dimanche, mars 05, 2017

Trame sonore

Je ris souvent de mon accent quand je tente de parler une autre langue, particulièrement l'anglais qui est la seule autre langue que le français dans laquelle je puis soutenir une conversation. Mais je n'ai décidément pas les muscles buccaux assez travaillés pour y être bonne, c'est une vérité de la Palisse puisque dans ma bouche, white, right et write sonnent exactement de la même manière. Au moins, suis-je parfaitement capable de me faire comprendre et de comprendre mes interlocuteurs.

Ceci n'a cependant pas toujours été vrai. J'ai aimé des chansons, particulièrement à l'adolescence, sans en saisir le sens et sans trop me poser de question non plus. J'aimais la musique, c'étaient des pièces à la mode, c'était suffisant. Avec le temps, j'ai apprivoisé cette langue, je la lis bien, la parle convenablement, si on fait abstraction de l'accent et quelquefois même, le temps où je mes oreilles se mettaient systématiquement en mode absence quand on parlait anglais à côté de moi me manque. Aujourd'hui, je comprends aussi aisément une conversation dans cette langue que dans la mienne, à tout le moins dans les rues de Montréal.

Mon passé de joyeuse ignorante me revient néanmoins souvent au visage. Hier nous avions cette discussion à cause d'une chanson qui jouait à la radio du magasin. Je ne le connaissais pas du tout à l'énorme surprise des employés. C'était une ballade assez sirupeuse de celles dont sont friandes les pré-ados ou les très jeunes ados. Ça avait été populaire au début des années 2000, à peu près à l'époque ou j'étais personnellement en plein milieu du pays des zombies, ce qui fait que je n'étais pas du tout surprise d'avoir complètement loupé cet épisode musical. D'autant que je me suis débranchée des radios commerciales depuis bien avant cette date alors l'étendue de mon ignorance en musique pop anglo est plus que vaste.

Bref, une employée m'a alors dit qu'elle avait un attachement tout particulier à cette chanson parce qu'elle avait été la trame sonore de son premier slow et de son premier french. Tout naturellement elle m'a demandé quelle avait été la chanson pour moi. J'ai donc répondu que le premier slow était Careless whisper. J'allais laissé ça là sauf que je n'ai pas pu résister à la question muette des grands yeux verts qui me regardaient en attendant la suite. J'ai fini par dire que le premier french avait eu lieu sur Take my breath away et que ça avait été aussi agréable qu'un traitement de canal. Penchant la tête sur le côté gauche, l'employée m'a alors dit : « ah ben au moins, ça fite »

Et je me suis aperçue qu'elle avait raison. Je n'avais jamais associé la signification des mots du titre de la chanson avec les événements, parce qu'évidemment, dans ce temps-là, je n'avais absolument aucune idée de ce que ça voulait dire.

Comme quoi, dans la vie, parfois, les trames sonores sont aussi bien accordées à la réalité que dans les films, même si je sais fort bien qu'au sens figuré le titre de la pièce avait quelque chose beaucoup romantique que mon premier baiser mouillé.

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