T'es comme tous les Québécois, tu ne comprends rien ». J'ai répondu : «  Ça tombe bien, je suis fière d'être québécoise ». Il s'est arrêté, a baissé les bras comme des couperets avant de dire : Dans ce cas, je te damne pour l'éternité ».

Sur ce, il est sorti, la tête haute, comme s'il venait de remporter une implacable victoire pendant que les employés laissaient aller leur fou-rire en me répétant que j'étais damnée.

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jeudi, janvier 04, 2018

Aubes hivernales

Le retour tranquille au travail après les vacances de Noël a toujours quelque chose d'un peu décalé. Surtout lorsque, comme c'est le cas cette année, les vacances ont débuté à peine quelques jours, voire quelques heures avant le jour J. Ceci fait en sorte que, pour beaucoup, les vacances ne sont pas encore terminées et ceux pour qui elles le sont se reconnaissent presque d'une journée à l'autre, dans un wagon beaucoup moins bondé qu'à l'ordinaire.

Il me semble que nous prenons tous des habitudes, naturelles, comme les places qu'on prend à table dans une famille nombreuse comme si les noms de tout un chacun était inscrit au fer rouge sur les chaises. Ainsi, dans les derniers jours, j'ai eu le même voisin de banc tôt le matin. Je ne sais pas si il fini ou débute sa journée. Je parierais sur la première hypothèse parce qu'il dort à poings fermés pendant tout le trajet et qu'immanquablement il se réveille en sursaut quelques secondes avant que sa tête ne tombe sur mon épaule. J'ignore quel est son métier, mais il sent discrètement les épices, le curry en particulier. Entre cela et d'autres parfums que l'on peut flairer dans ces espaces restreints, je trouve que me satisfait très bien de ce lot.

Sur le banc en face, il y a cette dame, un peu corpulente, mais pas du tout obèse. Par contre, elle prend beaucoup d'espace. Je me demande quotidiennement comment elle fait. La personne à ses côtés (elle est changeante, contrairement aux autres habitants du wagon) a toujours l'air totalement coincée entre la fenêtre et la passagère qui semble avoir plus de bras, de jambes, de sacs, que la moyenne des ours. Mais surtout, cette dame semble complètement inconsciente que l'espace qu'elle prend empiète immanquablement sur celui des autres.

Il y a aussi un jeune homme qui s'assoit par terre, le dos calé contre les portes qui ne s'ouvrent pas. Il sort son ordinateur portable et tapote furieusement sur le clavier pendant tout son trajet. Il me donne l'impression d'être un étudiant en fin de session à tous les jours. Ce n'est probablement pas le cas, mais ça m'amuse bien de me m'imaginer ce genre de chose. Il est tellement concentré, tellement dans sa bulle que je suis continuellement surprise de le voir se lever d'un bond une fois arrivé à sa station, alors qu'il fourgue rapidement son appareil dans le fond de son sac à dos, comme s'il s'agissait d'un vieux vêtement froissé.

Finalement, il y ce jeune auteur prolifique que je reconnais pour l'avoir vu à la télévision une ou deux fois. Lui aussi est dans sa bulle, il lit armé de surligneurs orange et d'un crayon à mine. Il gribouille des notes presque plus longues que les paragraphes qu'il commente dans les marges et surligne toutes sortes de choses. Visiblement, c'est un homme au travail.

Et moi? Et bien officiellement je lis. Mais en réalité j'espionne, comme il se doit.

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mercredi, décembre 06, 2017

La valeur d'une patte de chaise

Je me demande, Poly, ce que tu penserais de la société dans laquelle on vit aujourd'hui. Quelles seraient tes réflexions sur le mouvement moi aussi, de toutes les conséquences drastiques sur des personnages qui ont longtemps dominé les paysages de pouvoir dans toutes les sociétés, qui finissent pas payer, bien tardivement, pour l'impunité dans laquelle ils avaient pu vivre pendant si longtemps.

Qu'aurais-tu pensé de la presque réhabilitation de ce chanteur qui a été reconnu coupable du meurtre d'une de ses conjointes et fortement soupçonné d'avoir continuer à vivre ses amours dans la violence depuis? Aurais-tu aussi eu un certain malaise à le savoir sur la page frontispice d'un grand magazine.

