dimanche, mars 19, 2017

Partir du bon pied

Le soleil irradiait, taquinant les passants de son air tout guilleret comme si le ciel ne venait pas tout juste de nous tomber sur la tête. Les quantités de neige amoncelées un peu partout, nous rappelait que tempête, il y avait eu. Quand, j'avais été voir l'état de la chaussée, la veille, la neige atteignait la moitié de la distance entre la poignée et le sol. Impossible donc de sortir de la maison sans pelleter. Je m'y étais donc attelée, comme la plupart des voisins. Au moins je n'avais pas à chercher une auto sous les congères.

Comme c'est souvent le cas après ces chutes de neige intempestives, la température était clémente. Assez en tout cas, pour que la plupart des gens que je voyais aient eu envie de laisser l'écharpe et autres lainages à la maison. Moi, je me sentais d'humeur à conquérir le sol, à profiter de cette ambiance festive avec l'impression que le printemps me guetterait au premier tournant, malgré tout.

J'avais donc décidé de me rendre au métro Berri à pieds, en suivant la rue Ontario, m'imaginant que celle-ci serait dégagée étant donné que ma petite rue l'était. Eh bien non. Je n'avais pas si tôt dépassé la rue Champlain que je me suis retrouvée prise dans un balais de camions de toutes sortes, plus gros les uns que les autres, avec des angles morts, vraiment très morts. Ne voulant pas m'ajouter aux tristes statistiques des personnes malencontreusement happées par une déneigeuse, j'avais attrapé l'autobus qui me suivait de quelques mètres. Évidemment, celui-ci n'avançait que peu, par à coups, et le chauffeur avait l'air totalement exaspéré de la situation. Si bien qu'il avait décidé d'arrêter sa course à Amherst, sans en aviser ses passagers.

Avant de comprendre qu'il ne repartirait pas, j'avais vu une femme courir dans le milieu de la rue Ontario en provenance de l'ouest. Elle était visiblement dans un drôle d'état, pas tant à cause de sa course effrénée que par la peur qui se lisait dans ses yeux. Elle était montée dans le bus, sans payer son passage et s'était laissée choir sur la banquette arrière. À ce moment, un immense homme s'était pointé à la porte de l'autobus, tapant dans la porte à coups très forts et criant un amoncellement d'insultes en anglais. Les femmes dans le bus criaient au chauffeur de ne pas le laisser entrer, mais celui-ci fit la sourde oreille et l'homme s'était engouffré dans le véhicule en continuant de pester « Don't ever call de cops on me again, you bitch ! » Et autres jolies petites déclarations dans le même genre. Ils étaient ressortis en moins d'une minute. Comme l'autobus ne repartait pas, malgré le fait que la voie soit enfin libre devant nous j'étais descendue à mon tour afin de me rendre dans un magasin d'électronique pour m'acheter un fil de téléphone parce que le mien était complètement hors d'usage depuis la veille.

J'avais fait mon emplette en vitesse, et payer le fil qu'on m'avait montré rapidement pour ne pas me mettre en retard pour le travail. J'étais arrivée pas mal plus à la dernière minute que selon mes habitudes et c'est là que j'avais réalisé qu'on m'avait vendu un fil pour téléphone Samsung alors que j'avais spécifié que j'avais un Iphone.

Il y a des journées comme cela, qui ne partent vraiment pas du bon pied...

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