mercredi, août 10, 2005

Sur le chemin du retour

J’avais l’impression de vivre une véritable évasion. Là-bas, dans cette ville que je ne connais pas. Entre des murs qui ne sont pas les miens. J’étais ailleurs, au bout de mes chemins. Et j’étais bien sur île au milieu d’un nulle part pour moi, mais lovée dans un écrin d’amitié. Entre mes textes, les courriels sans fin que j’écrivais, les siestes de mes après-midi, j’attendais le retour du travail de mes hôtes et espérais les soirées riches en rires et en discussion. J’étais à l’aise et reposée. Je ne les remercierai jamais assez pour m’avoir permis ce saut hors du temps.

Au bout de sept jours de ce régime, il me fallait bien revenir à la réalité. J’ai reçu un message d’Alex qui passait justement la fin de semaine dans le coin et nous offrait, à mon fidèle destrier et à moi-même, gracieusement un transport. J’ai accepté avec joie. Je m’étais déjà rendue à l’extrémité de mes forces et de mon endurance à l’aller, je savais que je n’avais ni le courage ni l’énergie pour revenir toute seule sur mon vélo.

Mon hôte est venu me reconduire dans la famille de mon ami. Là, il y avait une vieille Australienne (elle devait faire dans les quatre-vingts ans) toute fripée, mais tellement alerte. À peine avais-je eu le temps de mettre les pieds dans la maison que déjà je savais les grandes lignes de sa vie ; sa diaspora familiale. Ses petites mains se posaient sur mes bras et sur mon visage pour qu’elle puisse mieux tendre l’oreille. Malgré toute sa gentillesse, je me sentais envahie, je suis donc sortie fumer une cigarette. Je me sentais un peu moche aussi de quitter cette vieille dame, jeune de cœur, pour cause de bulle personnelle trop hermétique.

Elle m’a suivie, au bout de quelques instants, pour me faire la bise, à moi qu’elle ne connaissait pas quinze minutes auparavant. Elle s’est hissée sur ses petits pieds pour coller ses joues parcheminées sur les miennes en me glissant à l’oreille : «You know you’ve got a very lovely face, don’t you?» J’allais répondre quand elle a enchaîné : «You seem to be a wonderfull person too.» J’ai souri.

Et je me suis dit que le bonheur c’était peut-être ça aussi ; une petite vieille pétillante qui me regarde avec des yeux aimants, sur le chemin du retour.

4 Commentaires:

Blogger -flemay- s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Avec l'expérience, de fureteur on devient butineur. Au début, chaque jour apporte sa moisson. Avec le temps, on devient plus exigeant. Aujourd'hui, j'ai trouvé provende :

«...pour cause de bulle personnelle trop hermétique.»

Y a des assemblages de mots, comme ça, qui, même tout simples, nous plonge dans des pensées profondes.

11:40 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Merci beaucoup Indécrottable. Des pensées profondes vraiment?

Je voulais aussi te dire que je te lis régulièrement, mais que je ne trouve rien à dire sur tes textes. J'aurais préféré t'écrire par courriel, mais joual vert, t'en a pas sur ton site. Alors je me dois de revenir ici pour te dire cela. :(

9:57 a.m.  
Blogger -flemay- s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Mon courriel : flemay à gmail point com. Merci de me faire penser à l'ajouter sur mon site.

Pour ma part, je sème les commentaires parce que j'ai le temps (surtout pour y réfléchir). Dans quelques jours toutefois, je reprends une vie «normale»; la blogosphère n'occupera plus qu'une place marginale...

Pensées profondes par rapport à ma propre solitude et aux efforts que je déploie pour y demeurer, par exemple.

9:53 p.m.  
Blogger Luzur Maurat s'est arrêté(e) pour réfléchir...

La gente quadragénaire du pays des kangourous a encore bon oeil, celui du coeur et elle a visé juste. C'est l'évidence même, à s'en pèter la margoulette.

10:50 p.m.  

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