Bruxelles la belle
Pour mes quatorze ans,
mes parents m'ont offert en cadeau d'accompagner mon père lors d'un
de ses nombreux voyages d'affaires. Je n'avais pas choisi la
destination, nous allions aux Pays-Bas, un point c'est tout.
Cela fera vingt-neuf ans
dans quelques semaines. Je garde des souvenirs assez confus de ce
périple, des taches de couleurs dans un voyage au cours duquel, je
me suis passablement ennuyée. Je ne comprenais pas la langue locale
et j'étais à peine capable de dire yes-no-toaster
en anglais. Mon père passait le plus clair de ses journées avec des
gens qui ne parlaient que peu ou prou le français et nous faisions
de petites excursions entre deux rencontres.
J'avais
vu de loin la maison d'Ann Frank, que nous n'avions pas visité, mais
j'étais allée Rijksmuseum et était tombée sous le charme de La
ronde de nuit. Je suppose que
mon père m'y avait déposée une demie journée afin d'éviter que
je ne me tétanise d'ennui. Ce qui avait très bien fonctionné. Et
nous étions allée à Madurodam, ville miniature qui m'avait
énormément impressionnée.
Au
bout de plusieurs longues journées à me sentir coincée dans des
lieux que je ne connaissais pas et sans aucun moyen de me débrouiller
par moi-même, nous étions amenés à Bruxelles. J'avais été voir
la statue du Manneken-Pis. Je trouvais un peu absurde de voir de
tonnes de touristes se prendre en photo devant elle. Après tout, ce
n'est qu'un gamin qui fait pipi. Tintin, j'aurais compris mais ça,
pfff, c'était sans aucun espèce d'intérêt pour mon adolescence en
fleur. Ce n'est que plus tard que j'en ai compris la signification.
Mon
père m'avait laissée seule dans seule sur la Grande-Place où
j'avais passé le plus bel après-midi de ma vie. Je n'avais pas fait
grand chose, seulement boire des thés glacés à différents
endroits en regardant les gens passer, comme si j'appartenais à la
ville. J'avais même fait quelques achats, des souvenirs que je
destinais aux membres de la famille restés à la maison. J'avais
fais cela toute seule, sans avoir besoin d'aide de personne parce que
même si mon accent laissait peut-être quelques personnes perplexes,
toutes les gens à qui je m'étais adressée m'avaient servie avec
beaucoup de gentillesse.
Dans
un bistro, j'avais entendu pour la première fois la chanson les
démons de minuit,dont le texte
m'avait rire toute seule au grand plaisir du serveur qui m'avait
demander de ne jamais cesser de rire si franchement en vieillissant.
Je trouve toujours le texte de la chanson abominable, mais j'aime
d'amour cette pièce parce qu'elle me permet de revoir des scènes
d'un passé maintenant lointain aussi vivement que si elles se
déroulaient sous mes yeux. J'étais bien, je me sentais indépendante
et mature aussi. Une ado ne pouvait rêver mieux.
C'est
je jour-là, je crois, que j'ai compris le sens du mot liberté.
Aujourd'hui,
des hommes on abîmé ma liberté.
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