Noir réveil
On avait été avertis :
à 6h30 le matin du 28 novembre, l'électricité serait coupée dans
notre secteur pour des travaux d'infrastructures. Le savoir ne change
pas grand chose aux désagréments ressentis. Heureusement, je
travaillais. À l'origine je devais travailler de soir, mais j'ai des
collègues généreux et souples dans leurs disponibilités ce qui
fait que j'ai pu sans trop forcer, changer mon horaire de travail
pour m'adapter à la réalité de cette coupure électrique.
Je déteste manquer
d'électricité. Et, tard ainsi à l'automne, quand les journées
sont parmi les plus courtes de l'année et que les bises hivernales
ont déjà commencées à souffler doucement sur la ville, je dois
avouer que j'étais pas mal stressée avant même de vivre cette
réalité. J'ai très mal dormi la nuit avant. Ayant peur, bien
entendu, que la coupure ait lieu avant l'heure indiquée et que mon
cadran ne fonctionne pas. D'accord, je pouvais mettre une alarme sur
mon téléphone, ce que j'ai évidemment fait, mais mon téléphone
dort dans le salon tandis que je dors dans mon lit. L'entendrais-je?
Je ne sais pas vraiment pourquoi j'en doutais, j'ai une bonne
audition et mon appartement n'est pas assez grand pour que je manque
le signal. N'empêche que ça me stressais alors je me suis réveillée
à peu près à toutes les heures.
Par conséquent, je me
suis levée quelques minutes avant que mon cadran ne s'allume et j'ai
rapidement fait mon déjeuner et surtout mon café matinal histoire
d'être certaine de pouvoir profiter d'une bonne gorgée du breuvage
chaud avant que toutes les lumières ne s'éteignent. Tous les
occupants de l'immeuble avaient été dûment contacté par la
société d'état et la concierge avait pris la peine de mettre des
affiches dans les corridors pour s'assurer que tous savaient bien ce
qui les attendraient en ce sombre matin de novembre.
D'habitude, lorsque je me
lève à de telles heures, j'entends peu de bruit autour de moi, je
me sens un peu comme dans un cocon feutré, un peu exclu du monde.
Mais hier matin, on aurait pu se croire en pleine fin d'après-midi
tellement l'activité était intense dans tous les appartements.
Radios, cafetières, télévisions et tutti quanti,
fonctionnaient gaiement dans toutes les directions. L'autobus que je
voulais prendre passait à 6h43, soit juste au bon moment pour me
permettre de quitter l'appartement à peu près au moment de la
coupure.
J'étais
en train d'enfiler mon manteau quand tout s'est brusquement arrêté.
Il faisait tellement noir que j'ai eu toutes les peines du monde à
trouver et enfiler mes bottes. Heureusement, des lumières de
sécurité éclairaient faiblement le corridor ce qui m'a permis de
trouver mon sac sans trop de difficulté avant de m'enfoncer dans la
nuit encore présente.
Dans
l'autobus, j'ai réalité que j'avais oublié de débrancher mon
ordinateur. Alors j'ai eu peur que celui-ci ne grille lors de la
reprise du courant.
Comme
vous pouvez le constater, il n'en fut rien et votre petite scripteuse
bihebdomadaire en est bien soulagée.
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