samedi, avril 15, 2017

Désagrément mineur

J'ai toujours été agacée par les gens qui se sentent le devoir de partager leur musique au plus grand nombre comme si tout un chacun devait partager leurs goûts. Je dirais d'ailleurs, qu'à de très rares exceptions, je n'aime pas du tout les musiques qui me sont imposées. Bon d'accord, quand on passe une semaine dans un tout inclus, il est fort probables que les musiques des différents bars soient un tantinet redondantes et il est fort possible que la grande majorité des gens n'en puisse plus d'entendre des interprétations en espagnol des grands succès de Céline ou les quelques pièces dansantes du Buena Vista Social Club, mais dans ce cas ce sont des bruits de fonds normaux.

Là où j'étais, au cours de la semaine dernière, il y avait cet homme qui était la caricature du poil qui a mal vieilli. Il portait toujours des camisoles ou des t-shirts aux couleurs de groupes qui étaient très populaires dans les années 1980 et qui faisaient les beaux jours de Solid Rock à Musique Plus. Il portait une queue de cheval chétive sous une casquette de baseball usée à la corde et des shorts adidas qui semblaient tout droit sortis d'une garde-robe de l'époque sus-mentionnée. Il semblait avoir élu domicile dans le bar du lobby, même si je le croisais quelque fois au buffet, un homme doit se nourrir, mais la piscine où la plage ne semblaient pas faire partie de ses champs d'intérêts.

Je ne l'aurais sans doute pas plus remarqué que cela si ce n'avait été du fait qu'il déposait toujours sur sa table un amplificateur aux lumières criardes qu'il allumait à son arrivée et qui jouait tout au long de la journée et de la soirées des boucles et des boucles de musique de poil. Metallica, Def Leppard, AC/DC et autres machins du genre. J'ai été adolescente dans les années 1980, je connaissais donc une partie des pièces qu'il nous imposait. Je ne les aimais pas à l'époque et je ne les ai pas davantage prisées durant mes vacances, moins peut-être, si c'est possible. C'est difficile de ne pas tenir compte d'un individu dans un endroit aussi restreint que le bar principal d'un tout inclus à Cuba.

J'avais rapidement constaté, d'ailleurs, que je n'étais pas la seule à être irritée par ce partage musical inopportun. Certains groupes apportaient à leur tour un amplificateur, mais leurs musiques ne me dérangeaient pas parce que je ne les entendaient pas : elles étaient juste assez fortes pour que les convives en profitent et juste assez discrètes pour les autres vacanciers n'en aient pas vraiment connaissance. Les autres, se contentaient de choisir des tables le plus éloignées possible de la sienne en espérant bien inutilement pouvoir échapper à ce déversement intempestif de solos de guitare.

L'avantage d'avoir un tel personnage en présence, c'est que j'ai rapidement fait la connaissance de gens qui sourcillaient au même rythme que moi devant cet étalage. À coups de petites blagues, pas toujours tout à fait gentilles et de fous-rires bienvenus, nous avons créé des liens et je me suis ainsi retrouvée bien entourée pour le reste de mon séjour.

J'avais apporté 8 livres dans mes valises, mais je n'ai même pas eu le temps d'en terminer trois, tellement j'ai été prise par de belles discussions avec toutes sortes de gens intéressants.

Alors, à tout prendre, un poil qui a mal vieilli, c'est un moindre mal si cela m'a permis de faire d'aussi belles rencontres.

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