Façonner le rêve
Dans le développement
d'un enfant, il y a immanquablement une période durant laquelle il a
les nuits agitées de cauchemars. J'ai raconté, dans ces pages, que
j'avais eu une frousse énorme à cause d'un album, que j'aimais par
ailleurs beaucoup, et qui a fait en sorte que j'ai développé
l'astuce de dormir en camion pour contrôler mes songes afin d'éviter
de me réveiller dans tous mes états, paniquée à la seule idée de
me rendormir (pour les curieux, le texte où j'en traite a été
publié en mai 2005).
Par conséquent, je peux
affirmer que je suis capable, depuis fort longtemps, de changer le
cours de mes rêves et surtout de m'apercevoir que je suis en train
de rêver quand c'est le cas. Pas toujours, mais ça fini
systématiquement par donner un drôle d'effet à l'onirisme qui me
menait quelque part où je n'ai pas envie d'aller. Par exemple, dans
le fameux rêve qui nous voit tomber d'un précipice, je m'organise
pour revenir sur mes pas (remonter jusqu'en au de la falaise aussi
rapidement que j'en descendais un moment plus tôt), ou encore de
ralentir assez pour que ce devienne une chouette exploration du
paysage environnant. À l'arrivée, je suis toute d'une pièce et je
peux ainsi continuer à dormir ma nuit, tranquillement.
Dans les derniers temps,
j'ai pris la décision d'essayer de comprendre les sources de mes
colères. Je m'outille et je me mets les deux mains dans mes bébittes
les moins jolies, histoire de finir par en finir (d'essayer, en tout
cas). Les conclusions auxquelles j'arrive d'une étape à l'autre, je
ne les partage que peu. Néanmoins, il y a quelques personnes
auxquelles j'en parle, parce qu'à moi toute seule, je crois que je
n'arriverais pas à grand-chose. Évidemment, à me plonger ainsi
dans ce qui m'est douloureux, je fertilise le terrain de mon
subconscient et mes songes deviennent soudainement plus présents au
réveil.
En début de semaine,
j'ai rêvé que j'allais voir une de mes confidentes, au travail. Et
je commençais à lui raconter mon cheminement des derniers jours
lorsque j'ai réalisé que le décor clochait. Nous étions dans la
chambre-à-coucher de son ancien chez-elle où son bureau était
installé. Je l'ai regardé, narquoise, et je lui ai dit; «
Ben là, franchement, si tu viens jusque dans mes rêves pour avoir
mes confidences en avance, tu te trompes de fille. Il est hors de
question que je te raconte cela ici, j'irai te voir dans la vraie vie
et je te dirai où j'en suis ». La femme dans mon rêve a ri et
m'a répondu que j'étais aussi bien de tenir parole.
J'ai tourné les talons
et je suis partie pour me retrouver dans le vestiaire des filles de
la piscine olympique, où toutes les toilette étaient bouchées.
Allez savoir c'est quoi le lien.
Je suis vraiment allé la
voir au travail et lui ai donné les grandes lignes de mon avancée.
Elle m'a écoutée attentivement, comme elle sait le faire, elle a
beaucoup rigolé de mon rêve et m'a affirmé que c'est exactement ce
qu'elle m'aurait dit si elle avait participé à la scène.
Je me suis alors dit que
ma vie serait certainement beaucoup plus simple si j'arrivais à la
modeler à ma mesure comme je réussi à le faire avec mes songes.
Mais elle manquerait,
peut-être, un peu de piquant...
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