dimanche, juillet 26, 2015

Samedis de feux

J'ai écrit ce texte hier, mais je n'étais pas satisfaite de ma chute, c'est pourquoi je l'ai retournée dans ma tête toute la journée avant de finir par en trouver une qui m'aille. Ce qui explique le fait qu'aujourd'hui est un samedi dans le texte, même si la publication a lieu un dimanche.

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J'essaie, généralement, de passer les soirées de feux d'artifices loin de ma maison. Pas tant que les feux en soit m'énervent, mais disons qu'il y a du bigarré dans la foule qui se masse aux pieds du pont Jacques-Cartier, ces soirs-là. Bon d'accord, il y a du particulier dans la faune de mon quartier en tout temps, sauf que la densité d'énergumènes au pouce carré augmente vertigineusement, avant et après ces événements, les samedis surtout.

Il y a quelques instants, une ambulance s'est stationnée juste sous mes fenêtres pour venir récupérer quelqu'un. Pour quelles raisons, je l'ignore; je ne suis pas allée écornifler. Lors de mon premier été ici, un samedi soir de feux justement, j'avais été réveillée par une chicane de ménage qui voyait valser le mobilier d'un troisième étage vers le bitume. Je crois que c'était autour du premier juillet ce qui fait qu'on additionnait le premier du mois, à une belle soirée d'été, elle-même additionnée aux feux. J'imagine que les policiers étaient arrivés rapidement et la discussion avec la responsable de ma nuit écourtée avait eu lieu devant chez moi, assez pour me donner l'impression qu'elle avait lieu sur mon oreiller. C'était assez perturbant.

Adolescente, je suis venue dans le coin avec des amis pour regarder les feux et je me souviens que certains des jeunes se bourraient de toutes sortes de substances pour les savourer différemment. J'imagine que c'est encore vrai de nos jours puisque les échos qui viennent jusqu'à moi me laissent croire que certains spectateurs, ne sont pas tout à fait à jeun. Ils sont bruyants, désordonnés et traînent leur jeunesse devant chez-moi bien longtemps après l'extinction de la dernière fusée.

C'est aussi un rendez-vous largement familial. Les abords du métro Papineau en font foi. À partir d'une certaine heure, les escaliers mobiles vont tous dans la même direction. Jusqu'à 22 heures, la station se vide sans arrêt d'une meute compacte à une vitesse ahurissante, comme si l'heure de pointe de tout le grand Montréal migrait à cet endroit précis. Si on est pris dans le flot, ce qui m'est arrivé un peu trop souvent à mon goût, on ne peut rien faire d'autre que de suivre le trafic jusqu'à ce qu'on atteigne l'air libre, et même-là, il est possible qu'on soit pris dans un détour si on a eu la malheureuse idée de ne pas choisir la file qui tournera dans la direction où l'on veut aller (et lesdites files sont aléatoires). J'ai aussi appris qui valait mieux ne pas tenter de descendre à cette station, après les feux; le contre-courant étant presque impossible à réaliser.

Bref, les soirs de feux sont souvent hauts en couleurs et pas juste dans le ciel. Tout à l'heure, en grimpant les marches de la station de métro, j'étais précédée par un homme qui tenait dans ses bras une magnifique statue de Jésus à qui il parlait tendrement. Si j'ai bien suivi ce qu'il disait, le plan était d'arriver assez tôt afin de sécuriser un certain banc près du fleuve pour qu'ils puissent, tous les deux, jouir du spectacle toujours plus extraordinaire du feu de Dieu.

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