Te serais-tu sentie à l'abri du harcèlement généralisé quand des reportages relatent le bruit des sifflements et autres commentaires salaces à l'endroit des femmes comme des gestes presque normaux. Banalisés par ceux qui les commettent sous prétexte que les filles sont jolies et qu'elles portent et qu'elles accentuent cette beauté et que malgré le fait que celles-ci affirment à ceux qui les haranguent qu'elles trouvent cette forme d'attention dérangeante voir dégradante, ceux-ci n'en croient absolument rien, certains d'avoir trouvé une manière futée de faire un compliment.

Te serais-tu demandé combien encore il faudra de femmes autochtones disparues ou assassinées pour qu'on cesse de regarder de haut cette réalité en la tassant du revers de la main à toute la fois ou on essaie de l'éclairer?

Aurais-tu eu mal au cœur en apprenant que dans certaines société de par ce vaste monde, il y a encore des centaines, des milliers de femmes qui disparaissent sans que personne n'y porte attention parce que les sociétés dans lesquelles elles vivaient ne sont pas égalitaires et que par conséquence, la vie d'une femme ne vaut pas davantage qu'une patte de chaise? En réalité, la patte de chaise a sans doute plus d'importance parce qu'elle vient d'un arbre...

Je me demande, si comme moi, tu ferais un lien entre ce qui t'es arrivé et le peu d'importance qu'on accorde à la santé mentale, ou à prévention pour les problèmes de santé mentale. Entraînant un manque de ressources criantes faisant en sorte que des hommes et des femmes pris dans des schèmes mentaux tordus finissent par se faire du mal ou à en faire à d'autre comme celui qui t'a abattue, il y a 28 ans, l'a fait.

Moi je crois qu'on a commencé une réflexion le jour où on t'a tuée. Mais cette réflexion est longue et fastidieuse. Cet automne, une parole a émergé assez fortement pour devenir la personnalité de l'année du magazine Time. C'est bien peu de chose comme reconnaissance. Par contre, je le comprends comme un droit de dire non à toute forme d'intrusion et d'avoir une chance, aussi petite soit-elle, d'être crue.

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dimanche, octobre 22, 2017

Histoires de nausées

La dernière fois, t'avais presque eu envie de crier victoire. Tu te disais que la société commençait enfin à évoluer dans le bon sens. Les gens pouvaient dénoncer et être crus; tu commençais à voir de la lumière au bout du tunnel des non-dits. Et puis la réalité s'est rappelée à ta mémoire, peut-être même à la mémoire collective. La preuve hors de tout doute raisonnable ne donne pas beaucoup de chances à ceux à qui ont a violenté la sexualité.

Et tu sais depuis longtemps que de toute manière les victimes ont toujours tord, ou presque. Il arrive parfois qu'on accorde aux enfants le luxe (si cela puisse en être un) d'avoir une parole plus forte que le doute de la culpabilité de l'accusé. Mais pour le reste, s'il n'y a pas mort d'homme, ou de femme, les abuseurs s'en sorte plus souvent qu'autrement avec une petite tape sur la main et pas grand chose d'autre. Et puis il y a les délais de prescription et autres machins dans le même genre qui ne sont rien pour encourager la dénonciation. Anyway, à toutes les fois où tu penses à ce qui t'es arrivé, t'as des hauts le cœur et des nausées sans aucune commune mesure avec le bon sens.

Fa que tu t'es dit qu'il fallait recommencer à zéro. Pour débuter discuter de féminisme avec les jeunes personnes de ton entourage. Voir quelle sera la réceptivité, parce que tu as souvent été renvoyée à tes oignons par des femmes, des filles des hommes et des jeunes hommes qui te soupçonnaient d'être juste une frustrée sexuelle qui ne s'assumait pas quand tu te disais féministe. Pis ça, plus que n'importe quoi d'autre, ça t'assassinait le courage et les tripes.

À ta très grande surprise, cette fois-ci, tes idées, tes paroles, tes questions ont été reçue différemment. Et t'as commencé à te dire que si juste ça avait changé, peut-être que finalement, tous ces constats d'échec avaient mené quelque part.

