dimanche, juin 05, 2016

Les oreilles qui résonnent

Je travaille assez rarement le dimanche. C'est mon petit bout de fin de semaine à moi. Cet état de faits est assez plaisant parce que ça me donne une journée de congé sur le sens du monde qui me permet de prévoir des activités avec la moyenne des ours civilisés qui ont toutes leurs fins de semaines de repos. Durant la saison estivale, Maman et moi on en profite aussi pour écouter des finales de tennis, genre d'activité que nous ne partageons qu'ensemble et que nous aimons beaucoup.

Aujourd'hui, par contre, je travaillais. J'avais eu congé hier, dans une espèce de fin de semaine en forme de fromage suisse. Ça ne me dérange pas trop, à condition que ce ne soit pas ainsi toutes les semaines. Comme je savais que la flotte allait nous tomber sur la tête quelque part ce matin, j'étais, en réalité, bien heureuse d'avoir eu la somptueuse journée qui m'avait été impartie pour flâner dans le parc devant chez-moi avec un livre, du papier et un stylo et mon baladeur. Certes, il faisait un peu gris, mais il ne pleuvait pas et il faisait bon être dehors.

Depuis quelques jours, j'avais vu jaillir des pancartes d'un jaune criard sur à peu près tous les poteaux de ma rue et de ses voisines. En plus d'interdiction de stationner orange fluo que l'on ne voit pousser d'ordinaire que dans les mois d'hiver. Les jaunes étaient surdimensionnées et indiquaient très clairement une interdiction de stationner dans le quadrilatère entre 1h00 ce matin et 16h00 cet après-midi. Ça pouvait difficilement être plus clair. Surtout que des toilettes chimiques ont poussé dans le parc, à côté de tables à pique-niques non permanente. Avec toute sorte de signalisation qui expliquait que le Tour de l'île passerait par le secteur.

J'ai quelquefois des doutes sur la capacité de lecture de mes voisins. Si beaucoup d'entre eux ont un véhicule automobile, j'en soupçonne une bonne partie d'être analphabète fonctionnelle. Moi, je vois un panneau et je le lis sans trop m'en apercevoir. Eux... J'en doute.

Bref, à 6h00 ce matin, les camions de remorquage sont arrivés toutes sirènes dehors. Parce qu'évidemment, la rue était pleine de voitures. Heureusement, je m'étais réveillée de moi-même à peu près dix minutes avant leur entrée en scène tonitruante, pour dire le moins. Je sortais de la douche lorsque j'ai perçu leur doux chant. C'est déjà pénible l'hiver quand toutes les fenêtres sont bien fermées et calfeutrées, c'est carrément assourdissant avec les fenêtres grandes ouvertes. Et je ne peux pas faire grand chose pour atténuer le bruit, je n'ai pas de voiture à aller déplacer.

En plus, mon voisinage a, généralement, le samedi soir festif, ce qui fait que ça lui a pris un temps fou avant de comprendre le message peu subtil. Et quand ses membres sortaient de leur logis pour aller déplacer leur véhicule, ils fulminaient (le mot est faible) contre les employés de la ville. Moi, je me disait qu'en réalité les employés municipaux avaient été plutôt gentils de ne pas nous réveiller bien plus tôt, après tout, ils nous avaient laissé 5 heures de délais, ce qui n'est pas rien.

Tout cela pour dire que, pour cette fois, j'étais vraiment contente de mon horaire atypique et d'avoir eu à me lever de toute manière, parce que je suis passablement convaincue que j'aurais été franchement de mauvais poil s'il avait fallut que je me fasse réveiller à grands coups de sirènes un jour où mon seul plan de match aurait été de me laisser aller à la farniente.

N'empêche que j'ai encore les oreilles qui résonnent et je me demande bien quand mon audition reviendra à la normale.

Libellés :