mardi, mars 22, 2016

Bruxelles la belle

Pour mes quatorze ans, mes parents m'ont offert en cadeau d'accompagner mon père lors d'un de ses nombreux voyages d'affaires. Je n'avais pas choisi la destination, nous allions aux Pays-Bas, un point c'est tout.

Cela fera vingt-neuf ans dans quelques semaines. Je garde des souvenirs assez confus de ce périple, des taches de couleurs dans un voyage au cours duquel, je me suis passablement ennuyée. Je ne comprenais pas la langue locale et j'étais à peine capable de dire yes-no-toaster en anglais. Mon père passait le plus clair de ses journées avec des gens qui ne parlaient que peu ou prou le français et nous faisions de petites excursions entre deux rencontres.

J'avais vu de loin la maison d'Ann Frank, que nous n'avions pas visité, mais j'étais allée Rijksmuseum et était tombée sous le charme de La ronde de nuit. Je suppose que mon père m'y avait déposée une demie journée afin d'éviter que je ne me tétanise d'ennui. Ce qui avait très bien fonctionné. Et nous étions allée à Madurodam, ville miniature qui m'avait énormément impressionnée.

Au bout de plusieurs longues journées à me sentir coincée dans des lieux que je ne connaissais pas et sans aucun moyen de me débrouiller par moi-même, nous étions amenés à Bruxelles. J'avais été voir la statue du Manneken-Pis. Je trouvais un peu absurde de voir de tonnes de touristes se prendre en photo devant elle. Après tout, ce n'est qu'un gamin qui fait pipi. Tintin, j'aurais compris mais ça, pfff, c'était sans aucun espèce d'intérêt pour mon adolescence en fleur. Ce n'est que plus tard que j'en ai compris la signification.

Mon père m'avait laissée seule dans seule sur la Grande-Place où j'avais passé le plus bel après-midi de ma vie. Je n'avais pas fait grand chose, seulement boire des thés glacés à différents endroits en regardant les gens passer, comme si j'appartenais à la ville. J'avais même fait quelques achats, des souvenirs que je destinais aux membres de la famille restés à la maison. J'avais fais cela toute seule, sans avoir besoin d'aide de personne parce que même si mon accent laissait peut-être quelques personnes perplexes, toutes les gens à qui je m'étais adressée m'avaient servie avec beaucoup de gentillesse.

Dans un bistro, j'avais entendu pour la première fois la chanson les démons de minuit,dont le texte m'avait rire toute seule au grand plaisir du serveur qui m'avait demander de ne jamais cesser de rire si franchement en vieillissant. Je trouve toujours le texte de la chanson abominable, mais j'aime d'amour cette pièce parce qu'elle me permet de revoir des scènes d'un passé maintenant lointain aussi vivement que si elles se déroulaient sous mes yeux. J'étais bien, je me sentais indépendante et mature aussi. Une ado ne pouvait rêver mieux.

C'est je jour-là, je crois, que j'ai compris le sens du mot liberté.

Aujourd'hui, des hommes on abîmé ma liberté.

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