Paul Sarrasin, deuxième du nom
Lorsqu'on a été
adolescente dans, ou pré-adolescente, les décennies 1980 et 1990,
il va sans dire que les vidéoclips, les premiers, ont pris une
importance certaine dans la culture musicale que nous avons partagé.
Je me rappelle l'importance que nous accordions à l'émission de
vidéos qui passait tous les jours à CBC vers l'heure du souper et
il était hors de question de la louper sous prétexte d'être
totalement out des discussion
de cours d'école du lendemain matin. Ce qu'aucun d'entre-nous ne
voulait, bien entendu. C'était avant que les magnétophones ne
soient largement répandus, chez-nous, il n'y en avait pas, il
fallait donc être devant la télé à l'heure dite.
Et
puis Musique Plus est arrivé sur nos écrans, pas dans tous les
foyers, mais tout le monde en parlait, tout le monde connaissait les
VJ. Lorsque nous allions traîner sur Sainte-Catherine le samedi
après-midi, il fallait absolument passer près des vitrines de la
station pour pouvoir raconter à ceux qui n'étaient pas avec nous,
que nous avions pu apercevoir tel ou telle VJ ou vedette au passage.
Parmi les plus connus, il y avait Paul Sarrasin. Je ne prisais pas
particulièrement les émissions qu'il animait, n'ayant jamais été
une fan de rock poilu qui était très prisé à l'époque. Mais
comme n'importe qui de ma génération, je savais qui il était, je
connaissais son visage et sa voix. C'était un incontournable qui
était pas mal partout sur les chaînes de radio commerciales et dans
les magazines pour jeunes que feuilletais et découpais souvent.
L'histoire
de la fin de sa très grande popularité est maintenant connue, on
sait qu'il a eu un difficile passage à vide lorsque la station lui a
signifié son congé. Il était aussi brutalement sortis des ondes
qu'il y était entré.
Pour
des raisons dont je ne me rappelle plus très bien, ma grande amie a
un jour adopté un chat qu'elle a nommé Paul Sarrasin. Un grand chat
tout noir, ce qui rendait la situation encore plus drôle parce que
l'original était plutôt blond. Un chat de maison, tout à fait
peureux. Il n'est pas le pire de ma connaissance à ce sujet, mais il
n'a jamais prisé l'inconnu, lui préférant toujours le douillet de
l'appartement dans lequel il vit.
Combien
de fois avons nous rit, sa maîtresse et moi, des situations un peu
absurdes que le nom de son chats faisait surgir. Surtout à cause que
les gens ne comprennent plus nécessairement le référent à la
seule prononciation dudit nom. Mais, ça nous amuse toujours autant,
et je présume que c'est là l'important.
Mon
amie est partie en vacances il y a une dizaine de jours, et à son
retour il n'y avait plus de chat. Pas de chat mort dans
l'appartement, pas de croquette bouffée, pas de crotte dans la
litière, pas de poils sur le lit. Le chat s'est en quelque sorte
évaporé. Il s'est probablement faufilé dehors lors de son départ
à elle pour entreprendre la plus grande aventure de sa vie de chat.
Mon
amie, bien entendu est triste, elle fait du déni sur l'absence
permanente de son chat (c'est ce qu'elle me dit), elle l'appelle tous
les soirs en espérant que le son de sa voix l'attire à elle. Je la
comprends, je ferais pareil à sa place.
Pendant
ce temps, je n'ai pu m'empêcher de me dire que pour la deuxième
fois de ma vie, Paul Sarrasin est complètement sorti de mes ondes,
sans aucune forme d'avertissement.
Et
comme le premier a fini par y revenir, quoique plus discrètement, je
me permets de croire que tous les espoirs sont permis.
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