Partir du bon pied
Le soleil irradiait,
taquinant les passants de son air tout guilleret comme si le ciel ne
venait pas tout juste de nous tomber sur la tête. Les quantités de
neige amoncelées un peu partout, nous rappelait que tempête, il y
avait eu. Quand, j'avais été voir l'état de la chaussée, la
veille, la neige atteignait la moitié de la distance entre la
poignée et le sol. Impossible donc de sortir de la maison sans
pelleter. Je m'y étais donc attelée, comme la plupart des voisins.
Au moins je n'avais pas à chercher une auto sous les congères.
Comme c'est souvent le
cas après ces chutes de neige intempestives, la température était
clémente. Assez en tout cas, pour que la plupart des gens que je
voyais aient eu envie de laisser l'écharpe et autres lainages à la
maison. Moi, je me sentais d'humeur à conquérir le sol, à profiter
de cette ambiance festive avec l'impression que le printemps me
guetterait au premier tournant, malgré tout.
J'avais donc décidé de
me rendre au métro Berri à pieds, en suivant la rue Ontario,
m'imaginant que celle-ci serait dégagée étant donné que ma petite
rue l'était. Eh bien non. Je n'avais pas si tôt dépassé la rue
Champlain que je me suis retrouvée prise dans un balais de camions
de toutes sortes, plus gros les uns que les autres, avec des angles
morts, vraiment très morts. Ne voulant pas m'ajouter aux tristes
statistiques des personnes malencontreusement happées par une
déneigeuse, j'avais attrapé l'autobus qui me suivait de quelques
mètres. Évidemment, celui-ci n'avançait que peu, par à coups, et
le chauffeur avait l'air totalement exaspéré de la situation. Si
bien qu'il avait décidé d'arrêter sa course à Amherst, sans en
aviser ses passagers.
Avant de comprendre qu'il
ne repartirait pas, j'avais vu une femme courir dans le milieu de la
rue Ontario en provenance de l'ouest. Elle était visiblement dans un
drôle d'état, pas tant à cause de sa course effrénée que par la
peur qui se lisait dans ses yeux. Elle était montée dans le bus,
sans payer son passage et s'était laissée choir sur la banquette
arrière. À ce moment, un immense homme s'était pointé à la porte
de l'autobus, tapant dans la porte à coups très forts et criant un
amoncellement d'insultes en anglais. Les femmes dans le bus criaient
au chauffeur de ne pas le laisser entrer, mais celui-ci fit la sourde
oreille et l'homme s'était engouffré dans le véhicule en
continuant de pester « Don't ever call de cops on me again,
you bitch ! » Et
autres jolies petites déclarations dans le même genre. Ils étaient
ressortis en moins d'une minute. Comme l'autobus ne repartait pas,
malgré le fait que la voie soit enfin libre devant nous j'étais
descendue à mon tour afin de me rendre dans un magasin
d'électronique pour m'acheter un fil de téléphone parce que le
mien était complètement hors d'usage depuis la veille.
J'avais
fait mon emplette en vitesse, et payer le fil qu'on m'avait montré
rapidement pour ne pas me mettre en retard pour le travail. J'étais
arrivée pas mal plus à la dernière minute que selon mes habitudes
et c'est là que j'avais réalisé qu'on m'avait vendu un fil pour
téléphone Samsung alors que j'avais spécifié que j'avais un
Iphone.
Il
y a des journées comme cela, qui ne partent vraiment pas du bon
pied...
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