Le bon siège
Quand on fait un voyage
dans un tout inclus, on s'attend à certaines choses comme passer ses
journées sur la plage ou à la piscine, prendre beaucoup de soleil
et peut-être aussi faire de belles rencontres. Quelquefois, lesdites
rencontres débutent fort tôt, dans l'avion entre Montréal et Cuba,
dans le cas qui nous occupe. Quand on voyage seule, on se retrouve
souvent près d'un hublot et on coure la chance d'avoir un voisin de
siège inconnu. Ce n'est pas toujours heureux. Cette fois, j'ai
attrapé la chance de la pas tout à fait débutante.
J'ai été placée à
côté d'un couple un peu plus jeune que moi, mais pas tant. Nous
n'avions pas quitté l'aéroport que déjà j'étais charmée par le
sourire de la jeune femme à mes côtés, il était franc et
convivial. Il m'est tout de suite apparu que le français n'était
pas sa langue maternelle, mais elle comprenait tout ce que je lui
disais et insistait pour que je lui parle dans ma langue, pour la
pratiquer, me disait-elle. Elle l'avait dans ses racines, mais à la
suite d'une séparation parentale tumultueuse, du moins c'est ce que
j'en ai conclu, elle avait perdu à peu près les contacts avec ce
langage, sauf qu'elle faisait de gros efforts pour y retourner, parce
qu'elle aimait le fait que celle-ci apportait dans son bagage un
certain nombre de valeurs qui différaient nettement de celles dans
lesquelles elle avait été élevée. Je n'ai pas eu beaucoup de
contacts avec le jeune homme étant donné de la géographie des
lieux, mais il me semblait tout aussi sympathique. Bref, j'étais
presque déçue de les quitter à ma descente de l'avion.
J'avais donc été ravie
de me rendre compte que nous étions descendus au même hôtel,
quelques heures plus tard. On s'était retrouvés par hasard au bar
du lobby et dès qu'ils m'avaient vue, ils avaient décidé de me
prendre sous leur aile. Parce qu'ils fréquentaient cet endroit deux
fois par année, depuis des années. Ils connaissaient tout le
personnel, les trucs à faire qui en valaient la peine et tutti
quanti. À peine étions-nous arrivés que déjà ils m'invitaient à
un dîner dans un village à proximité, tour de calèche inclus.
Dire que de manger dans un resto un samedi midi, entourée de
familles cubaines qui profite du congé hebdomadaire pour rigoler
comme des fous avant de se rendre à la plage, m'avait complètement
changée les horizons tient de l'euphémisme.
En plus de me présenter
une kyrielle de personnages plus savoureux les uns que les autres, à
la fois dans le personnel et parmi les autres vacanciers ils m'ont
amenée à un méchoui de cochon, dans une famille cubaine. Avec les
enfants qui courraient partout et tout ce qui s'ensuit. J'ai mangé-là
un des meilleurs repas de ma vie, simple et goûteux. En compagnie de
personnes charmantes et diversifiée qui jasaient dans un curieux
mélange d'anglais et d'espagnol émaillé de français. Mon plus
gros défi aura été d'être capable de tout comprendre, et de ne
pas trop mélanger les termes anglais et espagnol lorsque je tentais
de faire une phrase.
Une semaine dans de
telles condition est bien vite passée. Nous nous sommes quittés à
l'aéroport de Montréal en se disant qu'on devrait essayer de garder
un contact, alors je leur ai donné mon adresse de courriel. Pour le
moment, je n'ai pas eu de nouvelles, mais j'espère bien que cela
viendra. Parce que des rencontres comme celle-ci, ne sont pas si
courantes.
Mais contact à venir ou
non, je la garderai en mémoire comme un merveilleux souvenir de
voyage.
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