dimanche, mars 20, 2016

Nuits blanches imposées

Quand j'étais toute petite, je m'imaginais que la coquille des escargots ou la carapace des tortue étaient leurs maisons. Comme dans un truc meublé avec une cuisine, une salle à manger, une salle de jeux, au moins une chambre et tutti quanti. J'ai passé des heures à essayer de voir lesdits appartements dans les coquilles vides d'escargots que je ramassais les jours de pluie. Je croyais, à mon illusion dur comme fer.
Je trouvais tout à fait charmant l'idée de transporter toute sa maison sur son dos et de ne jamais se sentir de trop, nulle part.

J'ai presque fini par vivre cette vie, particulièrement dans mes années sherbrookoises. J'ai tellement déménagé, quelquefois même à plusieurs reprises dans la même année. J'avais fini par me faire un pécule de trucs à transporter d'une maison à l'autre et surtout par emballer mes avoirs d'une manière à ce point efficace, que je puis dire sans exagérer que ça ne me prenait plus qu'une journée pour tout faire, à la fin.

Quand j'ai fini par poser mes meubles dans cet appartement du village, je croyais y passer une année, peut-être deux. Jamais, depuis que j'ai quitté la maison parentale, je n'ai habité au même endroit aussi longtemps. C'est donc devenu chez-moi. Pas un appartement dans lequel j'habite, chez-moi.

Mais voilà qu'il y a deux étés, la voisine du dessus qui avait laisser son fils faire ses premiers pas, jouer aux autos, pratiquer inlassablement les mêmes premiers accords de piano, faire du tricycle, courir d'un bout à l'autre du six pièces et surtout monter et descendre inlassablement les escaliers qui traversent mes fenêtres sur ses tongs de bois, vestiges de ses origines asiatiques, a cédé son logement.

J'en ai déjà parlé, ici, depuis ce temps, les dernières scènes du cinquième acte se sont multipliées. L'impression d'avoir un troupeau d'éléphants en colères qui piétine mes soirées, aussi. Je ne sais même pas de quoi les locataires ont l'air. Je sais cependant, qu'officiellement, c'est une fille qui a le bail parce que je connais les personnes qui restent en haut de chez-elle.

Vendredi soir, il y a eu une petite fête chez cette voisine. Ce qui veut dire beaucoup de bruit. Même en temps normal, c'est bruyant, quand il n'y a que deux ou trois personnes. Mais les petites fêtes elles, sont quelque chose et surtout, ne se terminent jamais avant des heures indues. J'ai fini par me coucher avec des bouchons dans les oreilles, histoire de survivre à ma nuit.

Je ne dors jamais bien avec des bouchons, j'ai l'impression d'avoir les oreilles qui explosent. Je me suis donc réveillée, samedi matin comme si c'était moi qui avais fait la rumba toute la nuit, pas du tout reposée. Comme dans pas du tout.

Je réfléchissais donc à la possibilité d'aller me présenter à la voisine en question pour lui dire, en gros qu'elle m’emmerde particulièrement, mais de manière plus polie, évidemment, quand la musique est partie. Il était dix heures du matin. J'étais surprise qu'elle soit déjà levée étant donné que ses derniers invités étaient partis autour de 4 heures. Et puis, il y avait exagération et exagération, les verres s'entrechoquaient au son de la basse extrême. J'ai donc pris mes cliques et mes claques et je suis montée, pour m'apercevoir que le bruit venait du troisième étage. J'ai cogné, expliqué que je vivais un inconfort total et le gars s'est excusé et m'a dit que c'était sa riposte à la voisine sandwich. Il a baissé un peu sa basse, pas assez pour que que je la perçoive plus cependant, en fait juste assez forte pour qu'il soit certain d'empêcher notre inopportune de dormir.

Je me demande quand est-ce que je vais trouver le courage d'aller lui dire qu'elle est insupportable, et pas seulement d'en parler ici.

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