Le problème avec l'imagination
Mettons les choses en
perspective, avant de débuter : je sais
que ma sœur est une super maman et que ma mère est une fantastique
grand-maman. Je n'ai absolument aucun doute sur ces deux assertions.
Hier,
j'avais un rendez-vous chez le dentiste aux aurores. Vraiment. Pour
un nettoyage annuel que je n'avais pas eu depuis un peu plus de vingt
ans, si mes calculs sont exacts. En plus, je travaillais, la veille
jusqu'à 21h00, ce qui m'a amenée à m'endormir quelque part entre
minuit et une heure du matin. Alors mettons que le réveil à 5h45,
était plutôt abrupt.
Il
existe peut-être quelques personnes parmi mes lecteurs qui ignorent
que je suis une fan finie de tennis depuis des années et que je suis
particulièrement fan d'un certain tennisman canadien depuis qu'il
est sorti des rangs juniors. C'est Wimbledon en ce moment, alors je
passe mes journées de congé rivée à l'écran parce que j'aime ça.
Donc, en revenant de chez le dentiste, la fatigue au corps, j'ai
écouté la fin de match de mon joueur et débuté l'écoute du
suivant, sur lequel, je me suis endormie.
Je
ne garde que rarement des souvenirs de mes rêves nocturnes, mais
lorsque je fais la sieste, j'en garde presque toujours toute
l'intensité.
Ainsi,
durant cette sieste, aussi imprévue que nécessaire, j'ai rêvé.
J'ai rêvé que ma sœur avait perdu son bébé à la piscine. Dans
mon imaginaire déglingué, c'était la piscine trois pieds du
Centre-Claude-Robillard. Je serais fort surprise d'apprendre que ma
sœur et mon neveu y soient allés depuis la naissance de celui-ci.
M'enfin... Donc elle avait perdu son bébé. Simplement, comme ça.
Elle l'avait mis à l'eau et ne s'en était pas préoccupé plus
qu'il ne le faut. Exactement comme quand on perd une chaussette en
faisant le lavage.
Toujours
dans mon rêve, je n'avais été avisée de la perte quelques 10
jours après l'événement que personne (c'est-à-dire, ma mère et
ma sœur) ne semblait faire grand cas. Et moi je pleurais et je
pleurais. Je demandais à ma mère pourquoi on ne m'avait pas
informée de la disparition du poupon et elle m'avait répondu :
« c'est pas grave, Jean-Lou n'est pas perdu ». Qui était
Jean-Lou? Je n'en avais pas la moindre idée. J'en connais bien
quelques uns, mais ça faisait fichtrement longtemps que je ne leur
avais pas consacré une pensée. J'avais posé la question à maman
qui m'avait répondu que c'était un enfant que ses parents
touchaient. J'avais rétorqué, de manière véhémente, que mon
neveu était régulièrement touché, et ma mère m'avait répondu
que ma sœur était négligente avec ses affaires.
Je
me suis réveillée là-dessus. Avec les joues marbrées de sillons
de larmes, le cœur battant à cent milles à l'heure et les idées
totalement confondues. Pour moi, ce rêve était la réalité. Et ça
m'a pris quelques minutes avant de comprendre,que
rien n'était plus faux. Il aura fallut que mon cerveau embrumé se
raccroche au fait que ma sœur avait mis une photo sur les réseaux
sociaux, entre la soit-disant perte de son enfant et ce matin-là,
pour que me raccroche à cette image et que je me sente enfin
soulagée pour la santé et la sécurité de mon neveu.
Depuis,
j'ai reçu deux photos et une vidéo du plus beau petit garçon du
monde et mon imaginaire débridé est complètement rassuré.
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