Mauvaises fréquentations
T’avais aucune idée que tu la croiserais. La rencontre a été charmante. Une minute d’éternité sur un coin de rue pas trop achalandé. Un an et demi sans nouvelle. Et les sourires ravis qui se partagent le devant de la scène d’elle à toi, de toi à elle. Vous avez fait le tour du monde en 15 minutes, pendant que son mec attendait patiemment que vous finissiez votre discussion de filles qui ne se sont pas vues depuis trop longtemps. Ça t’a donné des ailes. Des dents plutôt.
T’es rentrée dans le bar, pimpante et joyeuse. Pas très bien fagotée, au bout du compte, mais tu arborais ce sourire qui fait ton charme. T’étais assise toute seule quand un mec est venu te voir pour lancer un « bonsoir » qui dit tout dans le ton. T’as reconnu le ton, déjà, c’est mauvais signe. Signe que le requin est en toi. Tu t’es poussée un peu plus loin, t’es allée t’installer avec une amie et des connaissances. Comme ça. Et puis parmi les connaissances, il y a cet autre gars qui commence à te dire à quel point tu pétilles, à quel point t’es agréable à regarder. Que ça fait longtemps qu’il te voit mais qu’il a jamais osé te le dire. T’as le goût de mordre dans ses lèvres. Après tout c’est si facile et totalement offert. Mais tu te retiens.
Et puis il y a celui-ci qui te rejoint des étoiles dans les yeux, t’empêche de partir parce qu’il a trop envie de te voir. Tu vois bien où il veut t’emmener et tu acceptes de faire une virée chez lui. C’est dans le taxi, presque arrivés à sa porte, qu’il t’a dit qu’il espérait ce moment depuis le mois de février. À ce moment là, t’as su que, platement, tu ne le baiserais pas. Tu l’as laissé jouer avec tes mains et tu as fait la fille qui s’endort sur le divan du salon. Il t’a dit qu’il n’avait partagé son lit qu’avec toi et une autre fille. Alors t’étais triste.
Ce matin, t’es partie pendant son sommeil. T’as pris la peine de lui laisser une lettre signée de ton nom dans laquelle tu lui disais que les requins sont trop avides de chairs et de cœur frais pour des gens qui les espèrent. Tu t’es sentie moche et tu le lui as dit. T’as conclu en disant que les femmes-requins étaient de bien mauvaises fréquentations.
T’es partie en voleuse et ce que tu regrettes d’avoir emporter avec toi, c’est le petit bout de cœur qui bat encore dans le creux de ta main.
Ouch. Comme un coup de hache en plein front.
C'est un peu étrange de lire le texte à travers les yeux de l'autre. Parce que j'ai toujours été celui qu'on laisse, jamais celui qui doit vivre avec sa conscience.
Sorte de renversement de ce jeudi soir, oui.
Je ne peux pas dire que je suis celle qui le laisse : on a pas eu de relation ensemble. Mais je suis celle qui définit les balises de la non relation. Platement, je ne suis pas amoureuse de ce mec et lui l'est peut-être un peu de moi.
Du reste, je ne sais pas, je n'ai pas posé la question. Peut-être que je fais juste m'enfler la tête.
Tiens, tiens! :P
Les requins ne sont de mauvaises fréquentations que pour les ti-poissons (et encore ! certain film d'animation nous démontre l'inverse).
Pour les autres, ça leur amène positivement du mordant dans l'existence.
En tant que ti-poisson, je peux seulement dire que les requins ne sont que les ti-poissons des léviathans.
La souris : Oui, bon je sais, j'avais dit pas de niaiseries. :(
Charles: Ça faisait longtemps que j'avais pas entendu tes deux notes sur mes chemins. Très contente de constater que tu continues à les fréquenter.
Et je crois que tu connais beaucoup plus la fille qui est capable d'avoir des amitiés sincères avec les mecs plutôt que la femme requin. D'ailleurs, je ne pense pas que cette dernière puisses avoir des amis.
Jay : t'es nono.