Et puis, il y a un raz-de-marée de dénonciations d'abus sexuels et de harcèlement qui s'est abattu sur Hollywood. Étrangement, la première chose qui te soit passé par la tête c'est qu'ici, un producteur, il y a des années, avait fini par être absout d'accusations similaires parce qu'il était puissant. Alors tu t'es dit que ce ne serait que feu de paille, comme bien souvent. Mais non. Si la justice ne peut se rendre à elle-même et surtout pas aux victimes, il semblerait que le poids du nombre finisse pas faire son œuvre. Même si aucun des hommes présentement sur la sellette n'était jamais reconnu coupables, leurs vies seront à tout jamais modifiées.

Tu en étais-là dans tes réflexions quand tu as lu le nom des trois avocats qui allaient représenter le producteur hollywoodien : un homme, deux femmes. Femmes qui vont aller décrédibiliser d'autres femmes pour quoi? Notoriété? Pouvoir? Argent?

Et tu t'es retrouvée en petite boule dans ton lit en te disant que tout était encore à recommencer, sans savoir si tu aurais le courage de refaire, encore, ce chemin de croix.

Il y a des nausées plus fortes que d'autres.

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jeudi, octobre 05, 2017

L'effeuilleuse

C'était une soirée de septembre qui se prenait pour une soirée de juillet. Montréal étouffait sous une canicule tardive et l'impatience était palpable parmi les usagers du transport en commun. Par chance, la foule était assez parsemée pour préserver un peu d'espace vital autour de tout un chacun. C'était, en tout cas ma réflexion en mettant les pieds dans un train Azur. Je n'étais pas sitôt assise que j'ai perçu un drôle de cri venant du centre du train. Toutes les têtes s'étaient tournée dans cette direction et nous avions pu voir une jeune femme qui avançait péniblement vers la tête du train, à coup de spasmes physiques et vocaux..

À chaque pas, elle poussait un cri aigu, douloureux, comme si elle était poignardée à tous les coups. Ses spasmes corporels pour leur part étaient violents et désordonnés. Si au départ, j'avais imaginé qu'elle était peut-être atteinte d'un syndrome de Gilles de la Tourette, il m'était vite apparu que c'était en réalité une femme sur un mauvais trip de quelque chose que je ne pouvais identifier. Je sais depuis longtemps qu'il vaut mieux éviter les contacts visuels avec des gens dans de tels états, mais il semblerait que ce ne soit pas le cas de tous les quidams qui arpentent le métro de Montréal.

Ce soir-là, une femme discrètement voilée avait osé regarder la personne en crise dans les yeux et s'était fait copieusement invectivée sur un ton et avec des mots que je n'oserais pas rapporter ici. L'altercation n'avait duré que quelques secondes puisque la femme qui criait avait poursuivit son chemin jusqu'à un banc libre au bout du train, à quelques pas de moi. Une fois assise, elle s'était déchaussée, à cris forts, puis avait entrepris de se dévêtir, comme si quelque chose dans ses vêtements était la cause de son mal-être. En quelques instants, elle s'était retrouvée en petite culotte et en soutien-gorge et tirait sauvagement sur ses sous-vêtements, donnant l'impression qu'elle essayait à toute force de chasser un malaise physique.

Il va sans dire que cela créait une tension parmi les passagers qui essayaient tant bien que mal de l'ignorer. Nous étions plusieurs à nous dire (intérieurement) qu'il fallait aviser les équipes d'urgence. Mais ce n'est pas évident de le faire dans un train Azur parce que comme il n'y a plus de compartimentation, tout le monde entend les interventions avec le conducteur du train. À la station Laurier, un travailleur de la STM attendait pour prendre le train et une jeune fille l'avait informé de la situation avant qu'il ne monte dans celui-ci. Il avait choisi de passer son tour et était remonté à la guérite pour aviser les services d'urgence.

Ça avait pris jusqu'à Berri avant que les agents entrent dans le train que je quittais, calmes et détendus, visiblement bien préparés à l'intervention qu'ils devaient faire. Je n'étais pas restée pour voir la suite des événements, par conséquent, je n'en connais pas la conclusion.

