mercredi, novembre 09, 2005

Chroniques dans le pot de fleurs

20- Les petits détours du Destin


Marie, ma belle,

Dans ma dernière lettre, je te disais que je m’ennuyais un tantinet de la présence volubile de Dédée. Eh bien, je crois que le Destin est clément avec les Roger en mal de compagnie parce que depuis, j’ai une nouvelle compagne. Pas une amoureuse, ne t’inquiète pas. Il n’y a que toi pour me faire rêver. Non, une amie. Le printemps dernier, Madame Coloc était toute triste parce qu’une de ses pensionnaire s’est mise à dépérir. Vraiment dépérir. Ses longues feuilles se sont retournées sur elles-mêmes, s’étouffant dans leur souffle. Un jour, son pot s’est retrouvé nu, habité seulement par de la terre noire. Le pot a passé la saison chaude sur le rebord d’une fenêtre, seul. Personne ne s’en est occupé. Quand vint le temps de fermer les doubles fenêtres, et de me rentrer, Madame Coloc a tout simplement posé le pot de terre à côté de moi.

Moi, j’entendais un fourmillement de vie. Vrai. Alors, je me suis mis à lui parler. À elle, comme je parle à Élisa. En fait, je m’adressais davantage à notre chère et belle enfant, mais je sentais bien que dans le pot à mes côtés des oreilles se dressaient, attentives, pour écouter mes propos. Crois-moi ou non, la plante s’est mise à revivre. Oui, oui. Maintenant, elle a des pousses très vertes et toutes en santé. Elle n’a pas encore été baptisée. Je crois que Maman et Madame Coloc sont encore sous le choc de cette résurrection. Tout de même, je suis bien heureux, parce que c’est une personne d’un certain âge qui connaît bien des choses de la vie et qui a vu couler des saisons nombreuses dans cette maison. Alors je la laisse causer de toutes ces autres pensionnaires qui sont localisées à l’avant de la maison, apprenant au passage les noms latins de ces dames. J’aime bien m’instruire. Crois-tu que je puisse devenir un hibiscus érudit?

Aujourd’hui, c’était le branle-bas dans la maison : Maman attend un invité. Ton hôte. Une abeille en mouvement. Le tapage qu’elle a mené avec l’aspirateur et tout! Pffffff! Elle est un peu ridicule. Je te transmet la discussion du matin : « Oh Roger, ta fleur n’est pas éclose, je t’avais pourtant dit que Charles venait aujourd’hui! » « Mais maman, que je lui réponds, je ne peux tout de même pas pousser plus vite que le temps qui passe. Et puis, c’est seulement Charles, ce n’est pas Marie! » Elle m’a lancé ce regard peiné que je n’aime pas trop voir dans ses yeux. Et puis quoi encore? Je veux bien être beau et tout, mais il ne faudrait pas exagérer non plus sur les exigences maternelles. Déjà que j’ai encore 5 boutons en cours, elle pourrait être satisfaites de mes efforts non?

J’ai tout de même hâte de lui voir la bouille à ton hôte. Je suis curieux. Mais je me dis surtout qu’il pourra me parler de toi, de quelle manière il t’a adopté et tout. Ces petits détails que je ne sais pas encore et qui te rendent à la fois mystérieuse et inaccessible. Peut-être qu’il me dira ce que tu penses de moi? Tes lettres se font rares et quelquefois je crois que Maman me dit ce que je veux bien entendre. Alors je serai bien content de m’informer à la source, ou presque.

Oh! Oh! Je me sauve, Maman me fait des gros yeux parce que j’ai semé de la terre en venant à l’ordinateur! Je vais retourner sagement à ma fenêtre en attendant le soir.

Je pense à toi bien fort,

Ton Roger xxx

2 Commentaires:

Blogger La Souris & Myrrha s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Moi, j'attends que tu aies fini de les écrire (les chroniques) pour les lire... parce que j'ai aucune patience pour les trucs à suivre! :P

6:38 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

C'que je lm ce Roger!!

3:17 p.m.  

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