dimanche, juillet 10, 2016

Revendiquer le réel

Je suis la fille de mes ancêtres et porte en moi quelquefois leurs traits, leurs qualités, leurs défauts, leurs valeurs, leurs cultures, l'éducation qu'on m'a offerte et bien d'autres choses encore.

Je puis en reconnaître l'essence, la valeur et même l'importance dans mon propre cheminement. Mais je crois que je suis devenue ce que je suis à travers les mes expériences, les décisions que j'ai prises qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Peut-être même que j'ai pris plus de pouces dans ma croissance identitaires à travers mes échecs que j'ai pu en prendre à travers mes réussites. J'ai essuyé beaucoup d'échecs. Scolaires en premier lieu. Tellement que je me suis longtemps perçue comme pas très performante dans ce domaine et personne n'a été plus surprise que moi de réaliser qu'en fait, je me classais largement au dessus de la moyenne en terminant mon baccalauréat.

J'ai aussi connu mon lot de travers professionnels. Mes ascensions ne se sont pas toutes faites en lignes droites. La plupart du temps, cependant, j'ai remis l'épaule à la roue, admettant mes erreurs, mes travers pour mieux les faire évoluer dans le sens où je me voyais aller. Ça n'a pas souvent été facile, mais je l'ai fait du mieux que je le pouvais.

J'ai eu ma part d'échecs amoureux aussi. Mon célibat plus que prolongé en faisant foi. Malgré les pressions sociales je suis restée fidèle à mon âme romantique quitte à ne pas trouver de compagnon de vie parce que je n'avais pas envie de troquer les conventions à l'Amour, celui que l'adolescente que j'ai été l'avait rêvé.

Je me sais largement plus encline à avouer mes défauts qu'à m'accorder du crédit. J'ai le censeur intérieur qui parle bien fort et qui se ligue souvent avec un syndrome de l'imposteur. Surtout quand j'écris. Je suis émue jusqu'à la moelle quand on me fait des compliments sur mes textes, même s'il m'arrive régulièrement de ne pas vraiment y croire. En tout cas, pas sur le coup. Il me faut parfois du recul avant de pouvoir regarder un texte dans le blanc des yeux et lui dire qu'il n'est pas si anodin que cela, au bout du compte.

Alors quand on me dit que mon talent je le dois à telle ou telle personne de mon arbre généalogique, ça me tue. Bien entendu, je ne suis pas la première de ma lignée (directe ou indirecte) à manier la plume et j'espère que je ne ne serai pas la dernière à le faire non plus. Sauf que je me suis frayé un sentier à force de mots, de persévérance et de sensibilité. Donc, quand on m'annonce que mon talent vient des autres, j'ai l'impression de me faire spolier mon être pour qu'il soit remis à ces gens qui partagent ou ont partagé avec moi, ce moyen d'expression.

Je suis reconnaissante de tous les dons qui m'ont été faits avant ma naissance, mais je revendique ma propre manière de dire le réel tel que je vis.

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