Mais je revois la femme presque quotidiennement autour de mon travail, le visage marqué, le corps voûté par des conditions que je ne connais pas.

À toutes les fois, je suis triste, pour elle et je souhaite qu'un jour, quelqu'un trouve le moyen de lui tendre la perche qui lui permettrait de sortir de cet état-là.

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jeudi, septembre 14, 2017

Éclats nocturnes

C'était un soir de milieu de semaine, l'école n'était pas tout à fait recommencée, mais les familles étaient de retour dans le quartier, l'achalandage dans le magasin en faisant foi. Un jeune homme dans un drôle d'état s'était présenté à la caisse pour récupéré une commande qui n'était pas à son nom et il n'avait rien sur lui qui nous indiquait qu'il était autorisé à la récupérer. Je lui avais donc fermement dit que je ne pouvais pas la lui donné simplement parce qu'il affirmait que la personne ayant passé la commande était sa mère.

Il m'avait lancé un regard torve tandis qu'un gros mottons de mucus lui coulait de la narine gauche pour se loger fermement dans sa moustache mal coupée. Une quinzaine de minutes plus tard, je recevais un appel de la dame courroucée qu'on n'ait pas remis son film à son fils. Il était clair qu'elle était soûle, d'ailleurs elle le disait sans ambages, elle ne parlait pas, elle hurlait, sans s'apercevoir du volume hallucinant de son ton. Elle n'écoutait rien de mes arguments, se contentant de me traiter de tous les noms et surtout d'incompétence. J'avais fini par lui dire qu'elle pouvait renvoyer son fils avec une note signée de sa main à elle et que je remettrait la commande au jeune homme.

Finalement, elle s'était pointée elle même en succursale, en hurlant, bien entendu. Tous les clients encore présents voulaient rentrer dans le plancher tellement ils se sentaient mal devant ce personnage rocambolesque. L'employée qui l'avait accueillie pour aller chercher sa commande avait voulu lui expliquer que c'était par mesure de sécurité que nous avions refusé de remettre à un tiers une commande pré-payée et elle s'était fait répondre : « Va chier » d'une manière assez tonitruante pour être entendu dans les moindres recoins de la succursale. Non contente d'avoir été, disons, impolie, avec la libraire, la dame avait insisté pour me voir. Je m'étais donc rendue à l'échafaud, parce qu'une part de mon travail est justement de servir de bouclier entre ce genre de client et les employés.

Elle m'avait alors dit : « Heille, cocotte, on peut tu s'entendre sur quelque chose? Quand je suis trop soûle pour venir chercher mes commandes, c'est mon gars qui va venir pis tu vas y donner. C'est clair hein? » Je lui avais répondu que si, et seulement si, elle nous appelait ou envoyait une note pour nous en aviser, on pourrait lui remettre sa commande. Mais pas autrement. Elle était partie exaspérée en claquant la porte devant mon manque de la collaboration.

J'étais allée prendre le métro complètement vannée de mon expérience, bien heureuse de retrouver l'anonymat paisible des wagons. Ben non, j'étais tombée dans un wagon rempli de jeunes adultes en périodes d'initiation. Disons que la paix n'était pas tout à fait au rendez-vous. Ils n'étaient pas déplacés, simplement tout à fait bruyants c'était bien la dernière chose dont j'avais besoin après ma très joyeuse expérience de service à la clientèle.

Il y a des soirs, comme ça, où la vie ne veux pas être paisible.

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mercredi, septembre 06, 2017

Une belle journée de vacances

La journée avait bien commencé. Le soleil était radieux, la température chaude et humide comme on peut l'espérer quand on voyage dans les tropiques. Le catamaran qui amenait les touristes faire de la plonger en apnée était assez rempli pour créer des rencontres agréables, mais pas assez pour que les passagers se sentent empilés les uns sur les autres. La plupart des gens étaient simplement heureux d'être en mer, de voguer sur le turquoise si particulier de ces latitudes, mais un couple semblait déterminer à en profiter jusqu'à la dernière goutte, c'est-à-dire en étant le plus soûls possible.

