dimanche, juillet 19, 2015

Paul Sarrasin, deuxième du nom

Lorsqu'on a été adolescente dans, ou pré-adolescente, les décennies 1980 et 1990, il va sans dire que les vidéoclips, les premiers, ont pris une importance certaine dans la culture musicale que nous avons partagé. Je me rappelle l'importance que nous accordions à l'émission de vidéos qui passait tous les jours à CBC vers l'heure du souper et il était hors de question de la louper sous prétexte d'être totalement out des discussion de cours d'école du lendemain matin. Ce qu'aucun d'entre-nous ne voulait, bien entendu. C'était avant que les magnétophones ne soient largement répandus, chez-nous, il n'y en avait pas, il fallait donc être devant la télé à l'heure dite.

Et puis Musique Plus est arrivé sur nos écrans, pas dans tous les foyers, mais tout le monde en parlait, tout le monde connaissait les VJ. Lorsque nous allions traîner sur Sainte-Catherine le samedi après-midi, il fallait absolument passer près des vitrines de la station pour pouvoir raconter à ceux qui n'étaient pas avec nous, que nous avions pu apercevoir tel ou telle VJ ou vedette au passage. Parmi les plus connus, il y avait Paul Sarrasin. Je ne prisais pas particulièrement les émissions qu'il animait, n'ayant jamais été une fan de rock poilu qui était très prisé à l'époque. Mais comme n'importe qui de ma génération, je savais qui il était, je connaissais son visage et sa voix. C'était un incontournable qui était pas mal partout sur les chaînes de radio commerciales et dans les magazines pour jeunes que feuilletais et découpais souvent.

L'histoire de la fin de sa très grande popularité est maintenant connue, on sait qu'il a eu un difficile passage à vide lorsque la station lui a signifié son congé. Il était aussi brutalement sortis des ondes qu'il y était entré.

Pour des raisons dont je ne me rappelle plus très bien, ma grande amie a un jour adopté un chat qu'elle a nommé Paul Sarrasin. Un grand chat tout noir, ce qui rendait la situation encore plus drôle parce que l'original était plutôt blond. Un chat de maison, tout à fait peureux. Il n'est pas le pire de ma connaissance à ce sujet, mais il n'a jamais prisé l'inconnu, lui préférant toujours le douillet de l'appartement dans lequel il vit.

Combien de fois avons nous rit, sa maîtresse et moi, des situations un peu absurdes que le nom de son chats faisait surgir. Surtout à cause que les gens ne comprennent plus nécessairement le référent à la seule prononciation dudit nom. Mais, ça nous amuse toujours autant, et je présume que c'est là l'important.

Mon amie est partie en vacances il y a une dizaine de jours, et à son retour il n'y avait plus de chat. Pas de chat mort dans l'appartement, pas de croquette bouffée, pas de crotte dans la litière, pas de poils sur le lit. Le chat s'est en quelque sorte évaporé. Il s'est probablement faufilé dehors lors de son départ à elle pour entreprendre la plus grande aventure de sa vie de chat.

Mon amie, bien entendu est triste, elle fait du déni sur l'absence permanente de son chat (c'est ce qu'elle me dit), elle l'appelle tous les soirs en espérant que le son de sa voix l'attire à elle. Je la comprends, je ferais pareil à sa place.

Pendant ce temps, je n'ai pu m'empêcher de me dire que pour la deuxième fois de ma vie, Paul Sarrasin est complètement sorti de mes ondes, sans aucune forme d'avertissement.

Et comme le premier a fini par y revenir, quoique plus discrètement, je me permets de croire que tous les espoirs sont permis.

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