Désagrément mineur
J'ai
toujours été agacée par les gens qui se sentent le devoir de
partager leur musique au plus grand nombre comme si tout un chacun
devait partager leurs goûts. Je dirais d'ailleurs, qu'à de très
rares exceptions, je n'aime pas du tout les musiques qui me sont
imposées. Bon d'accord, quand on passe une semaine dans un tout
inclus, il est fort probables que les musiques des différents bars
soient un tantinet redondantes et il est fort possible que la grande
majorité des gens n'en puisse plus d'entendre des interprétations
en espagnol des grands succès de Céline ou les quelques pièces
dansantes du Buena Vista Social Club, mais dans ce cas ce sont des
bruits de fonds normaux.
Là où
j'étais, au cours de la semaine dernière, il y avait cet homme qui
était la caricature du poil
qui a mal vieilli. Il portait toujours des camisoles ou des t-shirts
aux couleurs de groupes qui étaient très populaires dans les années
1980 et qui faisaient les beaux jours de Solid Rock
à Musique Plus. Il portait une queue de cheval chétive sous une
casquette de baseball usée à la corde et des shorts adidas qui
semblaient tout droit sortis d'une garde-robe de l'époque
sus-mentionnée. Il semblait avoir élu domicile dans le bar du
lobby, même si je le croisais quelque fois au buffet, un homme doit
se nourrir, mais la piscine où la plage ne semblaient pas faire
partie de ses champs d'intérêts.
Je
ne l'aurais sans doute pas plus remarqué que cela si ce n'avait été
du fait qu'il déposait toujours sur sa table un amplificateur aux
lumières criardes qu'il allumait à son arrivée et qui jouait tout
au long de la journée et de la soirées des boucles et des boucles
de musique de poil.
Metallica, Def Leppard, AC/DC et autres machins du genre. J'ai été
adolescente dans les années 1980, je connaissais donc une partie des
pièces qu'il nous imposait. Je ne les aimais pas à l'époque et je
ne les ai pas davantage prisées durant mes vacances, moins
peut-être, si c'est possible. C'est difficile de ne pas tenir
compte d'un individu dans un endroit aussi restreint que le bar
principal d'un tout inclus à Cuba.
J'avais
rapidement constaté, d'ailleurs, que je n'étais pas la seule à
être irritée par ce partage musical inopportun. Certains groupes
apportaient à leur tour un amplificateur, mais leurs musiques ne me
dérangeaient pas parce que je ne les entendaient pas : elles
étaient juste assez fortes pour que les convives en profitent et
juste assez discrètes pour les autres vacanciers n'en aient pas
vraiment connaissance. Les autres, se contentaient de choisir des
tables le plus éloignées possible de la sienne en espérant bien
inutilement pouvoir échapper à ce déversement intempestif de solos
de guitare.
L'avantage
d'avoir un tel personnage en présence, c'est que j'ai rapidement
fait la connaissance de gens qui sourcillaient au même rythme que
moi devant cet étalage. À coups de petites blagues, pas toujours
tout à fait gentilles et de fous-rires bienvenus, nous avons créé
des liens et je me suis ainsi retrouvée bien entourée pour le reste
de mon séjour.
J'avais
apporté 8 livres dans mes valises, mais je n'ai même pas eu le
temps d'en terminer trois, tellement j'ai été prise par de belles
discussions avec toutes sortes de gens intéressants.
Alors,
à tout prendre, un poil
qui a mal vieilli, c'est un moindre mal si cela m'a permis de faire
d'aussi belles rencontres.
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