Le grain de sel de l'ironie
C'était une histoire qui
s'inscrivait dans les balbutiements des dialogues amoureux, pas
encore totalement avoués à cause d'ancrages dans d'autres espaces
affectifs qui déambulaient sur la ligne floue des ruptures à finir.
Après un mois sans
nouvelles de Michel, Gabrielle avait été charmée de recevoir un
message de sa part, lui annonçant son retour prochain à Montréal.
Surtout que le mois avait été parsemé de doutes et de tempêtes
auxquels, seuls le silence de l'isolement le plus complet pouvaient
répondre.
Michel avait passé la nuit sur sa trop personnelle corde à linge à devoir calmer le jeu des reproches mérités de ses mensonges par omission. À voir souffrir une femme qu'il avait, autrefois aimée, mais qui n'était plus celle avec qui il avait envie de s'envoler. Entre le décalage horaire et les discussions nécessaires qui bouffaient les heures de la nuit, il n'avait pas beaucoup dormi. Sa seule envie était de serrer Gabrielle dans ses bras pour lui dire qu'il était-là, tout à fait présent dans l'aurore du récit à inventer. Alors Michel s'était rué sur le pas de la porte de Gabrielle en espérant accrocher son sourire et la chaleur de ses yeux.
L'existence suit
cependant sa propre ligne de vie que l'ironie titille de son grain de
sel.
Ce matin-là Gabrielle
était partie beaucoup plus tôt qu'à son habitude et toutes
tentatives de communication s'étaient perdues dans les fissures
bétonnées du métro. Et Michel était resté sur son appétit, se
demandant s'il n'avait pas imaginé une étincelle qui n'existait
pas.
Ils s'étaient revus, plusieurs jours plus tard, elle étonnée de le voir réellement de retour, lui coincé par le doute de l'absence de réponse. Autour d'eux, il y avait une impression d'un millier de personnes qui fripaient le rythme de cette rencontre.
Michel avait fini par mettre son orgueil en boule pour dire à Gabrielle qu'il l'avait vainement attendue par un matin de bise fraîche sur le pas d'une porte désespérément muette.
Elle avait planté un
baiser sur sa joue avant de lui dire : « La prochaine fois
que tu as envie de me voir, tu pourrais juste me le dire un peu
d'avance, comme ça je pourrais être-là. »
Michel s'était alors pris à penser que l'amour, finalement, pouvait être une histoire pas du tout compliquée.
Libellés : Sur la frontière du réel
Ah, le bonheur de la simplicité! Merci pour ce beau texte Mamathilde :)
Simple, si simple. Joli et souriant ton texte
Marie : Ben de rien! Merci de me lire!
Maman : je ne suis pas d'humeur à me vautrer dans mes drames actuellement. Merci!