mercredi, juillet 22, 2015

Façonner le rêve

Dans le développement d'un enfant, il y a immanquablement une période durant laquelle il a les nuits agitées de cauchemars. J'ai raconté, dans ces pages, que j'avais eu une frousse énorme à cause d'un album, que j'aimais par ailleurs beaucoup, et qui a fait en sorte que j'ai développé l'astuce de dormir en camion pour contrôler mes songes afin d'éviter de me réveiller dans tous mes états, paniquée à la seule idée de me rendormir (pour les curieux, le texte où j'en traite a été publié en mai 2005).

Par conséquent, je peux affirmer que je suis capable, depuis fort longtemps, de changer le cours de mes rêves et surtout de m'apercevoir que je suis en train de rêver quand c'est le cas. Pas toujours, mais ça fini systématiquement par donner un drôle d'effet à l'onirisme qui me menait quelque part où je n'ai pas envie d'aller. Par exemple, dans le fameux rêve qui nous voit tomber d'un précipice, je m'organise pour revenir sur mes pas (remonter jusqu'en au de la falaise aussi rapidement que j'en descendais un moment plus tôt), ou encore de ralentir assez pour que ce devienne une chouette exploration du paysage environnant. À l'arrivée, je suis toute d'une pièce et je peux ainsi continuer à dormir ma nuit, tranquillement.

Dans les derniers temps, j'ai pris la décision d'essayer de comprendre les sources de mes colères. Je m'outille et je me mets les deux mains dans mes bébittes les moins jolies, histoire de finir par en finir (d'essayer, en tout cas). Les conclusions auxquelles j'arrive d'une étape à l'autre, je ne les partage que peu. Néanmoins, il y a quelques personnes auxquelles j'en parle, parce qu'à moi toute seule, je crois que je n'arriverais pas à grand-chose. Évidemment, à me plonger ainsi dans ce qui m'est douloureux, je fertilise le terrain de mon subconscient et mes songes deviennent soudainement plus présents au réveil.

En début de semaine, j'ai rêvé que j'allais voir une de mes confidentes, au travail. Et je commençais à lui raconter mon cheminement des derniers jours lorsque j'ai réalisé que le décor clochait. Nous étions dans la chambre-à-coucher de son ancien chez-elle où son bureau était installé. Je l'ai regardé, narquoise, et je lui ai dit; «  Ben là, franchement, si tu viens jusque dans mes rêves pour avoir mes confidences en avance, tu te trompes de fille. Il est hors de question que je te raconte cela ici, j'irai te voir dans la vraie vie et je te dirai où j'en suis ». La femme dans mon rêve a ri et m'a répondu que j'étais aussi bien de tenir parole.

J'ai tourné les talons et je suis partie pour me retrouver dans le vestiaire des filles de la piscine olympique, où toutes les toilette étaient bouchées. Allez savoir c'est quoi le lien.

Je suis vraiment allé la voir au travail et lui ai donné les grandes lignes de mon avancée. Elle m'a écoutée attentivement, comme elle sait le faire, elle a beaucoup rigolé de mon rêve et m'a affirmé que c'est exactement ce qu'elle m'aurait dit si elle avait participé à la scène.

Je me suis alors dit que ma vie serait certainement beaucoup plus simple si j'arrivais à la modeler à ma mesure comme je réussi à le faire avec mes songes.

Mais elle manquerait, peut-être, un peu de piquant...

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