Ce que je sais de l'amour
Tu te dis que tu m'aimes,
mais quelquefois, je me demande ce que tu sais de l'amour. Que
connais-tu de moi pour affirmer une telle chose? Pas grand chose en
réalité. Tu conserves sans doute quelques souvenirs d'une moi qui a
autrefois existé et qui serait cristallisée dans un amoncellement
d'événements qui ne me ressemble pas davantage aujourd'hui que
l'image que je garde de toi puisse te représenter.
Je ne crois pas avoir,
dans les dernières années fait ou dit quoi que ce soit pour te
permettre de croire que je te donnais le droit de revenir dans mon
quotidien. Qu'on se voit de loin en loin, par le biais des réseaux
sociaux et autres fadaises du même genre est une chose, que tu
envahisses mon quotidien, en venant planter tes pénates bien trop
près de mon travail en est une autre. À ce moment, les frontières
deviennent floues et ce que tu racontes à des gens qui me
connaissent sur les mémoires qui alimentent ta nostalgie ça me fait
mal. Parce qu'il me semble que je devrais avoir le droit de choisir
ce que je partage de ma petite personne aux gens avec lesquels j'ai à
frayer quotidiennement.
Je n'ai pas
nécessairement envie que ces individus sachent tout de mon
adolescence en montagnes-russes. Tu me diras que j'écris, que je
m'écris, me décris. Vrai, cependant, je choisi mes angles, mes mes
sujets, mes confidences. Et tu remarqueras que j'essaie toujours de
laisser un certain flou dans ce que je raconte, ne permettant pas à
tout un chacun le loisir de se faire une tête tout à fait complète
sur mes sujets. Si je raconte quelque chose de vraiment personnel,
surtout lorsque ça ne m'appartient pas, premièrement, je demande
l'autorisation de le faire, deuxièmement, je me promène sur la
frontière du réel afin de ménager les susceptibilités et
l'intimité des personnes concernées.
Je sais depuis longtemps
que notre rupture t'a heurté. Je sais que tu ne t'attendais pas à
cela et que tu as eu du mal à t'en remettre, même si presque autant
de temps a passé depuis la séparation que le temps de la relation.
Même si tu as depuis longtemps refais ta vie, ailleurs. J'espère,
parallèlement, que tu y es heureux. Ça fait des années que je t'ai
signifié que je ne pouvais plus avoir de relation avec toi parce que
tu m'es toxique, ce sont les mots que j'ai utilisés pour le décrire,
par la suite, je ne les connaissais pas à l'époque, en tout cas pas
pour expliquer ce type de sentiment.
Tu te dis que tu m'aimes
et il y a probablement une lame de vérité dans cette assertion.
Pour moi cependant, l'amour laisse la place aux gens pour qu'ils
puissent s'épanouir, même sans nous. Parce que la toxicité ne
t'appartient pas, nous sommes tous le poison de quelqu'un, je crois.
L'amour n'est pas une prison, ne devrait pas l'être du moins, et
n'est surtout pas une obligation. C'est à mon avis quelque chose de
très égoïste pour toutes les parties concernées. Lorsqu'une
relation se termine, il faut savoir permettre à l'autre de quitter,
le laisser déployer ses ailes et surtout ne jamais revenir en
catimini par des chemins détournés, donner son point de vue sur une
rupture à ceux qui partagent aujourd'hui, la vie des êtres qu'on a
aimé et qu'on aimera sans doute pour le reste de nos vies.
Tu te dis que tu m'aimes,
mais pour paraphraser Jim Corcoran, actuellement, ton amour est trop
lourd.
Pour moi.
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