vendredi, novembre 04, 2005

Avaler un cheveu

J’avais bien senti ta présence dans mon dos. Le soleil éclairait la salle vidée de ses étudiants. C’était silencieux. À part mes doigts courant sur le clavier, il ne se passait rien. Tu as commencé par jouer avec une boucle rebelle qui s’était échappé de ma toque, la triturant de tes doigts. Mon cou a pris une inclinaison vers l’avant, j’ai manqué un respire. J’étais complètement aux aguets. Tu as pris une chaise, tu l’as glissée derrière moi, en continuant à jouer sur ma boucle. Une fois bien assis, tu as doucement embrassé ma nuque. Saisie, j’étais. Je t’ai demandé : «C’est quoi ça?» En parlant du geste, et tu m’as répondu : «Ça? Oh rien qu’une envie qui me taraude depuis longtemps.» Je te faisais toujours dos. Tu as continué les caresses de tes lèvres dans mon cou pendant que tes mains soupesaient mes seins. Comme si ces gestes étaient les plus naturels du monde entre nous.

J’ai fini par me tourner vers toi sans pouvoir résister à la tentation de poser mes lèvres sur les tiennes. «T’embrasses bien » que tu m’as dit. J’ai ri et je t’ai dit que je n’avais pas encore commencé. Que c’était juste un avant goût. Tu t’es levé et m’a tiré vers le divan dans le fond de la salle, en me disant que t’avais franchement envie de savoir c’était quoi le vrai goût si t’avais juste eu l’avant. Tu t’es laissé choir dans les coussins et m’entraînant dans ta chute. Je t’ai donné un vrai baiser. Et t’as fondu dans mes bras. Tu m’as dis : «fais-moi l’amour ». Je t’ai répondu que j’avais pas de condom. Alors tu m’as demandé si j’étais prête à prendre le risque. J’ai rien dit, il était trop tard, tu me pénétrais déjà.

Je t’ai ramené chez moi, soûle de ton parfum, avide de ta peau. On a recommencé 5 fois à faire parler nos corps. Ce jour-là le téléphone n’a pas arrêté de sonner, pour faire exprès. On baisait et je prenais mes appels, l’air de rien, pendant que tu faisais tout pour me faire sortir de la fausse indifférence dans laquelle j’étais plongée, tout en étouffant tes propres fous rires. Jamais je n’avais vécu une telle communion. On ne s’est pas revu. C’est un ami commun qui est venu me dire à la cafétéria que tu ne voulais pas me revoir. Sous aucun prétexte. Je ne sais toujours pas pourquoi.

En prenant une bouchée dans mon sandwich pour faire passer l’information, j’ai avalé un cheveu.

1 Commentaires:

Blogger Jay s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Tu vois, l'osé, sur tes chemins, prend toute cette douceur et laisse cette impression d'avoir été embrassé dans le cou par un fantôme ou un rêve.

4:38 p.m.  

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