Une fille en soie
Il est 5 heures du matin et il y a une petite boule de fille couchée dans mon lit. Tout contre moi. C’est un truc de fille, j’en suis certain. De venir se coller contre toi ainsi, la nuit. Pendant son sommeil. Ses cheveux, fins comme de la soie me chatouillent le nez. Je ne veux pas la déplacer, au cas où ça la réveillerait. Et je sais que si elle se réveille, elle va encore aller se réfugier à l’autre bout du lit. C’est gigantesque un lit double lorsqu’elle est consciente qu’on est deux dedans.
Je ne sais pas à quelle heure elle est rentrée, mais forcément, elle était soûle. Ou gelée. Ses cheveux sentent le sperme. Je ne me demande même plus qui, je sais que ça n’a aucune espèce d’importance. Ce n’est qu’un symptôme. Elle baise quand quelque chose lui fait mal et vient toujours se réfugier dans mon lit, après. Je suis un gros nounours. Rien d’autre. Et je me déchire le cœur à tous les matins où elle quitte mon lit. Parce que je l’aime. Je l’aime pour sa détresse, ses silences, ses doutes. Je l’aime parce qu’elle joue la dure de dure, mais que c’est de la foutaise. Je l’aime parce que, dans le cœur de la nuit, quand elle dort paisiblement, ses défenses tombent et elle se tourne vers moi. Sans le savoir.
Il est 5 heures du matin et il y a une femme qui se débat avec l’existence du mieux qu’elle peut qui me demande silencieusement de rester celui que je suis pour elle : l’ami, le grand frère, celui qu’on aime sans aimer. Le plus dur c’est de ne pas la regarder avec des yeux amoureux, le matin au déjeuner. De ne pas lui demander avec qui elle est rentrée la veille. De ne pas jouer l’amoureux jaloux. De ne pas tenir le rôle de mes sentiments. Je sais que c’est une voie pavée pour la perdre complètement, et ça, c’est en dehors de mes possibilités. Alors je me fais discret. Je sais très bien que dans 2 heures, lorsque mon cadran va sonner, elle sera sagement couchée dans son lit et fera comme si elle n’était jamais venue me rejoindre.
Je bouge un peu, histoire de faire circuler le sang dans mon bras gauche. Elle lève la tête vers moi et me dit pas tout à fait réveillée : « C’est quand que tu vas me le dire que t’es amoureux de moi? » Elle se rendort aussi tôt.
Je reste là, silencieux en me disant que ce n’est certainement pas cette nuit.
Hum. Ouais. C'est moi. Salut.
Tiens, ça me rappelle vaguement un bout de conversation récente...
Beau texte!
PING!!!! Droit au coeur, bravo... j'aime
Aimer sans être aimé en retour.
Faire mal parce qu'on a nous même très mal.
Se reconnaître en l'autre et, finalement, se reconnaître en nous-même.
Un jour, oserons-nous plonger? ;-)
Jay : J'étais tellement certaine que tu allais aimer!
Picpic : Ah oui, ben merci!
Galad : Me croirais-tu si je te disais que j'ai jamais fait le lien entre la discussion récente et ce texte qui me trottait dans la tête?
Alex : J'espère bien que j'oserai plonger un jour. Même si ça manque d'élégance quand c'est fait avec un gilet de sauvetage.
Hmmm, que j'aime cette expression de l'ambiguité des sentiments ! Comme c'est jouissif de voir que tout peut déraper, d'un instant à l'autre...
Superbe!