dimanche, décembre 23, 2018

Ma professeure de maths

Ça fait des jours que je cherche le client de Noël qui me fera sourire et qui deviendra le personnage annuel de mes récits. Je ne l'ai pas croisé cette année, il faut croire que celui-ci a décidé de fréquenter un autre endroit que celui où je travaille, peut-être n'avait-il pas envie de se faire pincer par ma plume cette année. Même si, je dois l'avouer, la plupart de mes victimes ne savent pas que je les décris, et si elles le savaient, je pense qu'elles en seraient plus amusées qu'offensées.

Mais tout de même, il y a cette femme, que j'ai failli nommer ici fille, que je vois seulement une fois par année, généralement entre le 21 et 24 décembre depuis presque aussi longtemps que je travaille dans le milieu du livre. De manière tout à fait étonnante, elle a suivi à peu près tous mes mouvements de succursale sans jamais à l'avance que je changeais de localisation. Je la connais depuis bien longtemps, depuis 1988 en fait. Nous avons fait notre secondaire ensemble. Enfin une partie.

Elle était très douée en mathématique, ce qui a été une bête féroce dans mon cheminement scolaire. Et je suis encore convaincue aujourd'hui que si j'ai passé mes années de secondaire 2 et 3 en cette matière, c'est à elle que je le dois. Les professeurs de mathématique de mon adolescence avaient souvent l'habitude d'ordonner leur classes en imposant l'ordre alphabétique pour le choix des place dans leurs salles. Ce faisant, elle et moi étions souvent assises dans un secteur bien rapproché si ce n'était carrément l'une devant l'autre.

C'est ce qui m'aidait parce que dès que nous tombions en pratique, je me tournais vers elle avec des yeux ahuris, démontrant muettement mon incompréhension totale de la matière. Alors, elle prenait le premier exercice en haut de la feuille, et m'expliquait, dans ses mots, ce qui venait d'être démontré et que je n'avais pas compris. Et elle le refaisait jusqu'à ce que je réussisse un exercice en lui expliquant de quelle manière j'avais procédé et comment je l'avais fait.

En secondaire 4 nos chemins ont divergé et j'ai échoué la partie enrichie de mon année. On s'est perdues de vue pour se retrouver, des années plus tard à l'Université de Sherbrooke. Elle étudiait alors en mathématiques pures. Ce qui ne m'avait pas du tout surprise. Re-perte de vue après trois ans et c'est au magasin, quelques jours avant Noël il y a une douzaine d'années qu'on s'est revues. À tous les coups, je prends la peine de jaser quelques minutes avec elle, pour prendre des nouvelles d'elle et de sa famille, en donner à mon tour. On se quitte toujours sur un grand éclat de rire, ce qui résume assez bien les années où nous avons partagé une amitié plus assidue.

J'en arrive presque à croire, même si honnêtement, je ne l'attends pas vraiment, que mes Noëls seraient un peu moins joyeux sans nos petits échanges d'éclats rieurs en catimini.

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