Reconnaître l'étincelle
Il y a des hommes qui
traversent ta vie comme des comètes et te laisse désarçonnée d'un
départ aussi fulgurant que l'arrivée aura été intempestive.
Il y a des hommes qui se posent dans ta vie sans que tu t'en aperçoives. Comme ça, au hasard d'un cadeau bien choisi, que tu auras laissé traîner des mois avant de l'ouvrir. Et puis, tu t'y seras mise, toute entière parce que ça te ressemble. Et si les mots de ces hommes-là te touchent jusqu'à la moelle des os, tu te seras choisis quelques extraits à mettre sur une liste de lecture, que de toute manière, tu n'écouteras pas. Sauf, peut-être, quand tu reçois. Pour faire taire tes idées, tu t’abrutis de télé et d'information continue. Tu lis des romans savons qui n'ont pas de sens et encore moins de style. Tu n'oses plus partir à la découverte des mots des autres, au cas-où.
Au hasard d'une entrevue, tu vois qu'un de ces hommes donne un spectacle pas trop loin de chez-toi. Tu te mets à te dire que ce serait une bien bonne idée d'y aller.
Et tu t'es retrouvée dans une salle pas si bondée que ça, mais que cet homme-là avait l'air d'estimer plus que pleine. Tu t'es prise à danser sur sa musique, à croire que, finalement, il a du charme à renverser un océan. À te dire, sur place, que ses mots sont des boulets qui t'assassinent de leur justesse. Puis t'es retournée chez-toi, toute chose. Avec comme un fourmillement dans les phalanges. Trois jours plus tard, ta mère te fait remarquer que tu vis quand tu parles de ce spectacle-là.
Alors, tu as envoyé un message à cet homme-là. Parce que c'était devenu trop pour toi. Il fallait qu'il sache que, quelque part à Montréal, il y avait une femme qui était bouleversée. Bouleversée parce que tu tu as retrouvé une image de ce que tu avais déjà été, dans cette prestation sans économie de geste ni de don de soi.
Dans les semaines qui ont
suivi, t'as fait une folle de toi à plusieurs reprises. Tu t'es
laissée porter par le bonheur, tout simple, que ses textes et ses
mélodies t'ont apporté.
Alors évidemment, les
mots sont revenus hanter tes jours et tes nuits. Tu t'es remise à
penser par écrit. Tu fais une logorrhée d'écriture. Tous soirs, tu
t'enfermes avec ton ordinateur et les chansons de cet homme-là que
tu écoutes en boucle, mais plus juste sur un album. Non, t'as fini
par laisser toute son œuvre t'apprivoiser.
Et puis, quelqu'un t'as
dit que tu devrais continuer à écrire parce que ça te fait bien.
Il y a des hommes, comme
ça, qui se sont insinués dans ton système, tu ne les connais pas,
ils te connaissent encore moins, mais auras reconnu, chez-eux, ce
quelque chose d'étincelant que tu avais un jour possédé et tu t'es
dis que, vraiment, tu ne perdrais rien à essayer de vibrer aussi
fort qu'eux.
Libellés : Digressions
"Tu t'es prise à danser sur sa musique, à croire que, finalement, il a du charme à renverser un océan. " J'aurais tellement voulu être un petit oiseau et voir ton visage changer 'sous son charme' (Mort de rire ;)
On se voit peu... mais on se marque... malgré tout :)
Tu peux bien rire Alex! Je pense, par contre, que sur le coup, j'avais juste l'air de la groupie que je suis quand j'aime un artiste. Et que la transformation sur mon visage s'est produite dans le courant du ressac qui a suivi l'événement.