Du romantisme britannique à l'extrême Cro-Magnon
Début mars, c'est le
moment de notre voyage culturel dans l'ouest de l'île. Deuxième
année d'une expérience que nous souhaitons toutes répéter dans
les années à venir. Notre périple est motivé par la présence sur
scène de l'une d'entre nous dans une opérette issue du XIXe siècle
britannique.
Ça change l'ordinaire,
mettons. Il faut voir la chose pour comprendre à quel point c'est
différent des spectacles auxquels nous sommes habitués. Il n'y a
aucune commune mesure entre ce genre de prestation toute autre forme
de théâtre musical. Ces opérettes sont pimentées par beaucoup
d'humour, autant dans la mise en scène que dans le texte en soi. Ça
vous requinque le moral trois mesures après le début de la
prestation. On s'amuse toujours beaucoup de savoir à quel point ces
œuvres étaient sulfureuses en leur temps. Et l'historienne en moi
apprécie énormément la plongée.
Comme l'an dernier, on en
est ressorties, charmées et quelque peu déphasées. Cette année,
nous suivions les aventures romantiques d'une jolie bergère qui est
aimée par le poète que toutes les jeunes femmes de la région
adulent et qui ne le lui rend pas. Sauf qu'ayant été convaincue que
le le véritable amour est désintéressé et non partagé, elle
choisi de promettre d'épouser le jeune homme en question plutôt que
celui pour qui son cœur penche réellement. S'ensuit une foule de
revirements et au bout du compte tous les protagonistes finissent par
trouver le partenaire de vie qui lui convienne, dans une conclusion
aussi hâtive qu'improbable. Très divertissant.
Cependant, il n'y a pas
que le décalage historique qui nous titille le rire. On ne se rend
pas fréquemment compte, de visu,
des différences culturelles entre Québécois et Québécois.
Parce
qu'on ne se voit pas si souvent, il fallait bien qu'on aille prendre
un verre après le spectacle.
On
s'est donc retrouvées dans un pub trop éclairé, dont tous les pans
de murs étaient tapissés de téléviseurs haute-définition et de
machines à sous. L'endroit faisait salle comble parce qu'on y
présentait, en direct les combats de l'UFC. Il va sans dire qu'on
se fichait passablement des combats en question, contrairement au
reste de la foule présente ce soir-là. On devait pratiquement
hurler pour se faire entendre de nos voisines. Autre fait qui
tranchait, nous étions la seule table autour de laquelle se
massaient les filles avec un seul homme pour créer la diversité.
Partout autour de nous, c'était largement l'inverse, si tant est
qu'il y ai eu une femme à certaines tables.
Par
ailleurs, nous étions particulièrement ravies d'y être. On aurait
voulu chercher un moyen inusité de conclure notre pèlerinage
culturel que nous n'aurions pas pu faire mieux. Une toute petite
soirée de voyage dans un espace temps qui ne nous ressemble en rien.
Et
cette impression tenace d'être passées du romantisme britannique à
l'extrême Cro-Magnon.
Une
magnifique manière de briser la monotonie de nos existences bien
réglées.
Libellés : Digressions, Spectacles