Laisser courir son imagination
Depuis quelques semaines,
ma mère me pousse dans le dos pour que j'écoute la nouvelle série
Anne à CBC. Elle adore le personnage et n'arrête pas de me dire que
celui-ci lui fait beaucoup penser à moi. Je n'ai aucune peine à
croire que la petite Anne rappelle la petite Mathilde au même âge :
une imagination débridée couplée à une verbomotricité évidente
sont des qualités qui me définissent bien, en tout cas, qui
définissaient bien l'enfant et l'adolescente que j'ai été.
Personnellement, je suis
une fan du personnage et de l'auteur depuis fort longtemps, en fait
depuis que Radio-Canada a diffusé la série avec Megan Follows, au
milieu des années 1980. Sans grande surprise pour personne, j'étais
tombée sous le charme de la rouquine au vocabulaire flamboyant.
J'avais adoré l'histoire et j'avais voulu connaître la suite au
plus vite, ce qui fait que je m'étais procuré la plupart des livres
de Lucy-Maud Montgomery traduit en français. À ma connaissance il
m'en manque seulement deux et la seule fois où je suis tombée
dessus, c'était à la bibliothèque. Mais bref, je me suis délectée
des histoires de Lucy-Maud jusqu'à les connaître par cœur, toutes.
D'ailleurs, je ne boude pas mon plaisir de temps à autres et je
relis cette prose et m'attachant toujours autant aux protagonistes
des histoires.
C'est donc avec une
certaine appréhension que j'ai commencé à écouter la série.
Premièrement, l'actrice principale est parfaite. J'ai toujours
trouvé Megan Follows particulièrement ce qui ne cadrait pas avec la
description qu'en faisait l'auteur. On est censé se demander tout le
temps si oui ou non on la trouve jolie. Ce qui est actuellement le
cas. Donc pour ce coup, je suis d'accord. Mais il y a plein de
rallonges dans la télésérie. Ce qui me perturbe grandement. Ce
n'est pas tout à fait l'histoire que je connais.
Comme je suis une femme
pleine de nostalgie et de mauvaise foi, j'ai commencé par me dire
que je n'aimais pas le résultat tant que ça. Pour me prouver que
j'avais raison, j'ai relu le premier volume, en anglais de surcroît.
J'ai aimé le texte comme je l'ai toujours aimé, sauf que... Sauf
que j'ai été bien obligée de m'admettre que les rallonges de la
série ne l'altèrent en rien, parce qu'elles permettent
d'approfondir un paquet de détails et de les rendre plus crédibles.
Il y a longtemps que je pense que toute la série est construite par
un paquet de nouvelles littéraires mis bout à bout davantage que
comme des romans. Il y a des énormes ellipses dans le temps, ce qui
est parfois troublant.
Mais mieux encore, comme
j'ignore le contenu des rallonges avant de les voir, je me laisse
prendre par l'histoire, comme si je ne le connaissais pas du tout et
je pleure tout le temps. À grosses larmes. Je suis touchée jusqu'à
la moelle.
Par conséquent, je vais
écouter le prochain épisode dès que possible tout en continuant à
relire l'auteur dans le texte en parallèle. Et je laisserai courir
ma propre imagination pour essayer de combler les ellipses qui ne
l'ont pas été.
C'est à mon sens, un de
mes plus grands plaisirs de lectrice...