Cela ne faisait pas deux heures que le bateau avait quitté terre que déjà, ils avaient bu la moité des bières disponibles et s'étaient approprié une bouteille de rhum qu'ils descendaient au goulot en s'aspergeant et se léchant l'un l'autre comme s'ils étaient en représentation et surtout comme si ce genre de démonstration pouvait intéresser le reste des vacanciers. Entre deux excès d'intimité, ils se livraient, sans en demander l'autorisation, à la moindre oreille disponible, racontant les tenants et les aboutissants de leurs vies privées. Ainsi tous savaient qu'ils avaient eu, pas ensemble, des enfants très jeunes, qu'elle travaillait plus où moins, et lui de même, en fait il racontait à qui voulait l'entendre, et à ceux qui ne voulaient pas, qu'il vendait de la drogue.

Elle répétait sans cesse que son nom venait d'une chanson et qu'elle avait échapper à pire tout en invitant les autres couples présents à venir les rejoindre à leur hôtel après l'excursion pour un petit échange de couple. Elle se permettait aussi d'ajouter, entre deux rire et deux gorgées d'alcool, de faire bien attention à son homme qui était déjà chaud, parce que quelquefois en de telles circonstances, les coups pleuvaient.

Dans le car qui ramenait tous les touristes à leur point d'ancrage respectifs, elle hurlait en se tapant la poitrine, réclamant câlins et bisous à tous les hommes en présence, sous le regard admiratif du sien. Mais à force d'insistance et de gestes déplacé, elle s'était retrouvée à se battre avec un gars à sa descente de l'autobus. Selon, elle, c'était parce que le gars était trop soûl pour avoir de l'humour. Selon à peu près tous les témoins, c'était plutôt l'inverse.

Non contente de sa journée d'excès, après s'être douchée, elle s'était imposée dans un groupe de femmes, buvant son vin à même la bouteille, tandis que son homme s'était écroulé, comme mort dans le lit. Elle, elle avait trouvé des oreilles sympathiques, compatissantes, ce qui lui permettait d'arranger les vérités selon son point de vue. En résumé sa vie avait été difficile et elle n'en était en aucune façon responsable.

Elle avait terminé sa soirée en accueillant les nouveaux arrivants masculins de l'hôtel à coups de câlins presque larmoyants et en vérifiant, auprès au moins un d'entre eux, physiquement, l'état de ses couilles. Très tard dans la nuit, elle avait été reconduite à sa chambre, sans autre heurt.

Et pour le reste des vacances, elle avait soigneusement éviter de parler à quiconque, se faisant le plus petite possible et ignorant ostensiblement les femmes qui lui avaient été sympathiques, malgré toutes les perches que ces dernières avaient continuer de lui tendre.

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jeudi, août 24, 2017

D'un encombrement à l'autre

Sérieusement? Moi qui pensais en avoir fini avec les festivités dans mon quartier, me voilà devant une toute autre réalité.

Hier, mon colocataire et moi on se disait justement que le parc en face prenait bien du temps à reprendre sa forme habituelle, on trouvait que le montage avait été beaucoup plus rapide que le démontage et que bizarrement, c'était toute la zone qui fait face aux domicile qui restait en place. À notre très grande surprise, lorsque nous avons tourné le coin de la rue vers les 22 heures, non seulement est-ce que le parc était toujours largement défiguré par des structures qui ne lui sont pas habituelles mais il y avait là un spectacle. Pas près de la cuvette où ces derniers ont toujours eu lieu dans les dernières années, non à environ 200 mètres de la façade de la maison.

Je dois admettre qu'en terme de bruit, malgré l'orientation de la chose, c'est nettement moins pire que durant la Fierté et qu'en plus j'aime beaucoup plus les musiques que j'y entends. Musicalement, ça me semblait très années 1920 à 1940 dans un style de jazz ou de swing que je connais, sans être particulièrement douée pour en identifier les pièces. Après le boum-boum, tonitruant des dernières semaines, ça me semblait presque reposant. Presque. Je rêve d'une soirée à peu près silencieuse, ce qui dans le cas du quartier que j'habite, se résume généralement à des discussions échevelées de personnes soûles sporadiquement.

