mardi, novembre 18, 2008

Une histoire de loups-garous

J’ai toujours été fascinée par l’incidence de la Lune sur les personnages des livres que je dévorais. Sans y croire véritablement. Bien entendu, je sais depuis longtemps que cet astre a une influence certaine sur la planète qui me sert de logis ne serait-ce que l’effet tangible qu’on peut mesurer sur les marées. Mais étant une fille de la ville, je ne voyais cette attraction que lors des vacances familiales. Comme si j’entrais dans un monde différent pendant un court laps de temps durant lequel la nature reprenait le droit de me faire observer réellement les interactions entre ma petite personne et le reste de l’Univers. Pour moi donc, la lune n’était qu’une planète que je pouvais observer de temps à autres dans le ciel des citées où j’ai habité, et une dame louangée dans les mythologies dont j’étais friande et dans des œuvres poétiques dont je me repaissais.

Un certain jeudi soir cependant, j’ai dû me rendre à l’évidence que toute mythologie prenait racine dans une certaine forme de réalité.

L’automne était bien entamé. Pourtant la soirée était clémente pour novembre. Assez en tout cas pour que les habitants de cette nuit précise ne se sentent pas tenus de porter encore des vestes chaudes et autres items qui les cachent à la face du monde. Le bar était plein et une étrange effervescence palpable enveloppait les convives. Les fenêtres ouvertes laissaient filtrer les brises nocturnes sur les êtres de plus en plus échevelés qui peuplaient l’endroit. Contrairement à nos habitudes, les tables s’étaient délimitées par genre. Les femmes avaient toutes pris dans le même secteur tandis que les hommes en occupaient un autre. L’émoi de plus en plus perceptible de tous ces corps qui échauffaient l’espace disponible me donnait le vertige pendant que les discussions que nous tentions de tenir n’allaient nulle part. Nous sentions que quelque chose se préparait. À ma table, les filles trituraient leurs cheveux ou les pans de leur robe en donnant l’impression d’avoir perdu leurs moyens.

Pour une raison que j’ignorerai probablement toujours, tous les hommes présents ont ôté leur chandail simultanément. Tributaires, sans doute, d’un éclair de lune qui traversait les croisées. Devant moi se dessinaient des loups-garous hurlant leur masculinité à la Lune. Nous savions toutes que nous nous étions à un battement de cœur de voir surgir des vampires de cette nuit trop douce pour cette époque de l’année. Des vampires qui fondraient sur nous sans égard aux vies que nous menions jusqu’à cette minute précise.

Mais l’instant s’est évanoui aussi subitement qu’il était apparu. Les hommes se sont rhabillés. Et peu d’entre nous, au matin ne se souvenaient que nous avions vu naître des loups-garous.

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3 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

J'essaie de m'imaginer la scène dans ma tête et je ne peux pas m'empêcher de voir un événement étrange se produire. En tout cas, si je suis un loup-garou, je suis probablement un des moins poilus d'entre eux.

Beau texte! ^w^

8:46 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Loup-garou, loup-phoque… 

7:59 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Lew : Hum... Ça fait tellement longtemps que c'était de très jeunes hommes. Alors le poil tsé...

Et puis bon, je n'ai jamais été très observatrice à ce sujet.

Obni : Ah oui... M'enfin, ils avaient davantage l'air de bêtes à quatre pattes que de monstres marins ^_^

8:03 a.m.  

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