mercredi, décembre 03, 2008

L'appel de l'Homme

La lune dessine des sentiers sur les lattes de ton plancher, les lumières sont depuis longtemps fermées, mais je ne dors toujours pas. Tu t’es glissé dans les bras de Morphée depuis longtemps déjà. Je m’étire pour te regarder dormir. Tes cheveux se sont défaits sur ton visage alangui pendant que je cogite de toutes mes forces. Je ne devais pas être là, et je le sais. Nous ne trompons personne, c’est clair, mais il m’apparaît évident que je me trahis moi.

Il y a des hommes comme cela qui se gravent mes veines et se fichent dans mon cœur. Parmi tous ceux que j’ai pu croiser dans ma vie, tu es sans doute celui qui a laissé les marques les plus profondes. Pourtant je sais que l’inverse n’est pas vrai. Je sais que je ne serai jamais celle pour laquelle tu vas pleurer. Je suis celle qui console, qui panse, qui sera toujours là dans tes spleens, tes absences. J’ai le sentiment que tu me garde sur ton corps parce que je suis une forme de plénitude bien inoffensive. Je bouge un peu pour désengourdir mes membres écrasés par les tiens. Et je m’aperçois que tes yeux noirs sourient dans l’obscurité.

-Tu vas jouer à la « pi-tourne » encore longtemps? Me dis-tu en caressant ma chevelure emmêlée.

Je soupire.

-Allez, dis-moi ce qui se passe dans cette petite tête ébouriffée.

-(Large soupir, encore) Hum… Si je te dis que tu n’es pas obligé d’être mignon avec moi tu me répondras quoi?

-Je ne suis pas mignon

-C’est bien ce que je pensais.

Je m’appuie sur mon coude pour te regarder vraiment. J’ajoute

-Oui, tu es mignon. Tu me dis toujours ce que tu penses que je veux entendre. Et ça marche. À toutes les fois. Tu as comme une clef qui te mène à moi. À l’intérieur de moi. Mais, sincèrement tu n’es pas obligé d’en faire tant avec moi parce que tu es toi et c’est amplement suffisant. Tu m’as eue au premier regard. Platement. Pas besoin de séduction. Et moi, je ne t’aurai jamais comme cela. Je le sais, et tu le sais aussi.

Tu me regardes ahuri pendant que je m’assieds sur le bord du lit, pas tout à fait partie mais pas tout à fait là encore. J’ai toujours été douée dans les fuites matinales, lorsque le soleil tend à déchirer l’aurore pour illuminer le monde dans lequel je vis. Tant qu’à m’être ainsi dévoilée, je plante un baiser sur tes lèvres chaudes, ces lèvres que j’ai tellement rêvé de mordre jusqu’au sang en murmurant : « à bientôt, peut-être ». En espérant bien inutilement que la prochaine fois, je saurai résister à ton appel.

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4 Commentaires:

Blogger Vianney s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Petite scène très simple, très quotidienne, et qui en révèle beaucoup. Toute une vie intérieure est révélée à travers le non-dit du texte. Et le dernier paragraphe est le plus touchant, à mon avis.

10:34 a.m.  
Blogger Alexe-Sandra s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ah mais là c'est full triste!! :'(

4:55 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Vianney : Merci, quoique je me demande bien ce que tu peux trouver que ce texte révèle.

Alexe : Tu vois, moi je le sens plutôt zen ce texte. Peut-être parce que ce sont MES réactions dont je disserte.

5:46 p.m.  
Blogger Joanie s'est arrêté(e) pour réfléchir...

C'est beau d'être aussi sincère envers quelqu'un.

4:28 p.m.  

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