Ce soir, en rentrant, j'ai constaté que la fête battait toujours son plein en face de chez-moi. Franchement, j'étais découragée. Je suis plus que lasse de devoir me plier à ces aléas, beaucoup trop nombreux depuis juin. Comme les affichages des événements en cours est toujours placé sur Ontario, j'ai fait un petit détour par cette rue pour voir de quoi il en retournait et surtout pour savoir j'en avais encore pour combien de temps.

C'est ainsi que j'ai appris que dans le cadre de Montréal 375, on a décidé de rendre hommage à Camilien Houde. L'événement s'appelle d'ailleurs « Le festin de Camilien Houde, le p'tit gars de Ville-Marie ». Et il se tiendra du 22 août au 2 septembre de 18h00 à 23h00. Bon. Ça veut dire deux choses. Premièrement, je n'étais pas tout à fait dans le champs en terme d'identification musicale puisque Monsieur Houde a été maire de Montréal autour de ces années-là. Deuxièmement, la paix dont je rêve pour mon domicile n'arrivera pas de si tôt.

Heureusement, j'avais déjà prévu un second voyage dans une année. Je me trouvais, à ce jour, un peu fofolle de dépenser autant d'argent dans ce poste de dépense, mais en toute honnêteté, avec ces événements qui se succèdent sans préavis et sans arrêts, je crois que c'est la plus sage décision que j'aie prise dans les 20 dernières années de ma vie.

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dimanche, août 13, 2017

Pâté chinois

Honnêtement, Montréal 375, je commence à en avoir plein mon casque. J'appréhendais le festival de la fierté gay sous mes fenêtres, et bien, je peux affirmer sans exagération que mes appréhensions étaient sans commune mesure avec la réalité : c'est bien pire que ce que que je croyais.

D'abord, il a pleins de rues qui sont fermées à des heures bizarres et même les piétons doivent faire des détours. Les commerces du voisinage connaissent des heures de pointe à des moments improbables et imprévus, sans doute très bons pour leurs affaires, mais tout à fait désagréables pour les habitants du quartier.

Avant d'aller plus loin, je me dois de souligner que la sécurité assurée sur le site et dans les environ est particulièrement efficaces; dès l'heure de tombée des activité, tous les festivaliers sont dispersés dans l'ordre, le bruit cesse beaucoup plus tôt que lors des feux d'artifices ou autres activités du genre. Et si certains d'entre eux sont éméchés, nous n'en avons aucune conscience.

Mais aujourd'hui, c'est le bout du bout pour ma patience déjà largement malmenée. Depuis le début de l'après-midi c'est le T-Dance Beach Party. Le nom dit exactement ce que c'est. Du gros Dance très bruyant et parfaitement insupportable. Je n'ai jamais été fan de ce genre de musique. Mon cœur est resté collé dans les années 80 et je préfère de loin la musique disco pour me laisser aller sur des rythmes endiablés. Rien pour me plaire donc. Surtout que depuis des années, je ne peux faire autrement que de penser systématiquement en terme de steak et de patate ce type de rythme.

Il y avait cette fille, à l'université, que je trouvais très drôle. Je la connaissais pas le biais de la ligue d'impro surtout, mais nous étudions à la même faculté, alors on se croisait régulièrement sur le campus. On s'était retrouvée un jour, dans un quelconque party étudiant dans un bar que nous ne fréquentions ni l'une ni l'autre. Un moment donné, il n'y avait plus qu'elle et moi, ou presque autour de la table, parce que danser ne nous disait absolument rien. Et c'est là qu'elle m'avait expliquer, preuve à l'appui (c'est-à-dire qu'elle m'avait chanté sa théorie sur l'air qui jouait à ce moment-là) que selon elle la musique dance, se résumait à du steak pis des patates. Qu'on pouvait chanter n'importe quelle de ces pièces en suivant le rythme sur ces mots : « du steak, du steak, du steak, des patates, du steak ». Je suis en train de le faire en écrivant et je jure que ça fonctionne.

Rien pour me faire aimer le genre, tout pour me le rendre désagréable, sauf qu'au moins je peux en rire ne me disant que ce qui se passe sous mes fenêtre, c'est au fond, le festival du pâté chinois...

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