Le félin
Je t’imagine bien, dans les nuits de tes brouillards, parader une gaucherie toute calculée errer de groupes en groupes à la recherche d’un regard. Semant, ça et là, de minuscules révérences insolentes pour tordre davantage l’image. Et dans tes yeux la lame des désirs à éclore. Arborant ce sourire de petite face, celui derrière lequel se cache l’amusement des pensées qui agitent ton esprit éveillé.
Je t’imagine t’avancer vers celle que tu auras cette fois-là choisie, ou de qui tu te seras laissé charmer. Avec une lippe à la fois boudeuse et avide. Le soleil ludique de tes plaisirs dans le fond de la posture. Je t’imagine attisé par une discussion encore plus échevelée que tes épis, dans laquelle toutes les contradictions auraient un effet plus aphrodisiaque que les efficaces philtres des sorcières brûlées sur les bûchers de l’histoire.
Je t’imagine partir à la conquête d’un baiser au détour d’un mouvement qui se cache derrière une feinte innocence que tu auras distillée au gré des heures écoulées. Prendre d’assaut les gestes échappés à ta belle que tu lirais comme des invitations muettes, terrées sous la peur de se faire refuser l’offrande. Dans le vert de tes prunelles, il y aurait l’ironie mordante de l’autodérision dont tu sais si bien faire preuve.
Je t’imagine aller jusqu’au bout de tes griffes, t’ancrer dans le moite des chairs en présence. Oublier hier, annihiler demain. Permettre aux corps le dialogue. Celui que les mots n’ont pas d’expression pour dire. Mordre la peau pour en puiser toute la saveur. Presser l’envie jusqu’à l’épuisement.
Sous la caresse des rayons matinaux, je t’imagine, repu, sourire à ta proie avec l’énigmatique des aveux restés cois.
Pfff..C'est un très beau texte Mathilde. Rempli d'images puissantes.
"Et dans tes yeux la lame des désirs à éclore."
"Le soleil ludique de tes plaisirs dans le fond de la posture."
Ayoye!!
Merci Lumières: justement je la trouvais assez bien torchée ma description :)
C'est, selon moi, un de tes plus beaux textes.
Impressionnant Mathilde, vraiment!